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Haiti : Violence et confusion à l’aube de 2005

P-au-P., 4 janv. 05 [AlterPresse]--- Les actes de violence n’ont pas cessé dans plusieurs quartiers de la capitale où 4 présumés bandits ont été tués par balles et 74 personnes arrêtées ce 4 janvier lors d’une opération policière à Village de Dieu (bidonville de la périphérie sud) selon des informations communiquées à la presse par la police.

Les 4 victimes connues sous les sobriquets de Ti Kenol, Berger, Kipa et Tchao ont été abattues lors d’« échanges de tirs » avec la police, a déclaré la porte-parole de la police Gessy Cameau Coicou. Elle a ajouté que d’autres présumés bandits ont tenté de s’enfuir par la mer et ont été capturés par des détachements maritimes de la police, qui n’a saisi aucune arme.

Le 3 janvier, un autre présumé bandit nommé Ricardo a été tué par la police après avoir ouvert le feu contre des policiers, alors que lui et des complices ont été surpris en pleine action de kidnaping au centre- ville, a fait savoir Gessy Cameau Coicou. Un revolver a été confisqué.

Des séquestrations de personnes contre rançons se seraient multipliées ces derniers jours à la capitale sans que les informations n’aient été révélées publiquement par les familles victimes, ont confié des sources dignes de foi à AlterPresse.

Durant les premiers jours de 2005, des mouvements de panique ou des actes de violence ont été rapportés dans quelques quartiers de la capitale. De persistantes rafales à l’arme automatique ont été entendues.

Dans les secteurs proches du quartier réputé chaud de Belair, des riverains se sont plaints d’une situation de tension. Ils ont rapporté que des établissements scolaires et des véhicules ont été incendiés.

La police n’a pas fourni d’informations sur la situation à La Saline (nord de Port-au-Prince) où, selon des informations qui circulent, des bandes armées rivales s’affrontent depuis plusieurs semaines. De nombreux habitants de ce quartier, qui ont du se réfugier ailleurs, ont rapporté que plusieurs personnes auraient été tuées.

Dans son discours du 1er Janvier (201ème anniversaire de l’indépendance d’Haiti), le président Boniface Alexandre avait soulevé la nécessité d’un apaisement en vue de la réalisation des élections générales prévues en Haïti à la fin de 2005.

Alexandre avait également déclaré tendre la main à l’ancien Président Jean Bertrand Aristide, en faveur de qui des groupes entreprennent des mouvements violents dans quelques quartiers de Port-au-Prince depuis septembre 2004, faisant des dizaines de morts.

« Solennellement, je tends la main à l’ancien président pour qu’il appelle ses partisans à être du coté des intérêts d’Haïti et à travailler pour la paix (Â…) », avait lancé Alexandre. Interpellant Aristide, il avait ajouté : « aujourd’hui, l’occasion vous est offerte de prendre une position claire quant à ces actes, et aussi votre distance par rapport à ces fauteurs de troubles ».

Ces propos d’Alexandre ont été désavoués ou tout au moins accueillies avec beaucoup de réserves par divers secteurs politiques. A droite (Grand Front de Centre Droit), ils sont qualifiés de « déclarations suicidaires », par lesquelles Alexandre « reconnaît l’autorité de Jean Bertrand Aristide ».

Du coté de l’Organisation du Peuple en Lutte (OPL / tendance sociale démocrate), on a jugé « responsable » quelque segment des déclarations d’Alexandre, notamment son appel a l’ancien Président pour qu’il se range du coté de la paix. Mais les actuelles autorités « devraient faire comprendre à Aristide qu’il sera tôt ou tard jugé pour les torts causés à la nation », a estimé l’OPL. [gp fl apr 04/01/2005 22:00]