Lascahobas, 26 avril 2016 [AlterPresse] --- Le Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) dénonce la libération, sans suite, à Lascahobas (département du Plateau central) d’un jeune homme appelé Rousseau, âgé de 25 ans, accusé de viol sur une adolescente de 16 ans, dans une note transmise à AlterPresse.
Le jeune homme, arrêté par la police le dimanche 17 avril 2016, a été libéré par le tribunal de paix de la commune de Lascahobas, le mardi 19 avril 2016.
L’adolescente, violentée et qui a souffert de troubles mentaux depuis son enfance, a été enlevée le mercredi 13 avril 2016, aux environs de 11:00am (16:00 gmt) à Figuier, une localité de Juampas, 1re section de Lascahobas.
Elle allait être retrouvée nue, avec une hémorragie vaginale et des blessures au niveau des cuisses, le jeudi 14 avril 2016, à Mirebalais, dans le département du Plateau central.
« J’étais en route pour rentrer à la maison, quand j’ai rencontré Rousseau. Il m’a proposé de coucher avec lui pour de l’argent. J’ai refusé. Il est parti avec moi dans un bosquet et il m’a violée. Il m’a ensuite forcée à monter à bord de sa moto pour me conduire à Mirebalais, où j’ai été, une nouvelle fois, violée par deux autres jeunes garçons, dont j’ignore l’identité », explique l’adolescente de 16 ans.
Insatisfait de la décision judiciaire qui, dit-il, est émaillé de corruption, le père de l’adolescente violentée critique le juge, qui était chargé du dossier.
Ce juge aurait exercé, sur le père de l’adolescente violentée, des pressions, avec la complicité de son avocat, pour qu’il trouve un terrain d’entente avec le présumé violeur, rapporte la plateforme Garr.
« Ils m’ont demandé de tout abandonner, tout en me faisant croire que Rousseau allait me donner de l’argent, en aparté, pour le dédommagement de ma fille », a-t-il confié.
Déplorant cet acte répréhensible, perpétré contre sa fille, le père dénonce les menaces, dont il dit être l’objet, tout en réclamant justice et réparation.
« Je n’entends pas lâcher prise, même au péril de ma vie. Il faut que la justice triomphe dans cette affaire », poursuit-il.
Condamnant cet acte « barbare », la plateforme Garr dénonce cette pratique courante de certains juges de paix, appelés juges de simple police en matière pénale, qui obligent souvent les victimes des actes criminels à trouver un arrangement avec leurs agresseurs, donnant ainsi une prime à l’impunité et à la criminalité.
Le droit pénal haïtien donne aux tribunaux de simple police la compétence pour statuer seulement sur les contraventions, qui sont des infractions mineures, rappelle la plateforme Garr.
Lorsqu’il est saisi d’un délit ou d’un crime, le juge de simple police devient incompétent et doit agir en officier de police judiciaire, faire l’information préliminaire et transférer l’affaire au Parquet de sa juridiction, ajoute la plateforme Garr.
La plateforme Garr appelle les autorités judiciaires haïtiennes à diligenter une enquête approfondie autour de la décision de libération, sans suite, du tribunal de simple police de Lascahobas, en vue de permettre de punir tous les complices, auteurs et coauteurs de cette infraction.
La plateforme Garr réclame justice et réparation en faveur de cette famille victime, tout en exhortant les autorités haïtiennes à travailler pour combattre la violence sexuelle faite aux femmes et filles dans le pays, notamment dans la commune de Lascahobas. [bd emb rc apr 26/04/2016 13:50]