P-au-P, 06 avril 2016 [AlterPresse] --- Les organisations Konbit ayisyen pou lojman altènatif (Kayla) et Antèn ouvriye (Antenne ouvrière) demandent à l’État haïtien de prendre ses responsabilités face aux victimes du clairin à base de méthanol.
Lors d’une conférence de presse, tenue le mardi 6 avril 2016, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse, ces organisations ont renouvelé leur solidarité aux parents des victimes du clairin à l’éthanol, qui a déjà fait plus d’une trentaine de décès à Port-au-Prince, de novembre à mars 2016.
Elles demandent au président provisoire Jocelerme Privert et au député de la 3e circonscription de Port-au-Prince, Bélizaire Printemps, de respecter les promesses faites aux parents des victimes.
Après analyse d’échantillons, le ministère du commerce a indiqué que l’alcool consommé, vendu comme du « clairin frelaté », n’est absolument pas du clairin, mais plutôt un composé alcoolique à base de méthanol, un produit toxique pour la consommation humaine.
Une enquête du ministère a révélé que l’introduction de ce produit sur le marché s’est faite, non seulement de façon illégale, mais avec des conséquences criminelles.
« Nous demandons au parquet (près le tribunal civil) de Port-au-Prince de mettre l’action publique en mouvement contre tous les commerçants qui importent et commercialisent le méthanol dans le pays, d’arrêter les coupables, de les juger et de dédommager les parents des victimes », déclare Bruno Saint-Hubert, membre d’Antèn Ouvriye.
Les autorités ont promis d’aider les parents des victimes.
Un mois après, rien n’a été fait, dénonce le secrétaire exécutif de Kayla, Reyneld Sanon.
Parmi les victimes, décédées après avoir consommé le composé alcoolique, il y en a qui ont laissé des enfants orphelins, regrette-t-il.
Le défunt Missionel Noïste a laissé deux enfants, dont l’un âgé de 12 ans et l’autre de 5 mois, entre les mains de sa sœur.
5 autres enfants, dont 3 filles et 2 garçons, sont devenus orphelins de père et mère, après la mort de Jean Maten Raymond, déplore Sanon.
Début 2011, une douzaine de personnes ont trouvé la mort après avoir absorbé du clairin à base de méthanol dans la zone de Fond Baptiste, au nord de Port-au-Prince, alors que plus d’une vingtaine se retrouvaient aveugles ou paralysées, a révélé une enquête du consortium Ayiti Kale Je (AKJ). [bd emb gp apr 05/04/2016 10 :30]