P-au-P, 18 avril 2016 [AlterPresse] --- L’ancien chef d’État, Michel Martelly appelle l’actuel président provisoire, Jocelerme Privert à respecter l’accord politique du 6 février 2016, dans une lettre ouverte en date du 15 avril 2016.
Dans cette lettre rendue publique, Martelly fustige la démarche du gouvernement actuel qui se donne un « agenda étendu », « voire illimité », non conforme à son mandat, circonscrit dans l’accord signé.
« Cette démarche ne va pas permettre de résoudre la crise, elle va plutôt à l’aggraver », estime-t-il.
Cette position de l’ancien président arrive plus de deux mois après avoir laissé le pouvoir, soit le 7 février 2016, suite à un accord politique qu’il a lui-même signé conjointement avec les présidents des deux chambres.
Cet accord signé par Privert qui était, à l’époque, président de la chambre haute, visait à trouver une issue à la crise électorale.
Martelly critique le président provisoire qui a, selon lui, rendu le sénat quasiment dysfonctionnel, à cause des fonctions administratives offertes à des sénateurs, à titre de récompense.
Le sénateur de l’Organisation du peuple en lutte (Opl), François Anick Joseph, a démissionné de son poste de sénateur pour se charger du portefeuille du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Mict).
Le président provisoire et le premier Enex Jean-Charles ont procédé, le 11 avril, à 15 nouvelles nominations de hauts fonctionnaires dans l’administration publique, dont un ministre, un secrétaire d’État et un directeur général par intérim de la police.
L’ancien colonel Antoine Atouriste est nommé ministre de la défense, le citoyen Paul Harry Voltaire devient secrétaire d’État aux collectivités territoriales et l’ancien directeur central de la police administrative, Mikerlange Gédéon, a été promu directeur général ad interim de la Police nationale d’Haïti (Pnh) en remplacement de Godson Orélus.
Martelly fustige l’attitude de certains politiciens qui occupent des postes dans l’actuel gouvernement comme une sorte de butin de guerre, sans recourir à la voie des urnes.
Martelly, qui n’a jamais organisé d’élection durant ses 5 ans de pouvoir, souligne l’urgence d’engager le processus d’organisation du second tour de la présidentielle et de mettre en place un « gouvernement légitime » dans les délais prévus par l’accord.
L’ancien président critique aussi les stratèges du gouvernement actuel qui instaure, dit-il, la persécution sous toutes ses formes pour parvenir à ses fins.
Entre temps, diverses organisations de la société exigent du nouveau commissaire du gouvernement près le tribunal de première instance de Port-au-Prince, Me Jean Danton Léger, d’arrêter toutes celles et tous ceux qui sont impliqués dans le pillage des fonds publics notamment les dirigeants de l’État sous l’ancienne administration de Martelly.
Léger a déjà émis des avis d’interdiction de départ concernant plusieurs justiciables, dont l’ancien ministre de l’économie et des finances, Wilson Laleau, le directeur général de l’Autorité portuaire nationale (Apn), Alix Célestin, et l’homme d’affaires Marc Antoine Accra.
Un sit-in a été organisé, le vendredi 15 avril 2016 devant les locaux de la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), pour dénoncer la corruption dans l’administration publique.
Cet sit-in a eu lieu sous l’initiative de plusieurs organisations dont le Cercle d’études en littérature gramscienne (Cercle Gramsci), le Groupe de réflexion sur les problèmes sociaux (Greps), l’Union nationale des normaliennes et normaliens haïtiens (Unnoh), le Mouvement démocratique populaire (Modep) et le Mouvement de liberté et d’égalité des Haïtiens pour la fraternité (Moleghaf).
Cette mobilisation a rassemblé des dizaines de militants, munis de pancartes sur lesquelles sont affichés des messages hostiles à Martelly. [jep emb apr 18/04/2016 12 :50]