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Haïti-Choléra : Les projets de l’Onu ne doivent pas se substituer à l’indemnisation, souhaite l’expert des Nations unies, Philip Alston

P-au-P, 22 août 2016 [AlterPresse] --- Les initiatives de lutte contre le choléra, entreprises par l’Organisation des Nations Unies (Onu), ne doivent pas être substituées à un processus d’indemnisation des victimes de l’épidémie du choléra, indique un rapport du rapporteur spécial de l’organisation sur l’extrême pauvreté et les droits humains, l’Australien Philip Alston.

Dans un extrait du rapport, non encore rendu public et consulté par AlterPresse, Alston appelle à un examen de la situation, en vue de l’adoption d’un ensemble de mesures pour faire face à la nécessité d’une indemnisation des victimes en Haïti.

« Les projets de développement, que les Nations unies ont entrepris depuis l’épidémie de choléra ; peuvent être une partie du paquet global. Il faudrait envisager de les adapter de manière plus appropriée, à l’égard des droits et des besoins spécifiques de celles et ceux qui ont été infectés », plaide-t-il.

Toutefois, ces initiatives axées sur les projets ne doivent pas être considérées comme un substitut à l’indemnisation personnelle, spécialement pour celles et ceux qui sont morts à la suite de l’épidémie de choléra, déclare Alston.

Le suivi, important à faire, devrait refléter un nouvel engagement à consulter les intervenantes et intervenants sur une base aussi transparente que possible, recommande-t-il.

Le processus décrit devrait fournir les bases d’une nouvelle approche, qui sera adoptée par les Nations unies à l’avenir.

D’abord et avant tout, il devrait y avoir, au nom du secrétaire général de l’Onu, des excuses adressées au peuple haïtien et une acceptation de la responsabilité de l’Onu dans l’introduction de l’épidémie du choléra en Haïti, estime le rapporteur spécial des Nations unies.

Le secrétaire général de l’Onu, le Sudcoréen Ban Ki-Moon, peut et doit lui-même accepter cette responsabilité et le soutien des gouvernements clés, qui sera également crucial, suggère l’Australien Philip Alston.

Ces États, qui fournissent une aide substantielle au budget de maintien de la paix, en particulier les États-Unis d’Amérique - qui représentent le principal contributeur -, devraient soutenir activement une résolution à cette crise permanente, qui respecte les droits des victimes de cette tragédie et sert au mieux la réputation et d’autres intérêts des Nations unies.

Pour la première fois, depuis octobre 2010, 70 mois après les premiers cas constatés de l’épidémie de choléra en Haïti, l’Onu a finalement admis sa responsabilité dans l’introduction de l’épidémie du choléra en Haïti.

L’annonce de l’Onu a été faite, en réponse à un rapport critique de l’éminent conseiller de l’Organisation, l’Australien Philip Alston, un des nombreux experts des droits humains des Nations Unies, qui ont utilisé leurs positions pour appeler à une réponse juste de l’organisation, depuis 2014, a indiqué le journal américain le New York Times.

En novembre 2011, l’Onu avait rejeté une demande d’indemnisation, présentée contre elle, au nom des victimes de l’épidémie de choléra en Haïti, qui a déjà tué plus de 9 mille personnes en 70 mois, du 18 octobre 2010 à date (18 août 2016).

Le Regroupement des Haïtiens de Montréal contre l’occupation d’Haïti (Rehmonco) exige justice, réparations ainsi que le départ de la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), dans un communiqué transmis à AlterPresse, ce lundi 22 août 2016. [emb rc apr 22/08/2016 14:50]