Par Betty Désir
P-au-P, 1er avril 2016 [AlterPresse] --- Des centaines de personnes ont défilé, ce vendredi 1er avril 2016, dans les rues de Port-au-Prince pour exiger justice en faveur de 3 femmes sourdes-muettes, assassinées le 18 mars 2016, à Cabaret (municipalité au nord de la capitale), a observé l’agence en ligne AlterPresse.
« Oui à la justice, non à l’impunité. Justice pour Monique, Sophonie et Vanessa ; Justice pour les sourdes-muettes », a scandé la foule.
La marche, qui a débuté devant les locaux (à la rue Paul VI, plus connue sous le nom de « rue des Casernes ») de l’école Saint-Vincent (école spécialisée pour enfants à handicap) a fait un arrêt devant le Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes(Mcfdf), à l’Avenue Magny, en vue de remettre une lettre de doléances à la nouvelle titulaire du ministère, Marie Denise Claude.
Cette dernière a fait une brève apparition pour saluer les manifestantes et manifestants.
Se disant très solidaire de la marche, Marie Denise Claude promet d’encourager des dispositions institutionnelles pour éviter que ce crime crapuleux reste impuni dans la société.
Le gouvernement va prendre des mesures pour voir comment il peut accompagner les parents des victimes, annonce-t-elle.
Parmi les manifestantes et manifestants, figuraient des personnes à mobilité réduite, qui tenaient, dans leurs mains, des pancartes, sur lesquelles étaient affichés divers slogans, comme « Justice pour les femmes sourdes-muettes ; nous avons marre des violences sur les personnes handicapées ; on a tué Sophonie, Vanessa et Monique, ça ne doit pas rester impuni ».
Le responsable de la Société haïtienne d’aide aux aveugles (Shaa, Dr.) Michel Péan, a réclamé justice aux noms des familles des victimes et aux noms des personnes à handicap.
« Nous ne pouvons pas accepter cette situation intolérable. L’impunité n’est pas possible. La société ne peut pas continuer à fonctionner ainsi », fustige Dr. Péan.
« Nous espérons que la justice va faire la lumière sur les conditions mystérieuses d’assassinats de ces femmes. C’est une violence innommable et inqualifiable. J’envoie mes condoléances aux parents des victimes ainsi qu’à la Secrétairerie d’état à l’intégration des personnes handicapées (Seiph), qui vivent aujourd’hui un jour sombre. La société ne peut pas rester insensible à ce genre de crimes », déclare Marie Denise Claude.
Le secrétaire général de la branche haïtienne de l’organisation New england human rights organization (Nehro), Antonal Mortimé, dit apporter sa collaboration aux associations des personnes handicapées, tout en condamnant les crimes commis sur ces femmes, qui constituent une violation du droit à la vie et une discrimination à l’égard des femmes.
« On les a prises pour des loups-garous, parce qu’elles sont des femmes », condamne Mortimé, également coordonnateur du collectif « Défenseurs Plus ».
« Nous demandons que la justice mette l’action publique en mouvement contre les auteurs et co-auteurs de ces crimes crapuleux ».
L’Etat doit apporter réparation à la famille des victimes, dont l’une d’entre elles était enceinte de 3 mois et une autre, mère de 4 enfants, exige-t-il.
Le musicien Jean Bélony Murat, alias Bélo, également ambassadeur des personnes à handicap, se dit très touché par ces crimes, qui constituent un coup dur pour les personnes, surtout les femmes, à handicap.
Cette manifestation (du 1er avril 2016) devrait apporter un message à la population, en général, et à l’État, en particulier, pour que justice soit faite, espère Murat.
Des dispositions doivent être prises pour que ces actes ne se reproduisent plus dans le pays, poursuit-il.
La marche du 1er avril 2016 a été organisée à l’initiative de la Fédération nationale des sourds d’Haïti (Fnsh), de l’Association des sourds de Lévêque d’Haïti (Aslh), du Réseau associatif national pour l’intégration des personnes handicapées (Raniph), de la Société haïtienne d’aide aux aveugles (Shaa) et du Centre Saint-Vincent pour enfants handicapés.
Elle a terminé sa course devant les locaux du Ministère de la justice et de la sécurité publique (Mjsp), à l’avenue Charles Sumner (à Port-au-Prince), où une lettre de doléances a été remise. [bd emb rc apr 1er/04/2016 17:17]