P-au-P, 20 juin 2016 [AlterPresse] --- Les victimes du massacre de Guayubin, commis le 18 juin 2000 en République Dominicaine, continuent d’exiger réparation 16 ans après, rapporte le Groupe d’appui aux réfugiés et rapatriés (Garr), dans une note transmise à AlterPresse.
Six ressortissants haïtiens et un dominicain ont été abattus et plusieurs autres personnes ont été blessées, lors d’une fusillade effectuée par des militaires dominicains sur le véhicule qui les transportait.
« Certains des survivants ont été rapatriés de manière collective et arbitraire du territoire dominicain. Les blessés n’avaient reçu aucune assistance médicale et les dépouilles des personnes qui ont perdu la vie avaient été inhumées immédiatement dans une fosse commune, en territoire voisin, sans avoir été identifiées », rappelle la note.
Traduits par devant le tribunal militaire en juillet 2000 pour homicide, les soldats dominicains ont été innocentés 5 jours plus tard.
Les victimes ont, en vain, demandé de se faire auditionner devant les tribunaux civils.
Le Garr et le Centre culturel dominicano-haïtien (Ccdh) dénoncent la mauvaise foi des autorités dominicaines qui refusent d’exécuter les mesures issues du verdict de la Cour interaméricaine des droits humains (Cidh).
Rendue publique, le 29 novembre 2012, cette décision de la Cidh avait condamné l’Etat dominicain pour avoir attaqué, exécuté et blessé une trentaine de migrants haïtiens, le 18 juin 2000.
Suite au blocage du dossier en République Dominicaine en 2005, les victimes, appuyées par le Garr, le Ccdh et la Clinique internationale de droits humains (Ciddhu), avaient décidé de saisir les instances du système interaméricain de protection des droits humains.
La procédure rendue longue et fastidieuse a duré plus de 7 ans.
Suite aux démarches, un verdict prononcé en 2012 par la Cidh a exigé à l’Etat dominicain de verser une indemnité de 927,000 dollars américains en réparation aux victimes.
Un délai de 6 mois à un an avait été octroyé aux autorités dominicaines pour exécuter l’arrêt, mais rien n’est fait jusqu’à date, déplore le Garr.
Les institutions pétitionnaires avaient déjà rédigé et soumis, le 10 juillet 2014, un rapport à la Cidh pour attirer son attention sur le refus de l’État dominicain d’appliquer la sentence.
Dans une correspondance datée du 27 juillet 2014, la Cour interaméricaine avait sollicité des autorités dominicaines de produire un rapport sur l’état d’avancement des mesures de réparation civile.
À l’occasion du 16e anniversaire de ce massacre (18 juin 2016), les pétitionnaires projettent de continuer toute une série de démarches à l’échelle nationale et internationale pour porter les autorités dominicaines à exécuter l’arrêt de la Cour jusqu’à ce que les victimes et leurs ayants droit obtiennent réparation. [bd emb gp apr 20/06/2016 11 :20]