Par Tony Cantave
Soumis à AlterPresse le 16 mars 2016
Le 18 mars 1986, soit un mois après la chute de la dictature trentenaire et héréditaire et un bref séjour de trois semaines au pays natal et alors qu’il préparait son retour définitif, décédait Karl Lévêque sur la table d’opération dans un grand centre hospitalier de Montréal. Son engagement au service de la libération d’Haïti a pris plusieurs formes au cours de ses années d’exil au Canada après l’expulsion des Jésuites d’Haïti en 1964
Karl un bâtisseur
Intellectuel accompli et ardent militant politique, le jésuite Karl LEVEQUE est également un bâtisseur. A cet égard, il a fondé au début des années 1970 à Montréal avec Paul DEJEAN et Joseph Augustin, le Bureau de la Communauté Chrétienne des Haïtiens de Montréal (BCCHM) pour venir au secours des compatriotes infortunés qui ont fuit la dictature des Duvalier en Haïti. Il est le fondateur d’un groupe culturel « Mapou Ginen, » et de l’école de karaté. Karl était un des co-fondateurs avec Herard Jadotte, Jean Richard Laforest, Carry Hector, Anthony Phelps… de la Revue Nouvelle Optique.
Face aux déboires de nos compatriotes en Amérique du nord, dans les Antilles et en Amérique du Sud il mit en place le Centre International pour les Réfugiés Haïtiens (CIRH).avec les animateurs de la revue SEL de New York (William Smarth, Antoine Adrien, Jean Yves Urfié…), à Montréal, avec Ernst Verdieu et Paul Déjean, avec Max Dominique aux Bahamas, et Jean Claude Bajeux à Porto Rico. Karl a aussi animé à la radio communautaire de l’Est de Montréal, CIBL, une émission hebdomadaire de très fortement écoutée Kombit Flamboyants Karl fut l’un des dirigeants du mouvement politique haïtien En AVANT, se situant dans l’espace de gauche en vue de lutter contre la dictature et la lutte de libération nationale . Karl était un des animateurs de la Revue de la Compagnie des Jésuites « Relations » avec une production abondante
Parlant de son engagement dans l’action concrète, Ernst Joute écrit
« Autant il savait prendre sa place et assumer la prise en charge initiale d’une activité, autant, quand il avait la conviction que la relève était assurée, il pouvait s’éclipser sans nécessairement réclamer les étoiles pour le travail accompli »
Son énergie était inépuisable, sa générosité sans limite, son temps extensible. Par contre sa vie religieuse discrète était méconnue de bon nombre gens qu’il côtoyait. Outre son engagement en faveur de la libération d’Haïti, Karl a toujours milité en faveur du développement international, un développement intégral qui soit vraiment au service du peuple. Il était très actif dans le mouvement de solidarité notamment avec l’Amérique latine, la Caraïbes et l’Afrique du Sud. Il a développé et entretenu de multiples relations avec tous ceux qui se situaient dans le courant de la théologie de la libération les Boff, Gutierez…)
En automne 1982, avec des amis et collaborateurs québécois sensibilisés aux problèmes des réfugiés il mit en place la Société Québécoise de Solidarisé Internationale. Karl a fait partie du premier Conseil de Direction de l’Association Québécoise des Organismes de Coopération Internationale AQOSI, structure crée par l’ACDI pour coordonner l’aide québécoise aux pays du tiers monde Parlant de son engagement l Nicole Riberdy témoigne :
« Dans les milieux de vie et de travail qui furent les siens, les hommages nombreux et vibrants rendus à Karl ont fait état de son combat constant pour la justice, pour la vérité, pour la liberté La communauté des organismes de coopération internationale peut aussi témoigner de son combat pour la solidarité, Sa perspicacité dans l’analyse de la conjoncture internationale, sa rapidité a détecter les fausses pistes et a dénoncer les vaines connivences, sa capacité de produire des idées neuves, son audace de sortir des sentiers battus et quelques fois uses, son art de concrétisation, sa pensée dans des gestes si concrets, dans des participations si réelles et dans des actions si cohérentes ont été mise au service de la solidarité tant a l’intérieur de l’AQOSI que dans les autres groupes nombreux ou Karl s’est impliqué ».
