P-au-P, 09 mai 2016 [AlterPresse] --- La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) souhaite la relance du Programme d’identification et de documentation des immigrants haïtiens (Pidih), dans une correspondance adressée, le 4 mai 2016, au premier ministre Enex Jean-Charles, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
La plateforme Garr l’encourage aussi à aborder les sujets, liés à l’accueil des rapatriés à la frontière haïtiano-dominicaine et à la problématique de l’état civil haïtien.
Garr fait état d’une mauvaise gestion des rapports...(relatifs au Pidih), notamment celui publié en décembre 2015 par l’Inspection générale des finances (Igf).
Seulement 0.69% des demandes de la population, ciblée par ce programme, ont été agrées, selon une évaluation du Pidih par l’Inspection générale des finances.
Plusieurs dépenses, faites dans le cadre du Pidih - dont l’utilisation des fonds a été évaluée à 2 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1euro = 75.00 gourdes aujourd’hui) -, auraient été réalisées en dehors de tous principes financiers.
Le Pidih a été lancé, le 21 juillet 2014, en République Dominicaine, par les dirigeants haïtiens, comme tentative de réponse à la sentence de la Cour constitutionnelle dominicaine, en date du 23 septembre 2013, visantà déchoir de la nationalité dominicaine plusieurs centaines de milliers de Dominicaines et de Dominicains, pour la plupart d’ascendance haïtienne.
La plateforme Garr critique le mode de gestion, de l’Etat haïtien, dans le dossier de l’accueil des personnes rapatriées en différents points de la frontière avec la République Dominicaine.
Dans la correspondance, à Enex Jean-Charles, Garr dit avoir constaté combien le gouvernement précédent (de Michel Martelly et d’Evans Paul) avait privilégié des actions ponctuelles, initiées par les organisations humanitaires, au lieu de favoriser une réponse institutionnelle, qui aiderait à accueillir, dans la dignité, les personnes qui traversent la frontière.
« Il est impensable que l’Office national de la migration (Onm), la structure étatique ayant le mandat pour intervenir, soit complètement écartée, parce qu’elle n’a pas les moyens ni le personnel suffisant, au profit d’autres structures, qui n’ont ni le mandat ni la compétence. », réagit Saint-Pierre Beaubrun, coordonnateur de la plateforme Garr.
Les conditions de rapatriement des réfugiés haïtiens sont de plus en plus précaires, alors qu’augmente, toujours plus, le nombre d’immigrantes et d’immigrants, suite à la pauvreté et à l’insécurité qui sévissent dans le pays, indique la lettre à Enex Jean-Charles.
L’organisation de défense des droits des migrantes et migrants s’est aussi penchée sur la question de la modernisation du système d’état civil haïtien, dont le dysfonctionnement entraîne de sérieux problèmes de documentation à la population haïtienne.
Sensible à la condition des réfugiés et des rapatriés haïtiens, la plateforme Garr dit compter sur l’engagement de l’Etat haïtien à s’engager dans la voie du respect et de protection des droits de toutes les Haïtiennes et de tous les Haïtiens, sans distinction.
Des expulsions de milliers de migrantes et migrants haïtiens et de Dominicains d’ascendance haïtienne sont effectuées depuis l’expiration, le 17 juin 2015, du Plan national de régularisation des étrangers (Pnre).
Ce plan a été instauré après l’arrêt 168-13, pris par la Cour constitutionnelle dominicaine le 23 septembre 2013, dénationalisant plusieurs centaines de milliers de Dominicaines et de Dominicains, pour la plupart d’origine haïtienne. [sjb emb rc apr 09/05/2016 1:41]