P-au-P, 28 oct. 2016 [AlterPresse] --- La catastrophe, provoquée par l’ouragan Matthew, devrait être vue, en plus d’un désastre, comme une opportunité également, pour améliorer les actions de développement dans le pays, notamment au niveau de l’agriculture, estime l’ingénieur-agronome David Nicolas.
C’est une occasion pour évaluer les politiques mises en œuvre depuis les trente dernières années, déclare l’ingénieur-agronome, invité à l’émission TiChèzBa, en diffusion les samedi 29 et dimanche 30 octobre 2016 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Il encourage un retour à l’encadrement technique pour les paysans et agriculteurs, tout en déplorant que les agents et techniciens agricoles soient des espèces en disparition.
Il recommande également la mise en place de réseaux de production de semences, qui répondront aux besoins locaux, pour la mise en œuvre des campagnes agricoles.
Pour l’ingénieur-agronome David Nicolas, une évaluation approfondie des pertes, causées par le passage de Matthew, doit être réalisée.
Le Ministère de l’économie et des finances (Mef) estime à 1,9 milliard de dollars américains (Ndlr : US $ 1.00 = 67.00 gourdes ; 1 euro = 78.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 1.50 gourde aujourd’hui) les dégâts, occasionnés par l’ouragan.
S’il faut faire une évaluation systématique des pertes, enregistrées au niveau de l’agriculture, il faudrait faire appel au Centre national de l’information géo-spatiale (Cnigs) pour comparer la situation, avant et après Matthew, suggère-t-il.
Cette institution pourrait donner un apport considérable dans ces évaluations, qui pourraient être complétées à l’aide d’informations, contenues dans les bases de données du Ministère de l’agriculture, des ressources naturelles et du développement rural (Marndr), soutient-il.
A combien peut-on évaluer la perte d’une espèce endémique ?, se demande-t-il, faisant allusion à la situation désastreuse au Parc Macaya, une réserve écologique.
« La situation du Parc Macaya est catastrophique. On ne sait pas combien d’espèces sont en vie ou ont disparu (…) Il faut de l’aide immédiate en faveur de l’agro-écologie.
Nicolas attire l’attention sur des conséquences éventuelles, à court et moyen termes, du passage de l’ouragan, sur la santé de ce qui reste de flore.
« Quand des catastrophes arrivent, nous ne savons pas quelle épidémie vont-elles provoquer. Il peut y avoir d’autres pertes, qui surgissent » après, prévient-il.
Il exhorte les responsables concernés à effectuer l’entretien et la fertilisation des arbres, encore debout, pour permettre leur revitalisation, avant qu’il soit trop tard.
Dans le contexte de l’après-Matthew, il appelle à privilégier l’agriculture familiale marchande, pour faire face à la catastrophe. Mais, cela demande, dit-il, la responsabilité d’un État éclairé.
Plaidant pour un budget de développement en faveur de l’agriculture, il exhorte à faire attention à l’aide alimentaire d’urgence, qui doit être bien gérée, sur une durée limitée à la période d’urgence, pour ne pas tuer les potentialités agricoles des zones affectées. [emb gp apr 28/10/2016 16:30]
TiChèzBa, édition du 22 octobre 2016, invité Leslie Péan, économiste, écrivain
L’économiste et écrivain Leslie Péan met l’accent sur la transparence et la participation populaire pour éviter l’échec dans la gestion de l’après-Matthew, cet ouragan qui a complètement dévasté le Sud d’Haiti, les 3 et 4 octobre derniers.