P-au-P, 05 avril 2016 [AlterPresse] --- La quantité d’intrants, octroyés par le gouvernement haïtien aux agricultrices et agriculteurs, pourrait être revue à la baisse pour la campagne agricole du printemps 2016, en dépit d’un contexte difficile, avertit la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), dans un bulletin consulté par AlterPresse.
Cette possible révision à la baisse (dans la quantité d’intrants octroyés) serait susceptible d’entraîner une réduction de la surface habituellement cultivée, prévient la Cnsa.
Les agricultrices et agriculteurs, décapitalisés dans certaines communes des Nippes (une partie du Sud-Ouest), du Nord-Est, du Sud-Est, du Nord-Ouest, du Sud et de l’Ouest - où se trouve la capitale, Port-au-Prince - risquent d’avoir beaucoup de difficultés pour acquérir les intrants agricoles, nécessaires à la conduite de la campagne agricole de printemps.
La superficie, normalement cultivée, pourrait se réduire de 20 à 30 pour cent, lors de cette campagnede printemps 2016, qui commence en mars-avril 2016, précise la Cnsa.
Considérée comme la plus importante en Haïti, en termes de production, la campagne agricole de printemps 2016 fait suite « à une période agricole, particulièrement difficile et éprouvante, marquée par une sécheresse persistante et des pertes de récoltes ».
Toutefois, l’amélioration des conditions pluviométriques pourrait enthousiasmer les agricultrices et agriculteurs, durant le lancement de la campagne de printemps 2016, en faisant augmenter la demande de main-d’œuvre et améliorer les revenus des ménages pauvres, nuance la Cnsa.
Au cas où la pluviométrie reste en-dessous de la moyenne, entre mars et septembre 2016, dans certaines zones du pays, et affecte les activités agricoles, il y aura de faibles revenus et une faible disponibilité alimentaire, craint la Coordination nationale de la sécurité alimentaire.
L’agriculture est négligée par l’État, qui n’a aucune politique agricole pour la développer, réagit le coordonnateur de l’organisation Tèt kole ti peyizan ayisyen, Rosnel Jean-Baptiste, interrogé par AlterPresse
L’Etat préfère acheter des produits alimentaires et des bananes, notamment en République Dominicaine, au lieu d’encadrer les agricultrices et agriculteurs, fustige Tèt kole ti peyizan ayisyen, soulignant combien l’insécurité alimentaire constitue l’une des causes de la vie chère en Haïti.
Les autorités n’ont pris aucune mesure pour implanter des systèmes d’irrigation et de conservation des eaux de pluies, devant permettre aux paysannes et paysans de continuer à planter dans certaines zones du pays, en période de sécheresse.
Même en cas de pluies, plus ou moins abondantes, les paysannes et paysans n’auront pas les moyens d’acheter des semences, débitées entre 500.00 à 600.00 gourdes la livre (US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1 euro = 75.00 gourdes aujourd’hui), à cause de la situation économique difficile, poursuit l’organisation paysanne. [bd emb rc apr 05/04/2016 15:30]