P-au-P, 31 oct. 2016 [AlterPresse] --- « La sécurité des journalistes, en période électorale et de catastrophes naturelles » a été le thème d’une conférence-débats, organisée le jeudi 27 octobre 2016, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« Les questions, relatives à la sécurité, sont fondamentales pour la liberté de la presse et la liberté d’expression », souligne le journaliste Gotson Pierre, éditeur de l’agence en ligne AlterPresse, lors de cette activité, réalisée en prélude à la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes, prévue le 2 novembre 2016 [1].
« Sans sécurité dans une société, nous ne pouvons pas parler de liberté de parole, d’expression et de liberté de la presse. La sécurité des journalistes implique, entre autres, l’absence d’assassinats et d’agressions sur les journalistes », avance-t-il.
Des assassinats sont commis sur des journalistes, alors que les processus judiciaires suivent leur cours, sans jamais identifier et punir les coupables, déplore-t-il.
« Pour que les journalistes soient en sécurité, il ne faut pas qu’il y ait, contre eux, des incarcérations et arrestations arbitraires. Cela implique aussi l’absence d’exil ».
Il existe, dans l’histoire d’Haïti, des cas d’exil, prononcés par un État, et des cas d’exil volontaire pour échapper à la répression, rappelle Gotson Pierre.
Pour sa part, le représentant du Centre d’analyse et de recherche en droits humains (Cardh), Gédéon Jean, a fait face à la contestation de plusieurs journalistes, après avoir affirmé qu’il n’existerait pas de code de déontologie journalistique et de journalistes professionnels en Haiti.
Gotson Pierre lui a présenté le « code de déontologie des médias et des journalistes d’Haïtil », signé le 8 décembre 2011, à Port-au-Prince, par plusieurs associations.
Gédéon Jean a alors parlé d’un problème de vulgarisation et de promotion de ce code.
D’autre part, il a affirmé qu’il n’existerait pas de « journalistes d’enquête et professionnels, travaillant sur des dossiers, qui pourraient contribuer au progrès de la société ».
Cette affirmation a été réfutée par de nombreux journalistes présents, soulignant que la pratique professionnelle du journalisme ne dépend nullement de la spécialisation.
« C’est une approche erronée de vouloir faire croire que tant qu’un journaliste n’est pas spécialisé et ne pratique pas le journalisme d’investigation, il n’est pas professionnel », a souligné Gotson Pierre, tout en reconnaissant la nécessité d’augmenter la qualité du travail d’information.
Anne Marguerite Auguste, de la Télévision Nationale d’Haïti (Tnh), a énuméré différentes spécialités dans la presse haitienne, dont le journalisme sportif, le journalisme culturel, le journalisme économique, etc.
A la conférence-débats du jeudi 27 octobre 2016, a été projeté un film documentaire sur le journaliste Jean Léopold Dominique (né le 30 juillet 1930 à Port-au-Prince, assassiné le lundi 3 avril 2000 sur la cour de Radio Haïti Inter, au haut de Delmas) .
« Depuis 2006, l’Unesco a condamné l’assassinat de plus de 800 journalistes. Moins de 7 % de ces crimes ont été élucidés », lit-on, dans une déclaration de la directrice générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), la Bulgare Irina Bokova [2].
Le jeudi 17 novembre 2016, Irina Bokova présentera, à New York, aux 39 États membres du Conseil intergouvernemental du programme international pour la communication, un rapport sur la sécurité des journalistes et le danger même de l’impunité. [jep emb rc apr 31/10/2016 12:30]
[1] Ndlr : La journée internationale de la fin de l’impunité pour des crimes commis contre des journalistes a été adoptée, par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (Onu) à sa 68e session, en 2013, dans la résolution A/RES/68/163. La date du 2 novembre a été choisie, en mémoire de l’assassinat, au Mali, le samedi 2 novembre 2013, de deux journalistes français de Radio France internationale (Rfi), Ghislaine Dupont (née le 13 janvier 1956 à Paris et assassinée le 2 novembre 2013 à Kidal, au Mali) et Claude Verlon, ingénieur du son (né le 6 juillet 1958 à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis / Paris, et assassiné le 2 novembre 2013 à Kidal, au Mali).
Exhortant les États membres de l’Onu à prendre des mesures précises pour combattre la culture actuelle d’impunité, cette résolution historique condamne toutes les attaques et violences, perpétrées contre des journalistes et des travailleurs des médias. Elle exhorte également les États membres à faire tout leur possible pour prévenir cette violence, en faire rendre compte, traduire en justice les auteurs des crimes commis contre des journalistes et des travailleurs des médias, et veiller à ce que les victimes disposent de recours appropriés. Elle demande, en outre, aux États de promouvoir un environnement sûr et propice, dans lequel les journalistes puissent effectuer leur travail de manière indépendante et sans ingérence indue.
[2] Née à Sofia le 12 juillet 1952, Irina Gueorguieva Bokova est une femme politique bulgare. Elle a été élue directrice générale de l’Unesco, lors de la 35ᵉ session de la Conférence générale de l’Unesco, qui a pris fin le 23 octobre 2009.