P-au-P, 19 oct. 2016 [AlterPresse] --- La situation du choléra en Haïti, 13 jours après le passage de l’ouragan Matthew, constitue une énorme catastrophe, déplore le conseiller spécial du secrétaire général pour l’agenda 2030 et pour la réponse de l’Organisation des Nations unies (Onu) au choléra en Haïti, le Dr. David Nabarro.
Seulement 15% des fonds, promis par l’Onu, sont disponibles, indique Nabarro, lors d’une conférence de presse donnée le mardi 18 octobre 2016, à Port-au-Prince.
« La situation est plus complexe à l’extrême Ouest et dans les zones les plus éloignées de Port-au-Prince… On ne sait pas le nombre de gens, touchés par le choléra, dans les zones inaccessibles ».
Parfois, des riverains empêchent les convois d’avoir accès à des zones reculées. Cette situation ne permet pas aux actrices et acteurs d’établir un diagnostic total de la situation, dénonce le médecin britannique David Nabarro (né à Londres le 26 août 1949).
L’information sur le choléra est « inaccessible et incomplète », relève David Nabarro, sur l’ensemble des zones, qu’il a pu visiter en compagnie du secrétaire général sortant des Nations unies, le Sudcoréen Ban-Ki-Moon.
« Le travail est loin d’être terminé et il reste beaucoup à faire. Nous voulons augmenter la riposte au choléra, en collaboration avec le gouvernement haïtien », tente-t-il de rassurer.
Pour maximiser la riposte au choléra, l’expert onusien préconise une stratégie, axée sur l’assainissement des voies de communication terrestre et la mise sur pied d’un meilleur système de coordination pour l’acheminement de l’aide.
Nabarro préconise la création d’une « situation room (cellule de crise) », pour faire le suivi sur des actions stratégiques, comme l’accès à l’eau par les populations touchées, aux soins de santé et l’état du processus d’assainissement des voies de communication.
Il propose également d’établir une communication directe avec les populations vulnérables, en ce qui concerne le choléra, les conditions de logement et l’accès à l’eau.
Devant l’ampleur de la catastrophe, il est difficile d’établir une liste de priorité dans l’action des agences impliquées. Toutefois, les besoins urgents de la population sont des médicaments, l’eau traitée et la nourriture, souligne le Dr. Nabarro.
Les agences, impliquées dans la réponse au choléra, entendent distribuer du chlore pour faciliter à la population l’accès à l’eau traitée.
David Nabarro se rendra prochainement à New York, afin de s’informer sur la lenteur de l’arrivée de l’aide humanitaire à Haïti, après le passage du cyclone Matthew.
Pour freiner le choléra, il faut accélérer la riposte, notamment pour les besoins en eau et en nourriture pour les enfants, recommande l’expert onusien, qui en profite pour déplorer les détournements des convois d’aides humanitaires par des individus mal intentionnés.
De telles actions portent préjudices aux populations dans le besoin, regrette-t-il.
29 personnes sont mortes du choléra dans le Sud et la Grande Anse, a indiqué la titulaire du Ministère de la santé publique et de la population (Mspp), Daphney Benoit Delsoin, lors d’une conférence de presse, le mardi 11 octobre 2016. [am emb rc apr/19/10/2016 1:10]