P-au-P, 28 juillet 2016 [AlterPresse] --- Un appel a été lancé en faveur de
la construction d’un mouvement patriotique fort articulé et unitaire, lors du lancement d’un « tribunal populaire » contre l’occupation et la domination, à l’occasion du 101ème anniversaire du 1er débarquement militaire américain en Haïti.
Ce mouvement patriotique doit rassembler toutes les forces vives de la nation afin de libérer le pays, selon les leaders de l’Assemblée des mouvements sociaux, une plateforme de 80 associations et institutions.
Le lancement du « tribunal populaire », au Gymnasium Vincent à Port-au-Prince, a été marqué par une cérémonie politico-culturelle, à laquelle des personnalités des milieux sociaux, académiques et culturels ont pris la parole, en présence de quelques centaines de personnes.
Parmi les personnalités qui ont pris la parole, figurent Ernst Mathurin du Mouvement patriotique démocratique et populaire (Mpdp), Danièle Magloire du Collectif contre l’impunité, Pierre Buteau de la Société haitienne d’histoire et de géographie, Camille Chalmers de la Plateforme haitienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) et Mario Joseph du Bureau des avocats internationaux (Bai).
La liste provisoire des membres du « tribunal populaire » a été présentée au public. On y note les noms de l’ancien ministre haïtien des affaires étrangères, le professeur Jean Casimir, les historiens Suzy Castor et Michel Hector, l’ancien président du Conseil électoral provisoire, le professeur Anselme Rémy, le père William Smarth, le metteur en scène Syto Cavé et l’écrivain Lyonel Trouillot.
La partie culturelle a été assurée, entre autres, par le groupe musical paysan Awozam, les chanteurs Wooly St-Louis Jean et Berthony Pierre-Louis.
En prélude à la cérémonie, des centaines de personnes ont pris part à une manifestation dans les rues de la capitale qui s’est terminée au Gymnasium Vincent.
Les organisateurs ont tenu à délivrer un message au président provisoire Jocelerme Privert, lui demandant de ne pas renouveler le mandat de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), présente dans le pays depuis 2004.
Guy Numa, membre de la coordination du Mouvement démocratique populaire (Modep), qui prenait part à cette marche, estime qu’Haïti subit toujours les conséquences du débarquement de 1915, parce que « c’est l’étranger qui nous dicte comment organiser des élections dans le pays ».
« Tant que le pays reste occupé, il ne pourra jamais tenir des élections libres et souveraines et l’une des conditions pour que le pays redevienne un État souverain est le départ de la Minustah », souligne-t-il.
D’autre part, le mouvement appelé Inisyativ 15 15 15 Anba Zanmann a organisé une « journée d’activités patriotiques pour mettre en lumière les dégâts, la catastrophe et le pillage occasionnés par cette occupation et qui continuent encore aujourd’hui ».
Parmi les activités réalisées, on note une exposition de photos de l’époque, des scènes de théatre de rue et des concerts.
Le mouvement appelle au rassemblement des forces pour « libérer Haïti et mettre le pays sur la voie du progrès ».
Ayant débarqué le 28 juillet 1915 en Haïti, les militaires américains ont laissé officiellement le pays le 21 août 1934, après 19 ans d’occupation.
Le sol d’Haïti a été, une seconde fois, foulé par les troupes américaines en 1994. Elles accompagnaient le retour du président Jean Bertrand Aristide, après un exil de 3 ans, suite au sanglant coup d´État militaire du 30 septembre 1991. [bd gp apr 29/07/2016 6 :00]
Photos : William Stephen Phelps