En plus de diverses étapes fondamentales (à franchir), issues de l’accord politique du 6 février 2016, il y a la promesse - devenue engagement du président provisoire de la république - de satisfaire les revendications des secteurs de la vie nationale, relatives à la mise en place d’une commission de vérification indépendante du processus électoral de 2015. Privert y voit même « une nécessité pour la poursuite du processus ».
P-au-P, 31 mars 2016 [AlterPresse] --- Une sorte de mise en branle de la machine politique est observée, par l’agence en ligne AlterPresse, depuis le vote de confiance, accordé, de façon expresse, à la déclaration de politique générale du premier ministre Enex Jean-Charles, par les sénateurs et députés haïtiens, respectivement dans la soirée du jeudi 24 mars et à l’aube du vendredi 25 mars 2016.
L’accord politique du 6 février 2016, plaque tournante du momentum, fixe des délais qui marcheraient à grands pas.
46 jours sont déjà écoulés, dans les 120 jours de pouvoir, donnés, dans l’accord politique du 6 février 2016, au président provisoire Jocelerme Privert.
Le gouvernement est installé dès le lundi 28 mars 2016.
Les 9 membres du nouveau conseil d’administration du Conseil électoral provisoire (Cep) ont pris fonction le mercredi 30 mars 2016.
Le nouveau Cep vient de faire sa première élection, dans l’après-midi du 30 mars 2016.
Le communiqué #1 de la nouvelle structure informe de la formation du nouveau bureau du conseil, composé de Léopold Berlanger Junior (secteur Presse), président ; Carlos Hercule (église catholique romaine), vice-président ; Marie-Frantz Joachim (secteur Femmes), secrétaire générale et Frinel Joseph (églises protestantes), trésorier.
Le point 5 de l’accord en question est consacré à la « poursuite du processus électoral, initié au cours de l’année 2015 ».
C’est un véritable calendrier.
Le point d’orgue est « l’organisation du deuxième tour de l’élection présidentielle, des élections législatives partielles et des élections locales (24 avril 2016) ».
Mais bien avant, le Cep doit relancer le processus électoral, après évaluation des étapes déjà franchies.
L’institution électorale doit aussi mettre en « application [les] recommandations techniques de la Commission indépendante d’évaluation électorale ».
Dans un arrêté, daté du 16 décembre 2015, le président Joseph Michel Martelly (14 mai 2011 – 7 février 2016) avait créé une commission d’évaluation électorale, avec pour mission d’évaluer le processus et de faire des recommandations au Cep et au gouvernement pour « garantir la crédibilité du scrutin et l’aboutissement du processus ».
Les noms des membres de cette commission d’évaluation, dite indépendante, ont été changés dans un autre arrêté, en date du 23 décembre 2015.
À environ 15 jours de la date du 24 avril 2016, l’impossibilité d’organisation des joutes parait évidente.
En plus de ces étapes fondamentales (à franchir), issues de l’accord politique du 6 février 2016, il y a la promesse - devenue engagement du président provisoire de la république - de satisfaire les revendications des secteurs de la vie nationale, relatives à la mise en place d’une commission de vérification indépendante du processus électoral de 2015.
Privert y voit même « une nécessité pour la poursuite du processus ».
La Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) se montre réservée, quant à la formation de la dite commission.
La mise en place d’une commission de vérification indépendante du processus électoral de 2015 pourrait être une pomme de discorde entre le pouvoir provisoire et certains partenaires internationaux.
Les Etats-Unis d’Amérique, de leur côté, n’hésitent pas à se prononcer contre la mise en place de cette commission d’évaluation du processus électoral de 2015 et contre la conclusion d’un nouvel accord politique.
Une autre façon, pour ces pans de la communauté internationale, de dicter, de nouveau, les orientations politiques que la république d’Haïti devrait prendre.
De quelle souveraineté, les politiques peuvent-ils parler ?
Le nouvel organisme électoral aura-t-il la latitude pour conduire, de manière indépendante et transparente, les prochaines opérations électorales ?
La nouvelle administration politique continuera-t-elle à dépendre du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) pour les décaissements, relatifs aux opérations électorales ?
L’impression des bulletins, pour les futurs scrutins, aura-t-elle lieu, à nouveau, comme pour 2015, à l’extérieur d’Haïti ?
Prendra-t-on le temps nécessaire pour analyser, en profondeur, les facteurs de blocage à des opérations électorales crédibles ?
