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Haïti-Économie : Un retrait de l’interdiction des 23 produits dominicains constituerait un préjudice, selon le Collectif du 4 décembre

P au-P, 06 sept 2016 [AlterPresse] --- Le Collectif du 4 décembre estime qu’un retrait des mesures d’interdiction d’importation des 23 produits dominicains par voie terrestre vers Haïti constituerait une décision préjudiciable à la population haïtienne, dans un communiqué en date du 3 septembre 2016, transmis à AlterPresse.

Le Collectif appelle les organisations qui défendent les droits des citoyens à se positionner une nouvelle fois pour faire comprendre aux dirigeants actuels la portée de l’acte qu’ils envisagent de poser et dont les effets peuvent être préjudiciables à la population.

La mesure restrictive, prise, le 15 septembre 201,5 par l’ancienne administration du président Michel Martelly et du premier ministre Evans Paul , « loin d’être un embargo, visait à assurer un meilleur contrôle de la qualité des produits, provenant de la république voisine, d’une part, à limiter les effets de la contrebande et augmenter les recettes de l’État haïtien, d’autre part », rappelle le Collectif du 4 décembre.

Le gouvernement haïtien a promis de lever dans les prochains jours, l’interdiction par transport routier, de 23 produits dominicains, en vigueur depuis le 1er octobre 2015, a déclaré le chancelier haïtien, Pierrot Délienne, lors d’une rencontre avec son homologue dominicain, Miguel Vargas Maldonado, le mardi 30 août 2016 au palais national.

Lors de cet entretien, le chancelier dominicain a souligné la nécessité, pour Haïti et la République Dominicaine, de mettre de côté « ce qui les désunit et de s’engager dans un agenda d’actions, à partir de points, qui ouvrent la voie à de nouvelles idées de relations commerciales et culturelles, respectant les caractéristiques spécifiques des deux pays ».

Dès le mois, suivant l’entrée en vigueur des mesures exigeant le transport que par voie maritime ou aérienne des 23 produits ciblés, l’État haïtien aurait bénéficié d’une augmentation de 1,4 milliard de gourdes sur les recettes, avance le Collectif du 4 décembre.

De nouveaux emplois auraient été également créés, et qui ont, dit-il, des effets bénéfiques pour le pays.

« Selon le ministre dominicain du commerce et des industries, José del Castillo Saviñón, ces 23 produits représentent un commerce de quelques 500 millions de dollars américains, soit 16% de la valeur totale de nos importations ou 47% des exportations formelles de la République Dominicaine vers Haïti », indique-t-il.

« Puisque les recettes douanières avaient été augmentées suite à cette restriction, son retrait contribuerait-il à améliorer nos recettes, financer les prochaines élections voire compenser les soi-disant déficits occasionnés par la subvention du coût de l’essence à la pompe ? », s’interroge le Collectif du 4 décembre.

« Est-ce que les autorités voudraient nous faire comprendre que, subitement nous sommes en mesure de mieux assurer le contrôle frontalier terrestre ; tant au niveau qualitatif que quantitatif ? ».

« Nos gouvernants ont-ils analysé l’impact qu’aurait ce retrait sur notre production nationale ou sur nos entreprises locales ? », poursuit-il.

La protection de la production nationale est un moyen efficace pour stabiliser l’inflation et freiner la dépréciation vertigineuse de la monnaie locale, argue le Collectif du 4 décembre.

Il appelle le gouvernement à faire respecter le droit de nos compatriotes qui est chaque jour violé en république voisine et à trouver les moyens de faciliter les familles nécessiteuses à envoyer dignement leurs enfants à l’école.

Il faut redresser « l’économie en agonie » et gérer l’insécurité galopante, au lieu de continuer à avantager l’État dominicain, préconise-t-il.

Le gouvernement haïtien a interdit l’importation des 23 produits, par voie terrestre sur le territoire haïtien, en vue d’un meilleur contrôle de qualité et de mieux assurer la sécurité de la population, a indiqué une note du Ministère de l’économie et des finances (Mef), en date du 16 septembre 2015.

Plusieurs institutions, dont l’Association des économistes haïtiens (Aeh) et le Collectif 4 décembre, ont vivement exprimé leur appui à cette décision, prise à l’époque par le Mef. [bd emb apr 06/09/2016 11:10]