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Haïti-Politique : Un autre premier ministre ou un nouvel accord de sortie de crise ?

P-au-P, 21 mars 2016 [AlterPresse] --- Plusieurs personnalités, dont des responsables politiques, encouragent le président Jocelerme Privert à nommer un autre premier ministre de consensus après le vote de censure de la déclaration de politique générale de Fritz-Alphonse Jean, alors que d’autres remettent en question l’accord du 6 février, cadre de référence de l’actuelle situation politique.

Par un vote de 38 pour, 36 contre et 1 abstention, la chambre des députés (incomplète et contestée) a décidé de ne pas accorder de vote de confiance à la politique générale, présentée, le dimanche 20 mars 2016, par le premier ministre nommé, l’économiste Fritz-Alphonse Jean.

L’article 158 de la Constitution ne précise pas à quel niveau cette procédure doit recommencer mais vu que la chambre des députés a rejeté le gouvernement de Jean en bloc, cela sous-entend qu’il faut nommer un autre premier ministre, estime le vice-président du sénat, le sénateur Ronald Larêche.

Dans une interview à AlterPresse, il invite Privert à entrer en consultation avec tous les acteurs pour pouvoir designer un nouveau premier ministre.

Nommé il y a 3 semaines, Fritz Jean n’a pas su assouplir la position des parlementaires du groupe des députés de l’ancien parti présidentiel Tèt kale et leurs alliés. Ces derniers avaient juré d’infliger un vote de censure à l’économiste, considéré comme non consensuel.

« Politiquement, Fritz Jean a été rejeté et il doit tirer les conséquences », souligne le constitutionnaliste et professeur d’histoire, Georges Michel. Il aurait pu venir avec des déclarations différentes, la conclusion resterait la même, ajoute-t-il.

Pour Fritz Jean, ce revers ne constitue pas une défaite. A sa sortie de séance, il a reconnu la complexité de la conjoncture politique dans un pays très pauvre et fortement polarisé. « Il y aura d’autres pages d’histoire à écrire ensemble », espère-t-il.

La nomination de Fritz Jean est intervenue le 26 février, moins de 2 semaines après l’élection au second degré, le 13 février, de Privert à la présidence provisoire.

Cette formule a été consacrée dans un accord signé entre le président sortant en fin de mandat Michel Martelly et les présidents des deux chambres du parlement, dont Privert lui-même, ex président du sénat.

L’accord prévoyait la confirmation de l’éligibilité du premier ministre par le parlement et l’octroi d’un vote de confiance à sa déclaration de politique générale.

Le parlement ne saisit pas l’enjeu du moment pour agir comme un pouvoir autonome et indépendant de l’État, regrette le militant des droits humains Antonal Mortimé.

Le député Antoine Rodon Bien-Aimé, chef de file du Groupe des parlementaires indépendants (Gpi), favorables à Fritz Jean, a soutenu qu’avec le rejet de la déclaration de politique générale de ce dernier, l’accord serait désormais caduc.

Même point de vue du candidat à la présidence et ex sénateur Jean Charles Moise, qui appelle le président Privert à s’entretenir avec l’ensemble des forces politiques et les organisations de la société civile pour une nouvelle entente afin de sortir de l’impasse. [jep gp apr 21/03/2016 17 : 00]