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Santé publique / Matthew : Des institutions et personnalités souhaitent une réorientation de la campagne de vaccination contre le choléra en Haïti

2 doses de vaccination préconisées, au lieu d’une seule, contre le choléra

Il y aurait un déficit de communication, autour du vaccin et de son niveau de protection contre le choléra, en Haïti.

P-au-P, 07 nov. 2016 [AlterPresse] --- Plusieurs institutions et personnalités [1] recommandent une réorientation de la campagne de vaccination contre le choléra, pour qu’elle soit plus efficace, après le passage de l’ouragan Matthew (les lundi 3 et mardi 4 octobre 2016), dans une note de plaidoyer, transmise à AlterPresse en date du 7 novembre 2016.
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« Il est primordial » que les doses de vaccin Euvichol, estimées à un million, « soient utilisées de la manière la plus optimale, pour renforcer les stratégies en cours d’application de lutte contre le choléra à l’échelle nationale », exigent-elles.

Le Ministère de la santé publique et de la population (Mspp) se prépare à mettre en place une campagne de vaccination contre le choléra, dans les localités ravagées par le cyclone Matthew.

Le Mspp est appuyé, dans cette démarche, par l’Organisation panaméricaine de la santé/ l’Organisation mondiale de la santé (Ops/Oms), le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef), le Groupe haïtien d’étude du sarcome de Karposi et des infections opportunistes (Gheskio), le Centre de contrôle des maladies (Center for diseases control, Cdc) des Etats-Unis d’Amérique et d’autres partenaires.

La crainte d’une recrudescence de cas de choléra dans le Sud et la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest), suite au passage de l’ouragan Matthew, serait à l’origine de la décision de mettre en place cette campagne de plaidoyer, à partir du 8 novembre 2016.

820 mille personnes de ces départements, à l’exception des enfants âgés de moins d’un an, devraient être vaccinées, en une seule dose.

Les institutions et personnalités, signataires de la note du 7 novembre 2016, encouragent les responsables à assurer, dans ces zones, « une campagne de vaccination à deux doses, afin de garantir l’efficacité du vaccin, tant en termes de couverture vaccinale que de durée de protection des personnes vaccinées », et de permettre de vacciner 500 mille personnes, dans les zones les plus à risque de choléra.

Ces vaccins disponibles manqueraient d’efficacité, particulièrement lorsqu’ils sont administrés en une seule dose, rapportent-elles, en référence à des études effectuées sur la question.

Les capacités des structures sanitaires, pour la prise en charge des cas suspects de choléra et d’autres maladies diarrhéiques, doivent être renforcées, lors de la mise en œuvre de cette action, suggèrent-elles.

Elles appellent également à identifier, à l’échelle du pays, les zones prioritaires (dans les sections communales), où administrer le vaccin, en fonction de la dynamique épidémiologique.

« Si la vaccination d’une zone, comme Randel (Grande Anse), ne fait pas de débat, d’autres communes, citées pour recevoir le vaccin, comme par exemple Camp Perrin, n’ont enregistré que très peu de cas, depuis Matthew (bien moins, par exemple, que Mirebalais dans le Plateau central) », signalent-elles.

Sur 3,748 cas de choléra, suspects pour l’ensemble du pays, 2,199 cas ont été signalés dans les quatre départements du grand Sud, pour le mois d’octobre 2016, indique le dernier rapport de situation du Bureau des Nations Unies pour l’aide humanitaire (Ocha en anglais), en date du 2 novembre 2016.

29 personnes sont mortes du choléra dans le Sud et la Grande Anse, avait indiqué le Mspp, lors d’une conférence de presse, le mardi 11 octobre 2016.

La note de plaidoyer exhorte à « garantir, dans les zones retenues (comme) ayant été sévèrement affectées par Matthew, que les communautés auront reçu une assistance minimale, leur permettant d’être dans les conditions acceptables de réception du vaccin ».

Une campagne de sensibilisation et d’information, particulièrement dans les zones ciblées, serait nécessaire pour éviter les erreurs signalées lors de campagnes de vaccination à Petite Anse (Cap Haïtien) et Cerca Carvajal (Plateau central), souligne la note de plaidoyer du 7 novembre 2016.

« Des rapports d’étude sont disponibles et font part de leçons apprises importantes. Le déficit de communication, autour du vaccin et de son niveau de protection, est systématiquement mentionné, invitant à déployer de gros efforts de sensibilisation autour des campagnes de vaccination », en ce qui concerne une campagne de vaccination menée à Petite Anse en 2013 et Cerca Carvajal.

Les institutions et personnalités demandent aux autorités concernées de clarifier les cibles, retenues pour recevoir le vaccin, et, notamment, les femmes enceintes et allaitantes.

Elles les invitent à prendre le temps (nécessaire) de définir les mesures d’accompagnement de cette vaccination, en termes de diagnostics et d’interventions, pour garantir les conditions minimales d’hygiène, d’accès à l’eau et, à moyen terme, l’assainissement dans les zones vaccinées. [emb rc apr 07/11/2016 11:00]


[1Les premières institutions et personnalités, signataires de la note de plaidoyer du 7 novembre 2016, sont :

-  Dr. Jean Hugues HENRYS, médecin de santé publique, Doyen de la Faculté de Médecine et des Sciences de la Santé de l’Université Notre Dame d’Haïti (Fmss/Uundh), Premier Vice-Président de l’Association médicale haïtienne (Amh) ;

-  Dr. Daniel HENRYS, médecin de santé publique ;

-  Dre. Jeanne Marjorie JOSEPH, Unité de recherche et d’action médico-légale (Uramel) ;

-  Suzy CASTOR, Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed) ;

-  Dre. Tania PIERRE-CHARLES, Centre de recherche et de formation économique et sociale pour le développement (Cresfed) ;

-  André Lafontant JOSEPH ;

-  Professeur Renaud PIARROUX, Aix Marseille Université

-  Dr. Stanislas REBAUDET, épidémiologiste, Aix-Marseille Université

-  Professeur Emérite Christian RACCURT, Université de Picardie Jules Verne

-  Françoise PONTICQ, dentiste