P-au-P., 26 sept 2016 [AlterPresse] --- La Fondation Connaissance et Liberté (Fokal) a décidé de ne plus accueillir des activités du Festival Massimadi, un rendez-vous culturel consacré aux questions relatives aux Lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et intersexes (Lgbti).
Dans un bref communiqué, la Fokal annonce avoir pris cette décision, suite à de « graves menaces », à la veille de ce festival, dont l’ouverture était prévue le mardi 27 septembre 2016.
Des projections, conférences et débats étaient programmés, pour le jeudi 29 septembre 2016, à la Fokal, tandis que d’autres lieux, comme l’Institut français en Haïti et la Cinémathèque de Pétionville (périphérie est) devaient accueillir des activités jusqu’au vendredi 30 septembre 2016.
Pour l’heure, on ne sait pas si la programmation du chapitre Haïti de cet événement international, proposée par l’association Lgbti Kouraj, se maintient.
La perspective de ce festival avait soulevé de vives controverses dans les espaces publics, à travers les médias et les réseaux sociaux.
Le commissaire du gouvernement, près le parquet du tribunal civil de la capitale, Me Jean Danton Leger, avait annoncé des mesures d’interdiction, assimilant le festival à une activité qui porterait « atteinte aux bonnes mœurs et à l’ordre public ».
Le sénateur de l’Ouest, Me Jean Renel Senatus, avait dénoncé une initiative, qui vise à promouvoir l’homosexualité, à travers le pays, et véhiculer des valeurs « contraires à la morale et aux bonnes mœurs ».
Le défenseur des droits humains Pierre Espérance, du Réseau national de défense de droits humains (Rnddh), a condamné les récriminations, qualifiées d’hypocrites, qui ont ciblé la Fokal.
Espérance met en avant le droit inaliénable des individus à disposer de leur corps.
Durant les dernières années, Haïti a fait face à une série d’actes et d’attitudes homophobes, ravivées par la reconnaissance du mariage homosexuel dans plusieurs sociétés occidentales.
En juillet 2013, plus d’un millier de fidèles des cultes réformés ont marché, dans les rues de la capitale, pour dire non à l’homosexualité et exiger que les responsables de l’État mettent à l’écart toute éventualité de mariages homosexuels dans le pays.
Cette marche a été suivie d’une multiplication de meurtres, agressions physiques, destructions de biens et violations de propriétés privées, sous prétexte d’homophobie, ce qui a été dénoncé par de nombreuses personnalités et associations de divers secteurs. [apr 26/09/2016 21 :00]