P-au-P, 30 sept. 2016 [AlterPresse] --- Les revendications stratégiques des femmes seraient absentes des discours électoraux, déplore la sociologue féministe Sabine Lamour, également professeure à l’Université.
Un candidat pourrait soutenir la loi sur l’avortement dans un pays comme Haïti où la question démographique est à poser, estime Lamour, invitée à l’émission TiChèzBa, en diffusion les samedi 1er et dimanche 2 octobre 2016 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7:00 am, 3:00 pm ; dimanche : 7:00 am, 1:00 pm, 5:00 pm).
Le problème démographique implique d’aborder la planification des naissances qui est absente des programmes politiques, critique-t-elle, soulignant qu’il y a beaucoup de matière à prendre en compte en ce qui concerne les revendications des femmes.
Elle évoque un manque de prise de position du côté des femmes pour proposer une alternative par rapport à l’ensemble des revendications traditionnelles.
« Ce n’est pas parce qu’on est féministe qu’on est nécessairement obligé de soutenir une femme. Une femme peut adopter un programme politique radicalement de droite qui va à l’encontre des intérêts féministes », déclare-t-elle.
Le discours politique en faveur des femmes ne dépend pas du sexe de la personne mais de son point de vue, poursuit-elle.
Il n’y a aucune présence de femme au parlement alors que la loi électorale prévoit au moins 30 pour cent de femmes comme quota à ce niveau, rappelle la féministe.
Les conditions d’existence des femmes ne leur permettent pas d’être présentes dans les sphères de prise de décisions, fustige-t-elle.
Au-delà de la question économique, les femmes doivent être armées psychiquement pour faire face à certaines agressions. Il leur manque une disponibilité psychique, économique et de temps pour mener un combat politique, constate-t-elle.
Par ailleurs, la sociologue critique l’absence de vrais débats électoraux dans le pays où les droits élémentaires ne sont pas garantis.
« Quel débat électoral, si nous n’avons pas un débat sur ce que nous sommes d’abord et sur le droit que nous avons dans la société en tant qu’Haïtiens ! »
L’organisation des élections donne l’occasion, selon elle, d’aborder certaines problématiques liées notamment à la question de couleur, l’origine sociale et la constitution des groupes politiques.
Par hypothèse, cette situation est peut-être due, affirme-t-elle, à une absence de tradition de programmes politiques ou à un manque d’encrage idéologique.
« Nous sommes dans une société où la précarité est la norme. Ces éléments font qu’il y a un louvoiement dans le positionnement politique », fustige la sociologue féministe.
Quatre grandes configurations de partis politiques (Pitit Desalin, Parti haïtien tèt kale (Phtk), Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh) et Fanmi lavalas) partageraient, dit-elle, l’espace politique actuel.
Tout compte fait, Lamour encourage la population à se rendre aux urnes lors des prochaines élections qui vont être organisées avec des fonds haitiens.
Elle appelle la Police nationale d’Haïti (Pnh) à fournir l’accompagnement nécessaire aux communautés pour que les électrices et électeurs puissent voter « avec quiétude et confiance ».
Ces dernières semaines, les violences pré-électorales se sont multipliées en Haiti, en dépit des dispositions annoncées par la Pnh, le gouvernement et le Conseil électoral provisoire (Cep). [emb gp apr 30/09/2016 16 :30]
TiChèzBa, édition du 24 septembre 2016, invité Max Mathurin, ancien président du Cep
L’ancien président du Conseil électoral provisoire (Cep), lors des élections de 2006, Max Mathurin, encourage les protagonistes politiques à signer un pacte d’engagement, en faveur du respect des résultats des scrutins des 9 octobre 2016 et 8 janvier 2017.