Homme de culture, Karl LEVEQUE, à l’encontre de ceux dont les connaissances sont un instrument de pouvoir, avait fait des siennes un service. Il se tenait informé des derniers développements de la pensée sociale ou théologique.
Homme politique, Karl était habité par Haïti « Il n’avait aucune honte de son pays, malgré Duvalier, le SIDA, Cayo Lobos, et autres avanies. Il transformait tout cela en volonté de travailler à l’émergence d’une société nouvelle à l’image des femmes et des hommes d’Haïti, » a écrit Renaud BERNARDIN ’
Un de ses derniers textes « Impressions d’un retour d’exil écrit 4 jours avant sa mort, le 14 mars 1986 et parut dans la Revue Relations # 519 - avril 1986 témoigne de la lucidité du bonhomme, de la profondeur de sa pensée de la connaissance des réalités haïtiennes, pays en fait qu’il n’a jamais quitté .Texte prémonitoire ,en effet qui , comme Anténor Firmin en 1911 dans Efforts dans le mal prédisait une occupation étrangère, si nous ne nous prenons pas en main par une rupture radicale de notre gestion de la nation et de l’Etat..
« La seule vraie garantie de stabilité dans la situation actuelle est la menace d’une intervention militaire directe, soit des États-Unis, soit d’une force interaméricaine(ou intercaraibéenne) suscitée par les Américains et dont personne ne veut en Haïti...sauf bien entendu un certain secteur de la bourgeoisie ».
Oiseau de mauvaise augure diront certains. A ceux-là, nous dirons que ce sont les avertissements d’un sage, d’un prophète, d’un homme politique, d’un philosophe, d’un sociologue qui a la capacité intellectuelle venant de sa compréhension du mode de production capitaliste à son troisième âge, de sa connaissance de l’histoire coloniale et postcoloniale de notre pays et qui eut à confronter beaucoup de secteurs politiques haïtiens. Il s’agissait surtout d’attirer l’ attention sur les mesures qui s’imposent , soit, les taches de l’heure : lutte contre l’injustice, l’impunité, l’exclusion sociale, la corruption pour embrasser les vraies valeurs de dignité, de tolérance, de démocratie participative (nou tout endan) , de partage équitable des richesses comme prônée par la Charte de l’Eglise d’Haïti publiée le 8 décembre 1983 prônant la fin de « Bourik travay pou chwal galonnen » longuement commentée par Karl dans « Charte de l’Eglise d’Haïti pour la promotion humaine. Une pratique nouvelle » in Relations No 498, mars 1984 Pour Karl c’est « une invitation à la une rupture d’avec certaines pratiques et de créer de nouvelles alliances ».
« Nous avons la capacité -et le devoir- de nous doter des instruments qui nous permettrons de comprendre », nous disait-il souvent. Une facon bien a lui de nous rendre autonomes
C’est fort de cette idée, de cet esprit, parents, camarades politiques, amis, partenaires et collaborateurs ont décidé dès avril 1986 à Montréal que Karl devrait continuer à parler à partir de l’Évangile libérateur, de la doctrine sociale de l’Église et du socialisme pour les sans voix contre l’exploitation, l’exclusion sociale, l’apartheid, pour l’éradication de la pauvreté, le respect de la dignité humaine, l’implantation de l’État de droit démocratique et ce, à travers l’Institut Culturel International Karl Lévèque (ICIKAL) avec ses branches au Québec et en Haïti qui se veut :
Un OUTIL visant à perpétuer la mémoire de Karl de façon dynamique.
UN LIEU ou se poursuivent et se développent en Haïti et au Québec les idées et pratiques de Karl, ou se prolonge son engagement de croyant et de militant.
