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Haïti-Santé : Des journées de grève perturbent le fonctionnement de l’hôpital St Michel de Jacmel

Correspondance Gerdy Jérémie

Jacmel, 27 avril 2016 [AlterPresse] --- Après une première journée de grève le lundi 25 avril 2016, l’hôpital St Michel de Jacmel (département du Sud-Est) a été à nouveau paralysé le mardi 27 avril 2016, observe AlterPresse.

Allongée sur le sol à l’entrée de l’hôpital, une femme âgée d’une quarantaine d’année se tord de douleur. Avec ses jambes enflées, elle peut à peine se tenir debout.

Elle a été transférée par les médecins cubains de l’hôpital public de Cayes-Jacmel pour être soigné à l’hopital St-Michel.

La souffrante a passé plus d’une demie heure à l’entrée principale de la salle d’urgence, avant d’être enfin accompagnée par un bon samaritain jusqu’à la salle d’urgence.

« Madame, désolé ! je ne peux rien faire pour vous, nous sommes en grève », lâche un jeune médecin s’adressant à la patiente, sans même lui poser de question sur son état de santé.

« Nous sommes en train de renvoyer d’autres malades, et nous ne sommes pas les seuls en grève. Cela concerne toutes les régions du pays », ont renchéri en chœur d’autres membres du personnel.

La malade a été contrainte de rebrousser chemin avec beaucoup de difficultés.

Plusieurs dizaines d’autres malades notamment des bébés ont été également renvoyés chez eux, sans avoir reçu les soins que nécessitait leurs cas.

À 13h 40 p.m, la salle d’attente a été déjà vidée des patients qui étaient en attente des soins sanitaires.

Les journées d’arrêt de travail prévues pour une durée indéterminée ont été entamées par les médecins et le personnel de l’hôpital St Michel, supportés par d’autres professionnels médicaux affectés à d’autres institutions sanitaires du département du Sud-Est.

« Cette grève est maintenue jusqu’à la satisfaction de nos revendications », ont martelé les grévistes qui exigent des autorités sanitaires de meilleures conditions de travail et un ajustement salarial, entre autres.

Ils se disent solidaires du mouvement de grève lancé depuis plusieurs semaines par les médecins résidents de l’hôpital de l’Université d’État d’Haïti à Port-au-Prince, la capitale.

« Mon bébé a un rendez-vous de vaccination, mais les médecins m’ont dit qu’ils ne travaillent pas aujourd’hui », explique une jeune mère avec son bébé sous le bras.

Les grévistes dénoncent l’état critique dans lequel les soins sont administrés aux patients. Diverses structures sanitaires à travers le pays particulièrement celles du Sud-Est ne disposent pas de matériels de soins sanitaires adéquats.

« Nous sommes souvent confrontés à des patients qui meurent, faute d’une bombonne d’oxygène, d’un soluté ou de tissus de gaz […], parfois, nous ne disposons même pas d’une paire de gants pour pouvoir les soigner. C’est une situation révoltante, nous ne pouvons pas rester les bras croisés sans réagir », justifie un gréviste.

Les grévistes appellent à la compréhension de la population et des malades en particulier face à la grève observée « dans l’intérêt supérieur de la communauté ».

Le directeur médical de l’hôpital de St Michel, Dr Newton Jeudy se dit surpris de ce mouvement enclenché sans qu’il ait été administrativement informé alors que les grévistes ont affirmé avoir adressé une pétition au Ministère de la santé publique et de la population (Mspp) à ce sujet. [gj emb apr 27/04/2016 12 : 10]