P-au-P, 11 mai 2016 [AlterPresse] --- Des experts appellent à démasquer le discours dominant qui présente l’exploitation minière comme une alternative de développement et non comme une menace.
L’exploitation minière n’est pas une alternative pour Haïti. Les expériences démontrent qu’elle peut occasionner de graves dégâts, souvent irréversibles, sur l’environnement et la vie de la population, avertit Milton Sanchez, un expert péruvien.
La région Cajamarca (Pérou) qui a subi l’exploitation minière pendant 23 ans est devenue l’une des régions les plus pauvres au Pérou, justifie-t-il.
Les objectifs premiers des sociétés transnationales qui investissent dans l’exploitation minière consistent à maximiser leurs profits, souligne le chercheur venant de l’Équateur, William Sacher.
Par rapport aux expériences observées à ce niveau, les bénéfices tirés de l’exploitation minière sont minimes en regard des coûts, poursuit-il.
L’exploitation minière pose le risque de violation des droits humains et occasionne des dégâts à l’environnement, avance la responsable de la « Global justice clinic » de la Faculté de droit à New York, Ellie Happel, dans un rapport publié le 9 mai 2016.
Le rapport indique que la vulnérabilité d’Haïti face aux catastrophes naturelles, la sécheresse et l’incapacité de l’État rendrait dangereuse l’exploitation des mines en Haïti notamment dans le massif du Nord.
Ellie Happel encourage la population haïtienne à s’engager pour défendre ses droits.
Le directeur exécutif de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), Camille Chalmers, se dit très inquiet du manque d’informations sur la question minière en dépit des travaux de plaidoyer réalisés à ce sujet.
Il exhorte les forces vives du pays à rester vigilantes face aux tentatives en cours, visant à doter le pays d’une nouvelle loi minière.
« Il y a un projet de loi qui est préparé et disponible depuis août 2014 et appuyé par des experts de la banque mondiale. (…) Nous sommes très inquiets en ce qui concerne le contenu de cette loi qui va nous faire régresser par rapport à la loi minière de 1976 », prévient-il.
Il appelle tous les secteurs à prendre conscience de l’impact négatif que peut avoir l’exploitation minière sur l’environnement, la santé et la disponibilité en eau.
Depuis plusieurs années, des inquiétudes sont exprimées face à un projet de loi à l’étude, qui placerait les intérêts des compagnies transnationales avant ceux de l’État et de la population.
Ce projet de loi n’établit pas un régime de « royalties » (Ndlr : redevances à verser, de manière régulière, à l’État d’Haïti, en échange du droit d’exploitation des ressources du sous-sol), garantissant des bénéfices équitables pour Haïti. [bd emb gp apr 11/052016 11 : 10]