UN CARREFOUR d’expression de Solidarité Internationale, et de la Solidarité Québec-Haïti.
UN CENTRE d’animation et de réflexion, de discussion et de débats pour une société plus juste, sur la base de l’Evangile Libérateur
Karl suivait toutes les pulsions politiques économiques, sociales, culturelles et idéologiques en Haïti et tenait informer la Communauté Haïtienne de Montréal et les autres communautés ethniques de tout ce qui se passait en Haïti toujours en présentant une analyse critique profonde pour mieux armer les compatriotes à prendre les décisions patriotiques qui s’imposent
Karl est le militant religieux et politique engagé dans la lutte pour la transformation de la société au nom de sa foi. Chez lui, Pensée et action sont intimement liées. Il a accepté de s’engager dans la vie de la cité à coté des sans voix
« Partir sans nous quitter » tel est la pensée qui nous vient à l’esprit trente années après sa disparition tragique à Montréal Karl, nou pap jam blyé w
Tony CANTAVE, Marigot, 13 mars 2016
Educateur
Pages retrouvées
Impressions d’un retour d’exil
Par Karl Lévêque in Relations in Revue Relations No 519 Avril 1986
Trois semaines pour retrouver ses racines dans un pays après 26 ans d’absence, c’est peu. Deux pages pour livrer des impressions sur ces retrouvailles est un plus grand défi. On serait peut-être tenté de célébrer la fête perpétuelle du soleil et des bougainvilliers multicolores, la saveur capiteuse des jus tropicaux (grenadine, cachiman, corossol, papaye, melon, cerise…) la chaleur de cette foule qui de partout nous submerge, la beauté intemporelle de certains paysages, au détour d’une route de province que l’on retrouve inchangés après tant d’années.
Oui, une fois passés les deux premiers jours de dépaysement, où les rues de villes nous semblent si dangereusement étroites, où tous les visages connus nous paraissent maquillés de rides et de cheveux blancs, très vite on change de camp, on cesse d’être l’étranger, c’est comme si l’on n’était jamais parti. Et c’est de l’intérieur d’une charnelle appartenance à ce pays toujours beau au cœur de la plus grande pauvreté, qu’on mesure ce qui y a changé, un peu, beaucoup… ou pas du tout.
Un pays neuf
Mais là, on laisse le folklore et on entre dans le très sérieux. Ce qui a changé depuis quand ? Depuis 26 ans, ou depuis le 7 février ? Parce qu’il n’y a pas rien que pour nous que ça a beaucoup changé en Haïti. Pour beaucoup de gens, pour tout le monde, c’est véritablement un pays neuf. Le mot « révolution » qui avait été tellement galvaudé par le régime des Duvalier « mon père a fait la révolution politique, moi je ferai la révolution économique » tel était le refrain de Jean-Claude Duvalier, ce mot révolution est régulièrement employé par le peuple lui-même pour désigner la rupture réelle effectuée quelque part dans ce pays entre décembre 85 et février 86. Nous n’avons pas eu personnellement l’impression d’être charrié par un abus de langage. Il y a bel et bien eu une révolution dans ce pays. Reste à définir dans quel sens. Parce que le Conseil national de gouvernement (CNG) qui est au pouvoir ne mérite absolument pas l’épithète de révolutionnaire. Et alors, que veut-on dire ?
Pendant trois décennies, le peuple haïtien a marché la tête entre les jambes « zombifié » disait-on, par l’idéologie noiriste des Duvalier et quadrillé par un corps de répression extraordinairement efficace, les Volontaires de la sécurité nationale (VSN) : 35 000 personnes, armées, en tenue militaire, entrainées …et 300 000 personnes munies de la carte de tonton-macoute, éventuellement d’un revolver, sauf-conduits qui permettaient tous les abus et accordaient tous les privilèges. Or, voilà qu’un peuple non armé, sans organisation politique unifiée, sans idéologie, sans leader nationalement reconnu, en arrive à débouter cette dictature que le Département d’Etat américain avait bien décidé de maintenir en place. Ce qui nous a le plus frappé durant ce séjour, c’est de découvrir un peuple fier, insolent (frekan) à en être admirable, pleinement conscient d’avoir été le seul artisan de sa libération.
