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Haïti-Ueh : Pour une problématique du genre en milieu chrétien

Un jeune chercheur étudie la perception des femmes dans le protestantisme

P-au-P, 24 mai 2016 [AlterPresse] --- Le jeune chercheur, Emmanuel Marino Bruno, assistant à l’édition à l’agence en ligne AlterPresse, a présenté, le vendredi 20 mai 2016 - à la Faculté des sciences humaines (Fasch) de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh) - son travail de recherche en communication sociale, autour du thème « la perception des femmes selon l’église pentecôtiste », a observé AlterPresse.

Dans cette recherche, dont les résultats sont rendus publics dans un contexte de 200 ans de protestantisme en Haïti (mai 1816 - mai 2016), Bruno a étudié la relation existante entre : la perception véhiculée sur les femmes à l’église pentecôtiste de la rue du Centre, située à Port-au-Prince, et celle émise dans les textes du Pentateuque, des écrits de Paul et des Évangiles de la Bible de Louis Second, version 1910.

« Les femmes sont considérées comme des êtres faibles, soumis, dépendants, et inégaux par nature, par rapport aux hommes, à l’église pentecôtiste de la rue du Centre et dans les textes du Pentateuque, des écrits de Paul et des Évangiles », relève Emmanuel Marino Bruno, certifié en philosophie à l’École normale supérieure (Ens) de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh).

Les femmes ne sont pas traitées de manière égale aux hommes, à l’église pentecôtiste de la rue du Centre et dans les textes précités. Elles se trouvent dans l’impossibilité de célébrer un mariage, des funérailles et même de se faire nommer comme pasteures à l’église, suivant la recherche.

Cette condition, imposée aux femmes, découle d’une perception discriminatoire et patriarcale, exprimée à l’égard des femmes à l’église, estime-t-il, soulignant combien ce discours est en relation avec les textes du Pentateuque, des écrits de Paul et des Évangiles de la Bible.

La recherche d’Emmanuel Marino Bruno tente d’apporter des éclaircissements « majeurs » sur le type d’enseignements, dispensés aux hommes et aux femmes à l’église pentecôtiste de la rue du Centre.

La méthodologie

Dans son travail de recherche, Bruno a privilégié une approche mixte, qui regroupe enquête et analyse du discours pour asseoir son objet d’étude.

Pour évaluer la perception des membres de cette église, il a soumis un questionnaire d’enquête auprès de 25 fidèles (sur un total de 200), en formation pour devenir monitrices et moniteurs de l’école du dimanche, en vue de transmettre les enseignements bibliques appris à d’autres membres, personnes fréquentant l’église pentecôtiste de la rue du Centre, sur le point de devenir de nouvelles membres après s’être converties et être baptisées.

Le questionnaire a permis d’étudier, entre autres, cinq aspects de leurs opinions sur les femmes, à savoir : l’attribution de l’autorité au foyer, la soumission de la femme par rapport à l’homme, l’égalité de la femme par rapport à l’homme, la « faiblesse d’esprit » de la femme par rapport à l’homme, la nomination d’une femme comme pasteure à l’église.

Les résultats

Sur les 25 membres, dont 12 hommes et 4 femmes, ayant fourni des réponses au questionnaire soumis, 64 % attribuent l’autorité au foyer à l’homme, suivant l’enquête du chercheur Emmanuel Marino Bruno.

Les autres 9 membres, dont 5 hommes et 4 femmes (soit 36% des 25 personnes enquêtées), attribuent l’autorité au foyer aux deux sexes.

Aucune des 25 personnes (17 hommes et 8 femmes), interrogées dans l’enquête d’Emmanuel Marino Bruno, sur la perception vis-à-vis des femmes à l’église pentecôtiste de la rue du Centre, n’attribue uniquement l’autorité au foyer à la femme.

« La femme doit être soumise à l’homme au foyer » considèrent, tranchantes, 24 des personnes enquêtées, dont 16 hommes et 8 femmes (soit 96 %).

Les 8 femmes enquêtées, qui font montre d’aliénation, en reprenant les schèmes de pensée et de domination patriarcale au sein de la société en Haïti, n’hésitent pas à justifier que « la femme doit être soumise aux décisions de l’homme au foyer ».

Un constat, qui a fortement surpris le chercheur Emmanuel Marino Bruno.

Après l’analyse de l’ensemble des données recueillies, Bruno note combien l’église pentecôtiste de la rue du Centre, à Port-au-Prince, projette une perception discriminatoire et patriarcale vis-à-vis des femmes.

Les propositions

Au terme de son travail de recherche, le journaliste d’AlterPresse recommande, aux responsables de cette confession religieuse, de prendre des dispositions nécessaires pour dépouiller, leurs enseignements bibliques, de tout ce qui pourrait porter atteinte à la femme, comme les valeurs patriarcales qui consacrent la domination de l’homme sur la femme.

Emmanuel Marino Bruno les invite à inculquer aux membres de l’église les valeurs en équité de genre, de manière à favoriser une meilleure perception de la femme et à prendre une position ouverte, en condamnant, sans réserve, toutes atteintes aux droits fondamentaux de la femme, comme être humain à part entière, droits consacrés par la déclaration universelle des droits humains de 1948.

Ce travail de recherche, présenté à la Faculté des sciences humaines (Fasch) de l’Ueh, pour l’obtention du grade de Licence en communication sociale, a obtenu la mention « bien », avec la note de 74 / 100.

La soutenance a été présidée, le vendredi 20 mai 2016, par les professeurs Widlyn Dornevil, président, Luné Roc Pierre Louis dit Zago, lecteur critique, et Louis Gabriel Blot, directeur de mémoire. [jep rc apr 24/05/2016 12:30]