Español English French Kwéyol

Haïti-Politique : Appel à « l’intelligence politique » pour une issue à la crise

P-au-P, 25 juil. 2016 [AlterPresse] --- Le professeur d’histoire des idées politiques et sociales à l’Université d ‘État d’Haïti, Roger Petit-Frère, lance un appel à « l’intelligence politique » pour trouver une issue à la crise que connaît le pays.

« la porte de sortie à cette situation de crise sera la politique et dépendra de l’intelligence politique des acteurs, des rapports de force entre les acteurs, tant sur le plan national qu’international », analyse-t-il lors d’une interview accordée à AlterPresse.

Un contexte de flou politique persiste en Haïti au moment où un processus électoral est en cours, tandis qu’une polémique fait rage dans les milieux politiques autour de l’expiration, le 14 juin dernier, du mandat du président provisoire Jocelerme Privert.

Une assemblée nationale pour décider du sort de Privert est toujours dans l’impasse.

« Le parlement ne peut pas dégager une majorité qui lui permettra de résoudre le problème », constate l’intellectuel.

Pour le professeur, le problème est que « les acteurs confondent le droit et la politique, alors que l’articulation de la politique et du droit n’est pas facile ».

A propos de la situation du président Privert, Roger Petit-Frère fait remarquer qu’il « peut ne pas être légal, mais il a la légitimité, car la légitimité populaire c’est avoir l’assentiment de la majorité ».

« Mais, quelqu’un peut être légitime sans être légal et vice-versa », relève-t-il.

Ainsi, dit-il, « le problème n’est pas encore résolu parce que la rue n’est pas encore intervenue ».

« Nous sommes (donc) dans une situation d’équilibre instable, ce qui pourrait déboucher à n’importe quel moment sur « quelque chose de conflictuelle », qui alimenterait encore plus « la confusion », craint le professeur.

Contacté par AlterPresse, l’ancien sénateur Jean William Jeanty met également en exergue des nuances et des différences entre le champ politique et le champ légal. Il admet que la politique peut s’imposer au delà de la légalité.

Le sénateur Jeanty réitère que les forces politiques du pays doivent se réunir autour d’une table afin de rechercher la meilleure solution au problème actuel.

Elles doivent, dit-il, se mettre d’accord sur la manière de diriger le pays et le doter d’institutions non contestables.

Le sénateur en fonction Francisco De La Cruz, de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), approuve la décision prise par Privert, la semaine dernière, de convoquer les Haïtiens aux urnes.

Pour lui, Privert n’a pas le choix, puisqu’il « ne peut rester les bras croisés », alors que le calendrier électoral prévoit le premier tour des élections présidentielles et législatives partielles le 9 octobre prochain.

« Maintenant, il revient au parlement d’organiser l’assemblée nationale afin de décider de prolonger ou pas le mandat de Privert », conclut-il, en préconisant la « négociation avec tout le monde » pour une sortie de crise. [jep gp apr 25/07/2016 20 :00]