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Des policiers québécois de la Minustah, impliqués dans des inconduites sexuelles en Haïti

P-au-P, 8 avril 2016 [AlterPresse] --- Des policiers québécois sont impliqués dans des inconduites sexuelles en Haïti, selon des informations publiées sur le site de la Radio-Canada, consulté par AlterPresse.

Au cours de leur mission, certains de ces policiers sont même devenus pères d’enfants mis au monde par des femmes haïtiennes. Au moins deux agents du Service de police de la ville de Montréal (Spvm) ont eu des enfants, précise la Radio canadienne.

« L’un d’entre eux a eu un enfant avec sa femme de ménage haïtienne alors qu’il était en mission en 2013, ce qui contrevient aux règles d’engagement de l’Onu (Organisation des Nations unies), qui interdisent d’avoir des relations sexuelles avec des résidents pendant leur déploiement », indique-t-elle.

En couple au Canada, cet agent a été dénoncé par des collègues à son retour au pays, puis suspendu par le Spvm pendant neuf jours.

Cette sanction disciplinaire est nettement insuffisante, a réagi l’ambassadrice américaine à l’Onu, Samantha Power, lors d’une réunion du Conseil de sécurité.

« Neuf jours, c’est banaliser la vie d’un enfant et c’est banaliser cette résolution qui veut qu’il n’y ait pas de ce genre de relation entre les agents de Minustah (Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haiti) et les Haïtiennes », a renchéri, pour sa part, Rosy Auguste du Réseau national de défense des droits humains en Haïti.

« C’est de la blague, neuf jours de sanctions. C’est vraiment de la blague. C’est insultant. Il faudrait que le gouvernement canadien y prenne des dispositions afin d’arrêter cette plaisanterie ».

Une plainte a été déposée par une Haitienne contre un autre policier du Spvm, parce que celui-ci aurait refusé de continuer à verser une pension pour son enfant, conçu pendant qu’il était en mission en 2012 en Haïti.

Après enquête, l’agent a été suspendu pour seulement cinq jours.

« Ces gens-là quittent le pays et abandonnent des jeunes enfants. C’est malheureux. Les femmes n’ont pas d’argent pour manger, alors elles ne prendront sûrement pas un avocat pour poursuivre le policier qui est parti. Le but de l’opération, c’est d’aider les Haïtiens, pas d’aggraver leur cas », poursuit le Rnddh.

Depuis 2010, les policiers déployés dans les missions de paix ont eu une vingtaine d’enfants un peu partout dans le monde ; 15 d’entre eux ont vu le jour en Haïti. En agissant de la sorte, les policiers de l’Onu ont plongé un peu plus les femmes haïtiennes dans la pauvreté, fustige Marie-Yolaine Gilles.

« C’est encourager la misère et la mendicité. Haïti est un pays pauvre, ça a créé beaucoup de misère parce que l’agent humanitaire, il est de passage. Laisser un enfant sans père, je crois que c’est créer beaucoup plus de problèmes », dénonce la militante.

Depuis son intervention en Haiti en 2004, la Minustah a été impliquée dans de nombreux actes de viols sur les jeunes adolescents et accusée de l’introduction en octobre 2010 en Haiti de l’épidémie du choléra qui a déjà fait plus de 9 mille morts.[emb gp apr 08/04/2016 12 : 00]