P-au-P., 23 déc. 04 [AlterPresse] --- Le Centre d’accueil de Carrefour située dans la banlieue sud de Port-au-Prince a rouvert officiellement ses portes ce 23 décembre.
Créée en 1958, cette institution avait été fermée au milieu des années quatre-vingt à la suite de bouleversements politiques.
Le ministre des Affaires sociales et du travail Pierre Claude Calixte a procédé à cette réouverture en présence notamment de la ministre à la condition féminine Adeline Chancy et de représentants d’institutions travaillant dans le domaine de l’enfant.
Le centre d’accueil se donne pour objectif principal la protection et la réhabilitation sociale des mineurs. Selon sa directrice générale Rosemanie Losier, le centre s’occupera des enfants en situation difficile, c’est-à -dire les enfants des rues, les enfants de la rue, les enfants en conflit avec la loi, les enfants en domesticité, les orphelins du sida, les enfants victimes de trafic illégal vers la République Dominicaine, les enfants impliqués dans des conflits armés.
« L’UNICEF (Fonds des Nations Unies pour l’Enfance) offrira tout son appui au gouvernement à toute initiative visant à protéger les enfants vulnérables et à respecter l’intérêt supérieur de l’enfant », a promis la représentante de l’UNICEF en Haïti qui participait à la cérémonie. Françoise Groulos Ackermans rappelle que « le premier objectif de tous ceux qui oeuvrent pour le bien-être de l’enfant est de l’aider à réintégrer sa famille, proche ou éloignée ».
Elle a aussi souligné la nécessité de mettre à la disposition des enfants « un personnel compétent, qualifié et capable d’intervenir dans le domaine de la protection, la réhabilitation et la réinsertion des enfants ».
De nombreux enfants haïtiens sont sans cesse exposés aux abus et exploitations de toutes sortes. Une étude réalisée en été 2004 par plusieurs organisations internationales à
l’initiative de l’UNICEF a montré que la récente crise politique en Haïti a eu de graves répercussions sur les enfants dans les domaines de la santé, l’éducation et la nutrition. Cette enquête a également attiré l’attention sur la présence d’enfants dans des
gangs armés et l’augmentation des cas d’enfants violés.
Une autre enquête réalisée par l’Organisation Internationale de la Migration
(OIM) et l’UNICEF a révélé en Août 2002 un trafic d’enfants haïtiens vers la
République Dominicaine (qui partage l’île avec Haïti). Entre deux mille et trois mille enfants sont victimes de trafic chaque année, selon les estimations.
Haïti a ratifié depuis le 23 décembre 1994 la Convention relative aux Droits de l’Enfant. L’article 2 de la dite convention fait obligation aux Etats de prendre « toutes les mesures appropriées pour que l’enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivée par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions de ses parents légaux ou des membres de sa famille ».
Ces recommandations sont venues en fait conforter des dispositions existant déjà dans la législation haïtienne. Par exemple, l’article 261 de la constitution haïtienne (adoptée massivement par voie référendaire en mars 1987) stipule ce qui suit : « La loi assure la protection à tous les enfants. Tout enfant a droit à l’amour, à l’affection, à la compréhension et aux soins moraux et matériels de son père et de sa mère ». Mais très souvent en Haiti, la loi est une chose et la réalité en est une autre (NDLR). [vs apr 23/12/2004 21:00]