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Haïti-Justice : Jilap dénonce les mesures d’interdiction de port d’armes du Cspn

P-au-P, 14 juin 2016 [AlterPresse] --- La Commission épiscopale (catholique romaine) Justice et paix (Ce-Jilap) dénonce les mesures d’interdiction de port d’armes sur toute l’étendue du territoire, prise par le Conseil supérieur de la police nationale (Cspn).

Cette mesure, prise anormalement, pourrait entraîner de graves conséquences sur la société, indique à AlterPresse le responsable d’observation à Jilap, Rovelson Apollon.

« On ne dirige pas un pays avec de l’émotion. Cette mesure peut créer de la panique et des troubles dans le pays », alerte Jilap.

« Nous vivons dans un pays, où l’armement n’est pas contrôlé. Il y a près de 500 mille armes illégales [en circulation] dans le pays ».

Est-ce que l’État a le contrôle de ces armes ?, s’interroge-t-il, appelant les autorités à évaluer en toute lucidité la situation d’insécurité dans le pays, en vue de la maîtriser.

Tous les permis de port d’armes sont provisoirement suspendus sur tout le territoire, suivant une décision du Conseil Supérieur de la Police Nationale (Cspn), prise le 9 juin 2016, indique une note du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), en date du 10 juin 2016.

Des instructions formelles ont été passés aux forces de l’ordre en vue de l’application stricte de cette mesure, poursuit la note.

Le Mjsp dit renouveler sa détermination à lutter énergiquement contre toute forme de banditisme.

La publication de cette mesure a suscité un vif tollé chez de nombreux citoyens et citoyennes, qui craignent une remontée des cas d’insécurité dans le pays contre de paisibles gens.

Récemment, le gouvernement haïtien a dit condamner « avec la plus grande rigueur » les actes de vandalisme, d’attaque armée, d’incendie et de tentative d’incendie, perpétrés à travers la capitale Port-au-Prince, dans la nuit du mardi 7 au mercredi 8 juin 2016.

Des bâtiments publics et installations privées, dont des stations à essence, ont été la cible d’individus mal intentionnés, a indiqué un communiqué du ministère de la culture et de la communication.

La mesure d’interdiction de port d’armes est prise dans un moment assez difficile et de troubles politiques, fustige Apollon.

Il estime qu’il revient au parlement de statuer sur la question du port d’armes, à cause du vide juridique qui existe en la matière.

« Il y a beaucoup plus d’armes en circulation. Donc, il revient à l’État de prendre des dispositions pour contrôler ceux qui détiennent ces armes à feu, non pas en levant les permis de port d’armes, mais plutôt en faisant preuve de capacité, d’une plus grande vision pour résoudre la question de l’armement dans le pays ».

Cette mesure est prise avec beaucoup de légèreté, regrette le responsable d’observation à Jilap. [bd emb gp apr 14/06/2016 11 :35]