P-au-P, 24 juin 2016 [AlterPresse] --- Plusieurs personnalités dont des professeurs d’Université et des historiens continuent de déplorer le nombre élevé de candidates et candidats à la présidence, dans des interviews accordées à AlterPresse.
Ce nombre démontre l’existence d’un manque de respect des candidats envers la population haïtienne, estiment-elles.
« Parmi les 27 candidats à la présidence, certains d’entre eux manquent de lucidité. Ils sont très peu connus sur la scène politique et n’ont pas un passé politique important. Ils sont connus uniquement de leurs secteurs », critique le directeur exécutif de la Plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Camille Chalmers.
27 des 54 candidats ayant pris part à l’élection présidentielle controversée de 2015, soit exactement la moitié, ont confirmé leur participation aux élections dont le premier tour est prévu le 9 octobre 2016.
La plupart des candidats ont confirmé leur inscription durant les dernières 48 heures avant la fermeture de la liste à minuit le 22 juin.
« Le nombre élevé des candidats va faire augmenter les coûts des prochaines élections parce que plus il y a de candidats, plus les scrutins seront coûteux », avance Chalmers.
Il pense qu’il faut « approfondir la dynamique de mobilisation pour que nous puissions recouvrir la souveraineté de l’espace électoral ».
Celle-ci, selon lui, constitue un élément indispensable pour assainir la scène politique en faveur des revendications de la population.
Il appelle à la poursuite d’une mobilisation « lucide et responsable », en vue de faire avancer la lutte populaire. Il faudrait que le Cep apporte un changement dans les modalités de gestion de l’exercice électoral, exige-t-il.
« Il n’est pas possible de dépenser plus de 60 millions de dollars américains pour des élections dans un pays qui vit dans une situation aussi précaire. Il est absolument indispensable de changer le train de vie de l’État et du Cep », souligne le professeur.
La population haïtienne doit tirer des leçons des derniers événements électoraux produits dans le pays notamment la reprise des élections, indique le constitutionnaliste, Georges Michel.
« D’abord, il faut renoncer à des élections frauduleuses, qu’elles viennent du gouvernement ou de l’opposition. Les élections frauduleuses ne sont pas bonnes pour le pays. Les gens qui commettent des fraudes dans les bureaux de votes doivent être traduits en justice », recommande-t-il.
Il appelle les responsables électoraux à apporter des corrections dans le système, les partisans de candidats à accepter la défaite et à rejeter l’attitude de gagner les rues pour contester.
L’historien salue le courage et la sagesse des 27 candidats qui avaient compris qu’il fallait se retirer de la course.
Il invite l’Haïtien à se soigner de la maladie dite « présidentite ».
Parmi les 27 candidats actuels à la présidence, certains étaient arrivés en tête des résultats dans les élections de 2015.
Il s’agit de Jovenel Moïse du Parti haïtien tèt kale (Phtk), Jude Célestin de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), Jean Charles Moïse de Pitit Desalin et Maryse Narcisse de Fanmi lavalas.
Plusieurs candidats, par désillusion, se sont retirés dans la course électorale à la présidentielle, suite à l’expérience malheureuse des scrutins de 2015.
Le candidat à la présidentielle de 2015 pour le Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), Samuel Madistin, arrivé 10e, avec 13,656 votes, 0.88% de l’électorat et Me Michel André de la plateforme Jistis, arrivé 40e avec 1,272 votes, 0.08% de l’électorat, ont jeté l’éponge.
Madistin évoque comme justification un processus électoral relancé avec beaucoup de précipitation. Il souligne que les conditions exécrables d’organisation des élections et les fraudes massives, qui ont caractérisé les scrutins, ne lui permettent pas d’évaluer le niveau de réceptivité de l’électorat.
Pour sa part, André Michel pense que sa mission consiste d’abord et surtout à travailler au rassemblement du secteur démocratique et populaire, condition sine qua non au triomphe des idées et du projet de ma famille politique, dans une lettre adressée au Cep.[jep emb gp apr 24/06/2016 11:50]