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La propagation rapide des maladies infectieuses en Haïti, un danger imminent après le passage de Matthew, alerte le Dr Jean-Claude Desgranges

P-au-P, 07 oct. 2016 [AlterPresse] --- Des dispositions doivent être prises pour prévenir la propagation de maladies infectieuses, notamment le choléra, après le passage de du puissant ouragan Matthew en Haïti, recommande le docteur Jean-Claude Desgranges, de la Fondation du troisième âge.

Il faut une prévention pour éviter que des infections se multiplient dans les zones affectées, souhaite Desgranges, invité à l’émission TiChèzBa, en diffusion les samedi 8 et dimanche 9 octobre 2016 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).

Les maladies infectieuses, comme le choléra en état endémique, la gastro-entérite, la malaria et la typhoïde, sont encore présentes en Haïti, met-il en garde.

« Dans la Grande Anse et le Sud, beaucoup de personnes sont mortes du choléra, suite au passage de l’ouragan. Le choléra peut tuer une personne infectée en 24 heures et alourdir le bilan des décès », avertit-il.

Il déplore une absence d’infrastructures, comme les difficultés d’accès à l’eau potable, qui pourraient contribuer à une recrudescence du choléra.

Les structures d’accueil sanitaires, déjà précaires n’ont pas les moyens de prendre en charge les personnes infectées, craint-il.

Les personnes sinistrées, autant que celles qui ne le sont pas, encourent les risques de développer des maladies infectieuses, dit-il.

Les personnes âgés, les femmes et les enfants sont les couches les plus vulnérables, face au risque d’attraper ces maladies, estime le médecin.

Dans ce contexte, les femmes risquent d’attraper la vaginite, au cas où elles utiliseraient une eau polluée pour leurs toilettes intimes, avertit-il.

Le contexte haïtien est déjà caractérisé par la fragilité et la précarité en matière de santé, rappelle le docteur Jean-Claude Desgranges.

Pour lui, « cette catastrophe traduit l’état de précarité et de désorganisation de la société haïtienne. Nous vivons un dénuement social et humain ».

En matière de santé, dit-il, les indicateurs sont au rouge.

Il cite en exemple des taux de mortalité infantile et maternelle, extrêmement élevés, la prévalence de tuberculose la plus grande au niveau des Caraïbes.

Le nombre de médecins, pour 100 mille habitantes et habitants, s’élève à 25, alors que la moyenne devrait être 250, selon l’Organisation mondiale de la santé (Oms).

Chaque haïtien doit apporter son appui pour éviter l’aggravation du problème sanitaire afin de sauver des vies, encourage Desgranges.

Par ailleurs, le docteur invite les autorités haïtiennes à ne pas répéter les mêmes erreurs, commises lors du terrible tremblement de terre de 2010, et à éviter que le pays soit une République des Organisations non gouvernementales (Ong).

Il appelle les autorités à mettre en place une commission interministérielle, pour gérer l’aide étrangère, et à tenir compte également des structures locales, comme les mairies.

« La prise en charge ne peut pas se faire par les Ong, en ce qui concerne les domaines de développement et d’urgence. La politique publique est l’affaire de l’État haïtien, qui doit harmoniser les aides ».

Plusieurs pays amis d’Haïti et des Ong ont promis de l’aide humanitaire à Haïti dans un contexte d’inquiétudes, suite au passage du puissant ouragan Matthew.

Plusieurs organisations sociales ont exprimé leurs inquiétudes face à ces aides humanitaires internationales annoncées. Pour elles, la situation actuelle pourrait être l’occasion de créer de nouveaux riches, en Haïti comme au niveau international, au détriment des victimes.

271 morts et de nombreux dégâts sont enregistrés pour l’ensemble des régions affectées, durant le passage de l’ouragan, selon un bilan partiel officiel.

Des instances locales laissent croire que le bilan serait beaucoup plus lourd. Par exemple, la Protection civile départementale du Sud a fait état de 264 morts uniquement au niveau de ce département. [emb gp apr 07/10/2016 16 :40]

Texte : Emmanuel Marino Bruno
Photo/Vidéo : Jennipher W. Charles
Conception, réalisation et présentation : Gotson Pierre


TiChèzBa, édition du 1er octobre 2016, invitée Sabine Lamour, sociologue et féministe

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