Par Jean Elie Paul
Cap-Haïtien, 09 mai 2016 [AlterPresse] --- Des exercices de simulation ont eu lieu, le vendredi 6 mai 2016, dans la ville du Cap-Haïtien (chef-lieu du département du Nord d’Haïti), en vue d’encourager à la population à maîtriser ses réactions face à un éventuel tsunami, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Cette simulation de tremblement de terre, générant un tsunami, appelée « Simex », viserait à réduire leurs éventuels effets, au cas où ils se produiraient dans le département du Nord d’Haïti.
« Le plan de contingence est un ensemble de dispositions, prises pour que chaque personne - ayant la responsabilité de gérer une crise (de ce type) - sache ce qu’elle doit faire », explique l’ingénieur Bétonus Pierre, consultant des dossiers « risques et géographie » à la Direction de la protection civile (Dpc), lors d’une conférence de presse, le jeudi 5 mai 2016.
« L’exercice Simex 2016 a simulé un tremblement de terre de magnitude 6.7 d’origine tectonique. L’épicentre a été localisé en mer à environ 6 km de la ville du Cap Haïtien et à 10 km de profondeur », détaille le consultant en gestion des risques et désastres à la branche nationale du Programme des Nations Unies pour le développement (Pnud), Philippe Cova.
« Quand on fait le Simex, il faut faire comprendre à la population que (...) ce n’est pas un film, mais c’est la réalité », fait-il ressortir.
Ont pris part à ces exercices (de simulation) plus de 4,500 personnes, dont 3,800 élèves, 200 professeurs, 350 personnels de sécurité ainsi que 19 écoles et entreprises privées au Cap-Haïtien.
Ces exercices s’inscrivent dans le cadre d’une série d’activités de sensibilisation de la population, dans le grand Nord, sur l’existence de risques sismiques.
Conformément à la modélisation, réalisée par les experts, cette simulation de séisme devrait générer un tsunami, avec des vagues de 2 mètres de hauteur pénétrant l’intérieur des quartiers de la ville du Cap-Haïtien.
Des estimations, liées à ce tremblement de terre, ont été faites pour les 4 villes importantes du grand Nord.
La ville du Cap-Haïtien, où ont été effectués ces exercices de simulation, comprend actuellement 495 mille personnes, dont plus de 8.2% de la population pourrait être victime du tsunami, soit plus de 46 mille personnes.
Ce tsunami serait susceptible d’occasionner 22,100 sans-abris et 47% de bâtis endommagés.
L’État haïtien a élaboré et validé une « feuille de route », dont l’objectif est de travailler à réduire la vulnérabilité sismique en Haïti.
Ce document d’orientation stratégique concerne fondamentalement la surveillance et l’évaluation constantes de la menace sismique en Haïti.
« Les départements du grand Nord d’Haïti sont exposés à un risque sismique élevé, en raison de la proximité de la faille septentrionale à l’origine du tremblement de terre dévastateur du 7 mai 1842, de magnitude 8 », prévient Moise Saintilus, secrétaire général de la délégation du Nord.
Ces départements, dit-il, sont les plus exposés au risque sismique et au tsunami.
La prise de conscience ainsi que l’éducation du public et des institutions se révèlent urgentes pour l’État haïtien dans la réduction de la vulnérabilité de la population face à l’imminence d’un séisme, encourage-t-il.
La formation sur les normes parasismiques dans la construction y est aussi indispensable.
« L’évaluation du risque sismique du 30 juillet 2015, réalisée par la firme spécialisée Miyamoto, a permis d’évaluer les dégâts probables dans les quatre villes du grand Nord à 75 mille morts, 350 mille personnes à reloger temporairement et plus de 50 % de la superficie des bâtis endommagés », d’après un document du Pnud.
En termes de prévention, 220 maçons ont été certifiés, 37 ingénieurs formés en construction parasismique, le bâti évalué et le niveau des risques présenté sous forme de cartographie.
300 panneaux de prévention ont été installés dans plusieurs zones exposées aux risques.
Haïti dispose actuellement de 3 marégraphes pour la surveillance de la mer et l’alerte précoce, en cas de tsunami.
Trois exercices de simulation au tsunami ont été déjà réalisés en 2012 et en 2014, avec des évacuations de plus de 5 mille personnes (ville du Cap Haïtien, y compris le quartier de Petite-Anse, et de Port-de-Paix / Nord-Ouest).
Une bonne partie de la ville du Cap-Haïtien est située au bord de la mer, ce qui risque de provoquer beaucoup plus de dégâts, selon des experts.
Les constructions anarchiques ne répondent pas, non plus, aux normes parasismiques.
« Le plan de contingence sismique est d’un intérêt capital pour nous au niveau de la délégation du Nord », fait valoir Moise Saintilus.
« Un plan de contingences est un outil extrêmement important, dans la mesure où il permet aux autorités de bien comprendre leur rôle, leurs responsabilités, dans la préparation et la prévention aux éventuels phénomènes sismiques », poursuit-il.
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Après 24 semaines de préparation, les dirigeants locaux sont mieux armés pour faire face à un éventuel tremblement de terre, accompagné d’un tsunami.
S’étendant de la période du 15 juillet 2011 au 30 septembre 2016, le projet coûtera près de 9, 960 millions de dollars américains (US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 75.00 gourdes aujourd’hui). [jep emb rc apr 09/05/2016 14:50]