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Haïti-Presse : L’accès à l’information et le respect de la déontologie au cœur des préoccupations

P-au-P, 04 mai 2016 [AlterPresse] --- L’accès à l’information et la déontologie ont été au centre d’un atelier, animé par divers spécialistes, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai.

Les organisateurs ont voulu procéder à une auto-évaluation du « Code de déontologie des médias et des journalistes d’Haïti », adopté en 2011.

« La liberté de la presse fait référence à des droits et prérogatives. Ce qui donne sens à ces prérogatives, c’est le droit du public à une information correcte, intégrale, complète et rigoureuse », souligne le professeur et journaliste Vario Sérant, lors d’une conférence à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

Quand on parle d’éthique, le plus important c’est d’avoir des repères, indique-t-il, tout en encourageant les jeunes journalistes à se documenter pour avoir des références.

Sérant affirme, par ailleurs, que les meilleurs journalistes sont celles et ceux qui connaissent les genres journalistiques.

La liberté d’expression et le code de déontologie ont besoin d’être interprétés constamment. Le travail d’interprétation est quasi infini. Il faut un équilibre entre la liberté d’expression et les interdictions en tout genre, explique, pour sa part, le professeur Hérold Toussaint.

Tout bon journaliste doit avoir la capacité d’analyse et de sens critique, relève-t-il, citant l’auteur Denis Diderot.

Comment exercer le métier de journaliste, dans un environnement traversé quotidiennement par des passions politiques ? Quelle doit être la position d’un journaliste dans un climat de passion politique, s’interroge Toussaint.

Le directeur général de la Société d’animation et de communication sociale (sigle créole Saks), Ary Régis, estime qu’il n’existe pas d’objectivité ni de neutralité, parce qu’on est toujours face à des choix politiques, économiques, idéologiques, souvent masqués par des discours d’égalité, véhiculés dans les médias.

Toutefois, il précise que le journaliste, en tant qu’agent du changement social, ne saurait être partisan du statu quo, puisqu’il est appelé à aider la société à évoluer, donc à changer.

De ce fait, le journaliste devient intrinsèquement impartial.

Le journaliste doit mettre l’éthique en avant et être conscient de son rôle d’informer et de médiateur, exige le coordonnateur du Groupe Médialternatif (Gm), Gotson Pierre, dans une présentation-vidéo.

C’est une bonne initiative de revenir sur le code de déontologie cinq ans après, alors que persistent certains comportements dans l’exercice du métier, qui continuent de nous interpeller, estime-t-il.

Certains journalistes connus se seraient mus en mandataires de partis politiques, alors que d’autres se portent candidats sans laisser le métier, en essayant de jouer sur deux tableaux, cite-t-il.

Des journalistes auraient accepté de l’argent pour des interviews avec des parlementaires, poursuit-il.

Les femmes dans les médias

La journaliste du quotidien le Nouvelliste, Winnie Hugot Gabriel, relève un déséquilibre flagrant entre la présence des femmes et des hommes, au niveau des médias.

Une faible représentation des femmes est constatée dans la presse écrite, qui reste la chasse gardée des hommes, dénonce-t-elle, soulignant combien est présente la sous-représentation des femmes dans des médias.

En dépit de certaines avancées, observées dans le domaine, avec quelques femmes ayant fait carrière dans le métier, il reste des obstacles à l’émergence des femmes dans les médias.

En ce sens, elle énumère comme difficultés le manque d’intérêt pour le métier, la précarité existante, le déficit de formation, les salaires dérisoires et les obligations familiales.

Encourageant une sensibilisation des journalistes sur la notion du genre, elle plaide pour une réduction des contenus sexistes et discriminatoires vis-à-vis des femmes.

La conférence-débat du mardi 3 mai 2016 a été organisée sous les auspices de l’Initiative communication (Ic) en partenariat avec l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation la science et la culture (Unesco), le Groupe Médialternatif (Gm), la Société d’animation et de communication sociale (Saks) et le Réseau des femmes des radios communautaires (Refraka).

La journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée, cette année 2016, autour du thème « l’accès à l’information et aux libertés fondamentales, c’est votre droit ». [bd emb gp apr 04/05/2016 10:50]