P-au-P, 11 avril 2016 [AlterPresse] --- Des organisations syndicales exigent le respect de douze semaines de congés de maternité payés en Haïti, lors d’une journée de réflexion, organisée à la fin de la semaine écoulée autour du thème Nou vle touche 12 semèn konje matènite (Nous voulons être payés pour 12 semaines de congés de maternité), à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Le but de ce plaidoyer est de porter l’État haïtien à prendre des mesures pour l’accès aux services de protection de la maternité des femmes, précise une des responsables du Centre de promotion des femmes ouvrières (Cpfo), Mirlène Joanis, au cours de la rencontre qui s’est tenue le jeudi 7 avril 2016.
Ce mouvement, qui entend impliquer tous les secteurs de la vie nationale, vise, entre autres, à éduquer et sensibiliser les femmes ouvrières sur l’importance de la protection sociale et encourager les organisations syndicales, de femmes et de droits humains, à revendiquer les congés de maternité payés durant 12 semaines.
« Depuis l’existence du code du travail, on continue de violer le droit des ouvrières, en refusant de leur donner les 12 semaines de congés de maternité payés. Ce n’est pas possible ! », dénonce Joanis.
« Cette situation met en danger la vie et la santé de ces femmes. Elle ne répond pas aux droits de protection sociale ainsi qu’à l’agenda pour un travail décent », fustige-t-elle, appelant à la mise en pratique du principe de la sécurité sociale.
« Au lieu de donner aux travailleuses les 12 semaines de congés de maternité, on leur donne seulement 6 semaines, contrairement aux normes internationales du travail et à un ensemble de conventions internationales, dont Haïti est signataire. On revendique l’assurance maternité pour toutes les femmes », fait-elle valoir.
Le Cpfo envisage de faire ce plaidoyer auprès du parlement haïtien, en vue de contribuer à la mise sur pied d’une commission chargée d’évaluer les institutions de sécurité sociale en Haïti.
Ce plaidoyer a beaucoup d’importance pour les femmes. Il les aidera à mieux gérer la période de pré-accouchement, souligne, pour sa part, la coordonnatrice de Batay ouvriye (Lutte ouvrière), Yanick Etienne.
Elle applaudit l’effort fourni par l’Office d’assurance accidents du travail, maladie et maternité (Ofatma) pour faire comprendre, aux patronnes et aux patrons, qu’ils ont l’obligation de faciliter une assurance-santé à leurs employés.
« Il faut que les obligations, contenues dans la loi du code du travail s’appliquent normalement. La sécurité sociale est un droit qui exige protection ».
Quel que soit le niveau du salaire et les avantages sociaux d’un travailleur, il ne sera jamais satisfait de son traitement sans une assurance sociale, affirme le directeur général de l’Ofatma, Dr. Max Rudolph Saint-Albin.
« Il revient maintenant aux Haïtiens de s’unir pour prendre conscience que ce sera bénéfique pour le pays et qu’il s’agit là d’une évolution sociale ».
La loi relative au code du travail, en son article 321, stipule que les congés de maternité durent 12 semaines et commencent 6 semaines avant l’accouchement.
Ces congés seront payés par le patron de l’institution.
Les 6 autres semaines de congés, après l’accouchement, seront payés par l’Ofatma, moyennant l’inscription, par le patron de la travailleuse ou de l’employée, à l’assurance maternité de l’Ofatma, rappelle un document donné à la presse, lors de la journée de réflexion du 7 avril 2016.
Cette activité a été réalisée par le Cpfo, en partenariat avec l’Union des travailleurs libres (Utl) et la Centrale autonome des travailleurs haïtiens (Cath), à l’occasion de la journée mondiale de la santé, le 7 avril 2016. [bd emb gp apr 11/04/2016 11:10]