65% des Haïtiennes et Haïtiens préfèrent consommer diri peyi a (le riz produit en Haïti) que le riz importé, révèle une enquête d’Oxfam America sur la consommation de riz local.
Correspondance Exalus Mergenat
Gonaïves, 15 avril 2016 [AlterPresse] --- Une campagne nationale a été lancée, le mercredi 13 avril 2016, à l’Estère (département de l’Artibonite), en vue de réclamer des autorités un meilleur encadrement en faveur de la production du riz, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Diri peyi se fyète m, an n kore l (le riz national est ma fierté, supportons-le) : tel est le thème de la campagne nationale de riz, initiée sous les auspices de la Fédération nationale des producteurs de riz en Haïti (Fenaprih), au local du Rassemblement pour l’avancement des coopératives de production appropriée et le bien-être alternatif (Racpaba).
Cette campagne nationale de riz a pour objectif de porter les autorités haïtiennes à adopter une politique intégrée, visant à augmenter la production de riz en Haïti, spécialement dans la Vallée de l’Artibonite (la zone de plus grande production de riz en Haïti).
« Nous voulons également un cadre stable et régulé pour les importations de riz dans le pays », préconise le président de la Fenaprih, Pierre-Richard Saint-Ard.
Diverses activités, comme des marches pacifiques, des sit-in, des conférences-débast sur la production nationale agricole et des rencontres avec les autorités sont annoncées dans le cadre de cette campagne en faveur de la production de riz, surtout dans l’Artibonite.
« Les décideurs publics doivent (...) accompagner les producteurs, faciliter l’accès au crédit agricole des agricultrices et agriculteurs, mettre à disposition des moyens techniques, des semences de qualité et les intrants nécessaires », exige la Fenaprih.
« La production nationale est la clef de développement de tout pays. Les autorités haïtiennes doivent avoir une politique appropriée pour faire d’Haïti un pays fort sur le plan agricole », plaide-t-elle.
La Fédération nationale des producteurs de riz en Haïti exhorte l’État à mettre sur pied la commission nationale de riz, dans la perspective de faciliter l’équilibre entre les activités de différentes actrices et de différents acteurs, intervenant dans la filière rizicole, dans la vallée de l’Artibonite et sur le territoire national en général.
« 65% des Haïtiennes et Haïtiens préfèrent consommer diri peyi a (le riz produit en Haïti) que le riz importé, révèle une enquête d’Oxfam America sur la consommation de riz local », confirme le coordonnateur de plaidoyer et de recherche à Oxfam, Tonny Joseph.
La politique agricole du gouvernement haïtien favorise, plutôt, l’importation de riz, au détriment des productrices et producteurs locaux, ainsi que de toutes les actrices et de tous les acteurs de la filière riz en Haïti, souligne l’enquête d’Oxfam America.
« Les autorités doivent prendre des décisions, visant la modernisation de la filière du riz, en vue d’accroitre la production de riz, tout en y garantissant un investissement permettant aux agricultrices et agriculteurs de mieux s’adapter », selon les témoignages rapportés dans l’enquête.
Depuis des décennies, la vallée de l’Artibonite, qui représente la plus grande zone de production de riz en Haïti, fait face à de nombreux problèmes, déplore, de son côté, l’ingénieur-agronome Franklin Benjamin.
« Pas d’eau, pas d’entretien des systèmes d’irrigation et de drainage, pas d’intrants agricoles, la main d’œuvre se fait de plus en plus rare. Ce qui entraîne une baisse considérable de la production rizicole dans l’Artibonite », rapporte l’ancien directeur de l’Organisme de développement de la vallée de l’Artibonite (Odva).
Cette campagne nationale, en faveur de la valaorisation de la production du riz en Haïti, spécialement dans la Vallée de l’Artibonite, constitue une opportunité pour les agricultrices et agriculteurs d’exiger l’adoption de mesures institutionnelles, en vue de relancer la production agricole nationale, aux yeux de l’ingénieur-agronome Benjamin.
« La filière du riz est importante pour le pays. Elle emploie plus de 60,000 productrices et producteurs, 30,000 ouvrières et ouvriers agricoles. La relance de cette production pourrait contribuer, non seulement à la diminution du taux de chômage, mais aussi au développement économique d’Haïti », déclare-t-il.
Benjamin plaide en faveur de l’augmentation graduelle de la taxe sur le riz importé et de la mise sur pied d’un réseau de centre de recherche agricole et de formation pour les productrices et producteurs nationaux.
Ces mesures devraient inciter à la reconquête de la souveraineté alimentaire en Haïti.
Une centaine de personnes du secteur privé, membres d’organisations de productrices et producteurs, dans la vallée de l’Artibonite, des départements du Sud, du Nord et de l’Ouest (où se trouve la capitale, Port-au-Prince), ont assisté au lancement, le mercredi 13 avril 2016, à l’Estère, de cette campagne nationale en faveur de la valorisation de la production du riz national. [me emb rc apr 15/04/2016 13:50]