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Cri d’alarme de plusieurs organisations à propos du droit à l’alimentation, en péril en Haïti

Déclaration du Forum sur le droit à l’alimentation, qui s’est tenu les 24 et 25 Mai 2016 au Campus Roi Henry Christophe de Limonade

Document soumis à AlterPresse le 8 juin 2016

Nous, Organisations de Droits Humains, du Développement Rural et Paysannes, réunis au Campus de l’Université Roi Henry Christophe à Limonade en date du 24 et 25 Mai 2016 en vue de réfléchir sur la question épineuse du Droit à l’Alimentation. En effet, le pays se trouve actuellement dans une situation de crise globale caractérisée entre autres par la dégradation de l’environnement, la sécheresse, décapitalisation des paysans-agriculteurs, l’insécurité alimentaire. Selon les chiffres officiels plus de 1.5 millions d’haïtiens sont dans l’insécurité alimentaire sévère et près de 5 à 6 millions en sont menacés.

Sans oublier le changement climatique et le phénomène El Niño qui a frappé le pays durant les deux années précédentes avec particulièrement la grande sécheresse sans précédente qui avait détruit presque toutes les récoltes des paysans dépourvu généralement de subvention de l’Etat, qui n’arrive pas à définir de politiques publiques concernant la production agricole nationale dans la perspective de la réalisation du droit à l’alimentation.

D’un autre côté, on continue à assister à la dévaluation de la gourde par rapport au dollar et la montée vertigineuse des prix des produits de premières nécessités sur le marché local, qui est en grande partie envahi par des produits venant de l’étranger.

Ce sont là, les principaux constats que les participants et participantes au forum ont faits. Ce tableau sombre que les participants ont dressé représente plus qu’une menace pour la réalisation du droit à l’alimentation, lequel revêt un caractère transversal puisque poser la question du droit à l’alimentation c’est en quelque sorte poser la question du droit à la santé, du droit à la terre, du droit au Travail…etc. Donc, il est important qu’un plus grand travail de sensibilisation soit engagé avec la participation des différents acteurs concernés : groupes de base, organisations de droits humains, organisations paysannes, autorités locales et centrales pour la promotion et la défense du droit à l’alimentation.

Résolution

Considérant la faiblesse au niveau du cadre légal sur le Droit à l’alimentation en Haïti. Considérant l’absence d’une loi d’application sur le droit à l’alimentation en Haïti ;

Considérant le protocole facultatif se rapportant au PIDESC signé et non encore ratifié par Haïti ;

Considérant le protocole de San Salvador adopté le 17 novembre 1988 n’a pas encore ratifié par Haïti ;

Considérant que le droit à l’alimentation est un droit vital ;

Considérant que l’agriculture est le véritable secteur pouvant éliminer la faim dans le pays ;

Les Organisations initiatrices du Forum sur le Droit à l’Alimentation comme : POHDH, IRATAM, CE-JILAP, KIRO, ITECA, GADRU, SKDK, SJM/SWF et plus d’une dizaine organisations paysannes participantes s’engagent à :

1- Mener un véritable plaidoyer au niveau national auprès des Autorités étatiques pour la ratification du protocole additionnel sur le Pacte International relatif aux Droits Economiques Sociaux et Culturels (PIDESC) et la ratification du protocole de San Salvador ;
2- Réaliser d’autres forums dans le pays avec la participation des Autorités étatiques concernées par la problématique du Droit à l’Alimentation ;
3- Réaliser une grande campagne de sensibilisation sur l’agriculture durable, familiale et paysanne ;
4- Continuer à mener des actions en faveur d’une vraie réforme agraire dans le pays ;

Recommandations aux autorités

Ces organisations en profitent pour formuler des recommandations aux Autorités étatiques en vue de garantir la réalisation du Droit à l’Alimentation. Il s’agit de :

1. Intégrer au sein de la Constitution Haïtienne de 1987 au moins un chapitre traitant exclusivement le droit à l’alimentation ;
2. Adopter une loi d’application traitant en détail toutes les questions relatives au droit à l’alimentation ;
3. Mettre les terres fertiles et agricoles à la disposition des paysans ;
4. Freiner le processus d’accaparement des terres au profit des compagnies minières et des zones franches ;
5. Définir des politiques publiques qui visent à encadrer les exploitants agricoles, à créer des infrastructures et à renforcer la production agricole nationale ;
6. Créer des banques d’intrants et les mettre à la disposition des paysans ;
7. Renforcer les BACs (Bureaux Communaux Agricoles) et recourir les fermes agricoles.

Fait à Limonade, le 25 Mai 2016

Pour Authentification

Alermy PIERVILUS
Secrétaire Exécutif a.i POHDH

Liste des organisations signataires :

1. Plate-forme des organisations Haïtiennes des Droits Humains (POHDH)
2. Commission Episcopale Nationale Justice et Paix (CE-JILAP)
3. Institut de Technologie et d’Animation (ITECA)
4. Groupe d’Appui et de Développement en milieu Rural
5. Services Jésuites pour Migrants/ Solidarité frontalière (SJM/SWF)
6. Mouvement Kiro d’Haïti (KIRO)
7. Institut de Recherche et d’Appui Technique en Aménagement du Milieu (IRATAM)
8. Sant pou LA Kilti ak Devlopman Karis