Quoi de plus significatif que de voir par tout le peuple SE fêter : le peuple du Cap- Haïtien allant rendre hommage au peuple des Gonaïves, le peuple des Gonaïves allant fêter la résistance du peuple de Jérémie, le peuple de Petit-Goâve se présentant comme « le relais de la révolution » ! Jaloux même de sa victoire, il n’entend pas se laisser voler ce mérite ni par quelque « leader » que ce soit, ni par ces fameux « communistes » que les Cassandre de tous poils dénoncent à l’horizon sans que nulle part on n’en ait trouvé trace.
Déroutés par ce « dechoukay » (chouk désigne la souche, la racine, et ce mot qui a fait fortune décrit l’action de déraciner en profondeur) inattendu, les Américains ont manœuvré pour remettre à l’Armée la tâche d’opérer la transition. D’ou ce régime batard, au sein duquel un des vétérans du duvaliérisme, M. Alix Cinéas, joue certainement un rôle de premier plan (ministre sans portefeuille), où des militaires tout dévoués au duvaliérisme, sinon à la personne même des anciens dirigeants, MM. Max Valles et Prosper Avril, ont un rôle déterminant, le premier à la tête de l’important ministère de l’information, le second pour protéger les membres (et peut-être même la structure souterraine) de l’immense appareil duvaliériste. De plus, même alors que, par décret du CNG, la milice a été dissoute, on devine la difficulté pour une armée de 8 000 hommes de faire disparaitre du jour au lendemain un corps paramilitaire de 35 000 personnes mieux équipées en armes que les soldats de l’armée régulière !
Bien sûr qu’on retrouve au CNG un homme au-dessus de tout soupçon, Me
Gérard Gourgue, qui n’avait pas ménagé son courage à la tête de la Ligue des droits de l’Homme pendant plusieurs années. De même au sein du Cabinet, des ministres comme Rosny Desroches (Education), Jacques François (Relations extérieures), Symphar Bontemps (Santé). Marcel Leger (Finances) ne sont pas exactement des suppôts de l’ancien régime. Mais font-ils le poids face aux duvaliéristes (Odonel Phénestor, Cantave Montaigu, Tony Auguste, etc.) ? Numériquement, non.
Le souverain
Cette question nous amène au second volet de ce qu’on appelle actuellement la révolution en Haïti. C’est que le rapport de forces normal qui existe entre le peuple et un gouvernement (militaire de surcroit) est actuellement en Haïti inversé. De l’avis de tous, c’est le peuple qui mène, et ce sont les militaires qui suivent. Situation paradoxale qui ne pourrait durer indéfiniment sans ruiner le principe même de l’autorité et la crédibilité du CNG. ...Et on ne voit pas comment elle pourrait cesser. Le véritable pouvoir actuellement est dans la rue. Puisque le CNG refuse de nettoyer l’appareil gouvernemental de ses éléments macoutes, puisqu’il refuse de mettre sous les verrous ceux-là que tout le monde considère comme étant des assassins et des voleurs, le peuple continue à exercer la justice.
Il s’agit bien entendu d’une justice symbolique, puisqu’il choisit de s’en prendre uniquement aux personnages les plus connus pour leur férocité à réprimer et leur voracité à piller les biens publics. L’opération du dechoukay ici et la désigne encore la démolition en règle du château et des limousines d’un macoute impuni. Mais de plus en plus, elle prend la forme plus légale d’une revendication de mise-à- pied d’un haut fonctionnaire jugé corrompu et trop compromis avec l’ancien gouvernement. De manière de plus en plus fréquente, ces revendications se font aussi plus économiques, plus structurelles : en particulier contre ces taxes qui jadis alimentaient les huit comptes spéciaux du Président de la République portant la rubrique... « Défense nationale ».
