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Haiti / Mutinerie : Les secteurs de droits humains demandent des comptes

P-au-P., 23 déc. 04, [AlterPresse] --- La Coalition Nationale pour les Droits des Haïtiens (NCHR) demande au gouvernement de former une commission d’enquête mixte et indépendante sur la mutinerie du 1er décembre dernier au Pénitencier National, ayant fait, selon l’organisation, 10 morts par balles et 17 blessés parmi les détenus et 6 du coté des agents des forces de l’ordre.

Selon un rapport établi par la NCHR, 7 des 10 détenus décédés l’ont été au cours des évenements et 3 autres ont par la suite succombé à leurs blessures. Tous sont agés entre 20 à 35 ans.

Les victimes, sur qui pesaient des accusations de vol à main armée, kidnapping, assassinat, séquestration, association de malfaiteurs, n’avaient pas encore vu leur juge naturel, alors que, pour la plupart, ils avaient déjà été détenus pendant plusieurs mois.

La NCHR dit condamner fermement les agissements des policiers dans le cadre de leur intervention qu’elle qualifie de tragique, et dénonce en même temps le laxisme et l’indifférence des autorités concernées à l’égard de « violateurs des droit humains ».

L’organisme juge scandaleux que des détenus aient pu avoir à leur disposition des machettes, couteaux, lames de rasoir etc. Il exige des explications de la part des responsables, sachant que l’accès à la prison est interdit à tout visiteur muni de ces matériels tranchants.

La NCHR a également déploré le fait que 3.000 prisonniers se sont évadés des prisons au cours des événements de février dernier (départ de l’ancien Président Jean Bertrand Aristide) et que jusqu’à date rien n’est fait, selon elle, pour les retrouver.
Sur le dossier de la mutinerie du premier décembre, Amnesty International, dans un communiqué en date du 20 décembre 2004, a dénoncé la lenteur des autorités à faire lumière sur les évènements. L’organisation internationale a rapporté les propos d’un prisonnier, selon lequel, des policiers auraient ouvert le feu sur les détenus, les auraient enlevé de leurs cellules pour les exécuter.

Dans un communiqué en date du 2 décembre, le Comité des Avocats pour le Respect des Libertés Individuelles (CARLI) avait condamné sans réserve l’incident survenu le 1er décembre au Pénitencier National et réclamé une enquête aux fins de déterminer les causes, « d’identifier les auteurs de l’assassinat des détenus et de les poursuivre conformément à la loi pénale et aux traités internationaux ».

Le CARLI avait rappelé le principe internationalement accepté, selon lequel « toute personne soumise à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement doit être traitée avec humanité et avec le respect de la dignité inhérente à la personne humaine ». [fl gp apr 23/12/2004 14:30]