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Avancées et défis au regard de la justice de genre et l’équité en Haïti

Par Jean Elie Paul

P-au-P, 14 juil. 2016 [AlterPresse] --- La Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa) a relevé des avancées et des défis en matière de justice de genre et équité en Haïti, lors de la première journée d’un atelier qui se tient sur la Côte des Arcadins (au nord de la capitale), observe AlterPresse.

En dépit de quelques points positifs, comme l’établissement d’un plan étatique d’égalité et l’adoption du quota de 30% de femmes dans les postes publics, la chargée de programme, « Axe lutte contre la violence faite aux femmes », Olga Benoit, relève qu’il y a peu de femmes dans les espaces de prise de décision.

Élections : Combien de femmes ont pu briser les barrières de la machine infernale ?

Prenant en exemple les élections controversées de l’année dernière et leurs résultats, Olga Benoit a mis en exergue l’absence totale de femmes au parlement (encore incomplet).

« Combien de femmes ont pu briser les barrières de la machine infernale, même quand c’était des élections frauduleuses », s’interroge-t-elle.

A l’ouverture de l’atelier, organisé de concert avec l’Église suédoise et la Fondation suédoise pour les droits humains, l’ex coordonnatrice de la Sofa, Marie Frantz Joachim, devenue secrétaire générale du Cep, a également pris la parole.

Des mesures seront prises par le Cep pour encourager les candidatures féminines, assure la représentante du secteur des femmes au Cep.

« L’idéal serait que les partis politiques choisissent des femmes comme candidates au renouvellement du tiers du sénat (…) Cela devrait résulter de tout un travail d’éducation vers les partis politiques », suggère Marie Frantz Joachim.

Elle ajoute qu’au niveau de son cabinet, une banque de données contenant des profils de femmes qui répondent aux critères établis par le décret électoral, serait disponible, de manière à envisager une meilleure présence féminine dans la machine électorale dans les communes et départements.

Carole Pierre Paul Jacob, dirigeante de la Sofa, a mis l’accent sur les violences politiques en matière électorale, qui, au-delà des femmes, remettent en question la participation citoyenne en matière élection.

S’il y a 0% de femmes au parlement, c’est parce qu’il y a un problème qui n’est pas résolu en ce qui a trait, entre autres, à la violence sexo-spécifique, soutient-elle, dénonçant les attaques subies par les femmes candidates durant la campagne électorale de l’année dernière.

Défis, revers et opportunités

Les défis sont énormes, selon Natacha Clergé, coordonnatrice de l’organisation Fanm yo la, qui a analysé les obstacles qui empêchent une participation réelle des femmes au sein des espaces de pouvoirs et de décisions.

L’un des éléments sociologiques mentionnés est la surcharge de travail et de responsabilité au niveau domestique. La majorité des femmes en Haïti sont des chefs de famille, souligne-t-elle.

Citant la féministe décédée Myriam Merlet, elle estime que, dans le contexte de la féminisation de la pauvreté, matériellement, les femmes n’ont pas de moyens financiers nécessaires pour s’impliquer dans la politique.

De son coté, Danièle Magloire, dirigeante de l’organisation Kay Fanm, a salué le fait que la question des droits humains des femmes finit par être posée sur l’échiquier politique national.

Cependant, il y a des revers, évalue-t-elle, en mentionnant des blocages et les multiples inégalités qui caractérisent la société.

Comme pour tous les mouvements sociaux, les opportunités de faire avancer la cause des femmes se transforment vite en tremplins pour satisfaire des besoins personnels en terme d’ascension sociale, critique-t-elle.

En ce qui concerne les nouvelles politiques publiques sur la violence faite aux femmes, et le plan national d’égalité homme/femme, elle se demande comment mettre en œuvre ces politiques, lorsque le budget en Haïti n’est pas sensible au genre.

D’autres thématiques ont été abordées dans le cadre de la première journée de l’atelier, notamment l’apport des organisations de droits humains dans l’évolution des politiques étatiques et l’adoption de mesures en faveur du respect des droits des femmes.

L’atelier doit prendre fin ce jeudi 14 juillet. Elle sera consacrée à la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedaw) et du mécanisme inter américain des droits humains. [jep gp apr 14/07/2016 2 :00]