Le CNG peut se vanter d’avoir beaucoup fait en quatre semaines : dissolution de la milice, retour au drapeau bleu et rouge, intention de récupérer les fortunes de la famille Duvalier et des autres grosses têtes du régime, promesse de juger ceux contre lesquels seront portées des accusations fermes de malversations des biens de l’Etat ou de violations des droits de la personne, etc. Mais par ailleurs, il faut reconnaitre que toutes ces mesures n’ont été que la stricte mise en application des revendications populaires, obtenues surtout sous la pression têtue du peuple qui ne démord pas. Durant ce premier mois de gouvernement, on peut dire sans mentir que tous les communiqués et décrets du CNG venaient comme une réponse pour calmer le peuple. Le ministre de la Justice, Me Gourgue, a consacré l’expression « clameur publique » pour désigner cet aspect catégorique de la volonté populaire devant laquelle le gouvernement devait s’incliner. Et dans le contexte de l’inauguration de la Mission Alpha (la grande campagne d’alphabétisation de l’Eglise cathodique), le 7 mars dernier, plusieurs orateurs ont parlé du « Souverain », évoquant le peuple dont l’intervention est désormais reconnue comme déterminante et ... souveraine.
Nous avons dit que le véritable pouvoir était dans la rue. Pouvoir massif, mais inorganisé. Donc pouvoir fragile. L’Eglise, certes, avait encadré, endigué (et renforcé du poids de son autorité) les aspirations populaires durant les dernières années de l’affrontement avec Duvalier. Mais dans la phase actuelle, ou vont se discuter de plus en plus des projets concrets d’alternative politique, l’Eglise a de moins en moins son mot à dire – du moins si elle veut rester en dehors de toute partisannerie. Et en même temps se révèle jusqu’a quel point l’unité réalisée sur le front ecclésial contre le régime véritablement satanique des Duvalier ne signifiait absolument pas une homogénéité politique au sein du clergé et encore moins chez les laïques engagés.
Les leaders politiques ont été totalement hors de la course finale qui a mené au dechoukay de Jean-Claude Duvalier. Sauf le rayonnement régional de De Ronceray dans la zone de Petit-Goâve d’où il origine, le poids de la classe politique est actuellement et jusqu’a présent quasi nul. Et puisqu’il y a un réel vide politique, il est probable que certains requins de la Diaspora et des politiciens de l’intérieur vont y développer, dans les mois qui viennent, leurs campagnes, faites de magouilles, de dénonciations et d’excommunications réciproques ; eux qu’on sent plus préoccupés de s’ajuster aux vœux du Département d’Etat américain qu’aux aspirations du peuple.
Les élections
Et que seront ces élections qu’on prévoit déjà pour février 1987 ? Seront-elles vraiment libres...ou bien téléguidées par Washington, comme tout ce qui se joue à Port-au-Prince depuis ces dernières années ? N’est-il pas significatif que le peuple soit jusqu’a maintenant si peu préoccupé de ces fameuses élections ?
Pour le moment, ce qui importe c’est l’affrontement nu, patient, rusé des deux seules forces politiques en présence : un gouvernement encore fortement lié au duvaliérisme, et un peuple ivre de liberté et conscient de sa force.
La seule vraie garantie de stabilité dans la situation actuelle est la menace d’une intervention militaire directe, soit des Etats-Unis, soit d’une force interaméricaine (ou intercaraibeenne) suscitée par les Américains et dont personne ne veut en Haïti...sauf bien entendu un certain secteur de la bourgeoisie. Pour éviter le pire, le CNG acceptera peut-être de concéder, par petits bouts, les revendications les plus criantes du peuple, pour obtenir au moins de pouvoir préparer ces élections qui constituent son principal mandat. Rien pourtant n’est sûr. Sinon que jamais les chances pour la démocratie n’ont été aussi ouvertes qu’actuellement.
Montréal le 14 mars 1986