P-au-P, 1er août 2016 [AlterPresse] --- Le rapporteur spécial de l’Organisation des Nations unies (Onu) pour le droit à l´éducation (Dhe), Kishore Singh, se dit préoccupé par la situation de l’éducation en Haïti, lors d’une activité réalisée le samedi 30 juillet 2016, et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
L’éducation n’est pas une marchandise, mais un droit fondamental. L’État ne doit accorder, en aucune circonstance, de subventions au secteur privé, parce qu’il y a déjà des frais de scolarité, imposés aux parents, déclare-t-il.
Il estime qu’il y a nécessité de faire une campagne de sensibilisation, pour que les Haïtiens connaissent leur droit à l’éducation.
L’éducation, qui est un bien public, devrait être gratuite puisque c’est une responsabilité sociale, affirme le rapporteur spécial des Nations Unies, en visite en Haïti du 28 au 31 juillet 2016, à l’invitation de l´Office de protection du citoyen (Opc), du Regroupement éducation pour toutes et pour tous (Rept) et en alliance avec la Campagne Latino-Américaine pour le droit à l´éducation (Clade).
Kishore Singh a rencontré diverses personnalités, notamment le président de la commission éducation au Sénat, le sénateur Dieupy Cherubin, et le titulaire du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), Jean Beauvoir Dorsonne.
« Près de 40 à 50 % d’enfants n’ont pas accès à l’éducation préscolaire. Au niveau fondamental, plus de 80 % des écoles sont privées, alors qu’à peine 14% des établissements scolaires sont publics », déplore, pour sa part, le coordonnateur du Rept, William Thélusmond.
Ce qui témoigne, dit-il, de l’exclusion des habitantes et habitants d’une série de sections communales, privées d’écoles.
« C’est un système d’éducation, basé sur l’exclusion, la discrimination. C’est un système d’éducation où le privé domine le public (…) ».
Les écoles privées emploient qui elles veulent et exigent des frais de scolarité exorbitants, en dehors de tout contrôle de l’État, regrette Thélusmond.
Il faut beaucoup plus d’efforts pour faire respecter le droit à l’éducation en Haïti, poursuit-il, soulignant combien les acteurs étatiques ont l’impérieuse obligation de développer l’éducation publique.
L’État doit chercher de l’argent et établir des partenariats, tant au niveau national qu’international, pour développer une éducation publique « accessible, équitable, de bonne qualité et sans exclusion », souhaite-t-il.
Le Rept et d’autres organisations envisagent des mécanismes de mobilisation sociale et politique.
Ils projettent même de traîner l’État haïtien par devant la justice, parce que celui-ci, disent-ils, ne peut pas continuer à violer le droit à l’éducation du peuple.
Thélusmond dénonce une absence de contrôle de l’État sur un ensemble d’écoles privées, éparpillées dans tout le pays.
Yvette Ramirez, du forum socio-éducatif de la République Dominicaine, affirme que « l’éducation n’est pas une marchandise. C’est un bien public, qui doit être au service de tous ».
Pour Yvette Ramirez, ces échanges devraient avoir lieu à travers tout le pays, non seulement dans la capitale mais aussi dans les villes de provinces.
Adelaide Entenza de la Campagne latino-américaine pour le droit à l’éducation (Clade) souligne qu’il faut travailler à développer une éducation de qualité pour le monde entier.
En dépit d’une série de mesures dont la loi sur le Fonds national d’éducation (Fne), mises en branle, le système éducatif public demeure encore fragile. [jep emb gp apr 01/08/2016 09:50]