Tout en saluant le rétablissement du Cep, les Etats-Unis d’Amérique font montre d’impatience, par rapport à la mise en œuvre des dispositions de l’accord du 6 février 2016.
Dans une note, en date du 29 mars 2016, les Etats-Unis d’Amérique soulignent des dispositions, telles « l’investiture d’un nouveau président démocratiquement élu, le plus rapidement possible, afin que le gouvernement puisse travailler, de concert avec les partenaires haïtiens, pour faire face immédiatement aux défis auxquels le pays est confronté ».
Dans cette situation, des politiques soutiennent qu’à mesure que le temps passe, on s’écarte davantage de l’accord politique du 6 février 2016.
Ils préconisent la signature d’un autre accord politique.
Privert restera-t-il au pouvoir, avec une éventuelle prolongation qu’accorderait le nouvel accord politique ?
Quelles seront les parties ?
Le parlement contesté s’imposera-t-il, une nouvelle fois, pour prendre en main la mise en place du nouveau pouvoir provisoire ou d’une nouvelle mouture du provisoire ?
Déjà, le parlement contesté est vu comme lieu de marchandage de postes ministériels, au vu de ce qui s’est passé entre février et mars 2016 ; rejet du plan de gestion gouvernementale de Fritz-Alphonse Jean et ratification, pratiquement sans débat et de manière expresse, de la déclaration de politique générale d’Enex Jean-Charles.
Et les groupes, ou tout au plus certains personnages, ont fait montre de gloutonnerie ministérielle, estiment d’aucuns.
Dans la soirée du jeudi 24 mars 2016 et à l’aube du vendredi 25 mars 2016 (vers 3:00 am = 8:00 gmt), avec une rapidité extraordinaire, l’assemblée des sénateurs et la chambre des députés ont, respectivement, accordé leur vote de confiance au premier ministre nommé, Enex Jean-Charles, tout en apportant des « modifications de têtes » au sein de l’équipe gouvernementale.
À l’unanimité, les sénateurs ont donné leur feu vert à celui qui a vécu au palais national, du temps de René Préval (2001-2006) comme au temps de Michel Martelly (2011- 2016), soit comme conseiller politique, soit comme secrétaire général du conseil des ministres, avec rang de ministre.
La question de décharge est évacuée d’un revers de main.
L’audit de gestion de l’administration politique (14 mai 2011 - 7 février 2016), réclamé par les secteurs vitaux du pays, semble voué aux calendes grecques.
Un seul député a voté contre la déclaration de politique générale d’Enex Jean-Charles, celui d’Aquin, Jean Robert Bossé.
2 autres députés se sont abstenus. Et parmi ces deux, on retrouve curieusement, Gary Bodeau, porte-parole du groupe Alliance des parlementaires pour Haïti (Aph, qui regroupe des membres du Parti haïtien tèt kale / Phtk et alliés), tombeur de Fritz-Alphonse Jean.
A la même date de la séance, une correspondance du président de la chambre basse, Cholzer Chancy au premier ministre Jean-Charles, ouvre la porte des recommandations.
L’ancien président de la chambre des députés, Jean Tholbert Alexis, est recommandé pour occuper le poste de directeur général de l’Office national d’assurance-vieillesse (Ona), réputée pour être une vache laitière de l’Etat.
Dans une atmosphère de partage de responsabilités – certains disent carrément partage de gâteau – la république d’Haïti marche vers la fin des 120 jours du pouvoir provisoire, irrégulièrement mis en place.
Entre-temps, l’insécurité grandit.
Plusieurs millions de compatriotes seraient menacés par l’insécurité alimentaire. La dépréciation de la gourde par rapport au dollar américain continue (environ 65.00 gourdes aujourd’hui, à la fin du mois de mars 2016, pour un dollar américain).
La république d’Haïti doit-elle payer le luxe de deux élections, en cette année 2016, durant laquelle le mandat d’un tiers du sénat va arriver à terme (en 2017) ?
En conférence de presse, le 30 mars 2016, le nouveau porte-parole de la présidence, Serge Simon, a indiqué qu’il ne reste que 6% des fonds alloués aux élections de 2015, qui n’ont pas encore été utilisés ?
Alors qu’il était dans les négociations, pour préparer le départ du pouvoir de Michel Martelly, le 7 février 2016, Jocelerme Privert, sénateur à l’époque, a déclaré, dans une entrevue au journal « Le Monde », combien « investir 100 millions de dollars [92 millions d’euros] pour des élections, qui ne conduisent pas à la stabilité politique, c’est du gaspillage ». [apr 31/03/2016 09:06]