Español English French Kwéyol

3 avril 2000-3 avril 2016 : 16e anniversaire de l’assassinat de Jean Léopold Dominique

Haïti-Presse : Des activités en mémoire du journaliste Jean Léopold Dominique à la vallée de l’Artibonite

Revendications pour des accompagnements institutionnels dans la production agricole

Correspondance Exalus Mergenat

P-au-P, 05 avril 2016 [AlterPresse] --- Des activités ont eu lieu dans la Vallée de lArtibonite, le dimanche 3 avril 2016, en mémoire du journaliste Jean Léopold Dominique, à l’occasion du 16e anniversaire de son assassinat (3 avril 2000 - 3 avril 2016), a observé AlterPresse.

À l’initiative de l’organisation Fòs batay peyizan Latibonit (Fosbapla), des centaines de paysannes et paysans dans la Vallée de l’Artibonite ont participé à un débat sur la production nationale, assorti d’animation musicale, mélangeant paroles et chansons engagées.

« Pour l’engagement de ce journaliste, dans la lutte pour le changement et l’amélioration des conditions matérielles et sociales de vie des paysans, nous ne pouvions pas laisser passer la journée du 3 avril sans honorer sa mémoire », a déclaré Lucny Dorcilon, secrétaire général de Fosbapla.

« Jean Dominique était un militant dévoué à la cause paysanne. C’est un honneur, pour nous, les paysans de la Vallée de l’Artibonite, de prendre sa force pour ajouter à la nôtre en vue de continuer la lutte pour l’amélioration de nos conditions de vies », poursuit-il.

Le coordonnateur général du Comité des affaires électorales paysannes pour des élections propres (Kozepèp), Charles Suffrard, s’est dit insatisfait de l’enquête ouverte autour du double assassinat de Jean Léopold Dominique et de Jean-Claude Louissaint, le lundi 3 avril 2000.

« Comment se fait-il que, 16 ans après l’assassinat du journaliste, l’enquête n’ait pas encore abouti, alors que les assassins courent dans les rues ? », se demande Suffrard.

« Pour le rôle, joué par Jean Dominique, dans la lutte pour la défense des couches défavorisées, il faut que justice lui soit rendue », exige-t-il.

Kozepèp souhaite que la longue enquête judiciaire, ouverte sur ce dossier, aboutisse à un procès en bonne et due forme, afin de punir les assassins de Jean Dominique.

Aujourd’hui, la voix de Jean Léopold Dominique serait importante pour les paysans planteurs, dans la vallée de l’Artibonite, qui font face à des problèmes de sécheresse, liée au non curage des canaux d’irrigation, au manque de semence et d’outils agricoles nécessaires, dit-il.

S’il était encore vivant, il dénoncerait les autorités d’Haïti qui n’ont rien fait pour l’agriculture en déclin dans l’Artibonite, souligne-t-il.

« Les cendres de Jean Léopold Dominique ont été éparpillées dans le fleuve Artibonite, les paysans de la vallée de l’Artibonite doivent s’en souvenir pour en faire le sérum de leur lutte et exiger, des autorités, des efforts institutionnels pour sauver l’agriculture dans le département », plaide, de son côté, le coordonnateur national de la plateforme politique Verite, Genard Joseph.

Joseph a tenu à inviter les paysannes et paysans à suivre les traces du journaliste assassiné, qui a lutté pour la souveraineté alimentaire en Haïti et une meilleure production agricole dans la Vallée de l’Artibonite.

L’ancien candidat à la présidence de 2010, sous la bannière de la plateforme Solidarité, a également profité pour dénoncer l’ancien pouvoir Tèt Kale de l’ancien président Michel Martelly.

Ce dernier a passé 5 ans au pouvoir sans rien faire pour la relance agricole dans l’Artibonite, critique-t-il.

Sur les 35 milles hectares, qui produisaient à plein rendement, autrefois, dans la vallée de l’Artibonite, seulement 10 milles sont irriguées, selon des données rapportées par Joseph.

« La capacité de production agricole dans la vallée de l’Artibonite a diminué en raison de la sécheresse prolongée, qui sévit dans le département et aussi à cause du manque d’infrastructures nécessaires ».

Genard Joseph dénonce aussi la hausse effrénée du prix de l’engrais, dont le sac se vend aujourd’hui à 1,500.00 gourdes (US $ 1.00 = 65.00 gourdes ; 1euro = 75.00 gourdes aujourd’hui).

Sous l’ancienne administration de René Garcia Préval, 400.00 gourdes suffisaient pour l’achat d’un sac d’engrais.

Les activités, pour commémorer le 16e anniversaire de l’assassinat du journaliste Jean Léopold Dominique, se sont déroulées sur la cour de l’école nationale de l’Estère.

Le dossier de Jean Léopold Dominique

Un rapport, émis, le 7 janvier 2015, sur le dossier de Jean Léopold Dominique par la chambre d’instruction criminelle de la cour d’Appel de Port-au-Prince, a désigné l’ancienne sénatrice Mirlande Libérus Pavert, comme « auteure intellectuelle » du double assassinat, le 3 avril 2000, du journaliste et du gardien de sa station Radio Haiti Inter, Jean-Claude Louissaint.

Huit autres personnes, dont des militants lavalas, sont inculpées dans l’assassinat.

L’ancien maire adjoint de Port-au-Prince, Gabriel Harold Sévère, Annette Auguste (Sô Àn), Frantz Camille, Jean Daniel Jeudy, Markenton Michel, Mercidieu Toussaint, Mérité et Dimsley Milien sont mentionnés dans ce document.

Dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat de Jean Léopold Dominique et de Jean-Claude Louissaint, pas moins de 19 témoins et inculpés ont été entendus à la Cour d’Appel de Port-au-Prince entre le 10 février 2011 et le 5 juin 2013, parmi eux les anciens présidents René Garcia Préval et Jean-Bertrand Aristide, respectivement les 7 mars et 8 mai 2014.

L’ancien chef de la sécurité de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, Oriel Jean, a cité le nom de l’ancienne sénatrice du parti Fanmi Lavalas, Mirlande Libérus Pavert, qui aurait été chargée, par Aristide, pour faire taire Jean Léopold Dominique, dans une interview posthume diffusée, le mardi 10 mars 2015.

Aristide avait déjà contesté les déclarations d’Oriel Jean, dans une déposition en mai 2014.

« Mirlande Libérus est innocente. L’ancienne sénatrice de la république ne peut pas être victime de ces mensonges, qui ne doivent engager que leur auteur [Oriel Jean] » a déclaré Aristide, selon la lecture du rapport de Dabrésil, faite par la greffière Juliette Garçon Véus à la Cour d’Appel de Port-au-Princ, le 17 janvier 2014. [em emb rc apr 05/04/2016 14:10]