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Haïti-Conjoncture : L’Unnoh craint une complication de la situation sociopolitique actuelle

Risques d’ « une transition de la continuité » ?

L’Unnoh préconise un accord national, devant porter sur le contenu et l’agenda politique d’une transition de la rupture, susceptible d’inaugurer un nouveau départ pour Haïti.

P-au-P, 09 mars 2016 [AlterPresse] --- L’Union nationale des normaliens haïtiens (Unnoh) souhaite une prise en compte des problèmes politiques, non encore résolus, pour éviter une aggravation de la situation sociopolitique actuelle, dans une lettre en date du lundi 7 mars 2016, adressée au président provisoire Jocelerme Privert et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

L’Unnoh attire l’attention de Privert sur « un ensemble de problèmes troublants qui, s’ils ne sont pas identifiés, traités et résolus à temps, risquent, d’une part, de compliquer la situation sociopolitique actuelle et, d’autre part, d’instaurer, pour le plus grand malheur du pays, une transition de la continuité ».

Comme premier problème majeur, l’Unnoh souligne le « fameux » accord du 6 février 2016, salué avec « un enthousiasme et une satisfaction extraordinaires par le Core Group et des acteurs locaux, reconnus pour leur attachement indéfectible au statu quo ».

Cet « accord-piège » s’inscrit dans la logique d’une transition de la continuité, qui ne permettrait d’amorcer aucun changement réel, ni de marquer aucune forme de rupture, dénonce-t-elle.

Cette entente, qui se focalise sur les questions électorales, négligerait les véritables revendications des masses populaires, telles le travail, l’éducation la santé et l’audit, rappelle-t-elle.

L’ Unnoh demande, entre autres, le démarrage, sans délai, de l’audit du régime Tèt kale de l’ancien président Joseph Michel Martelly, la mise à l’écart de l’accord du 6 février 2016, jugé « scandaleux », en vue d’arriver à un véritable accord national, avec la participation de tous les protagonistes concernés.

Cet accord national devrait porter sur le contenu et l’agenda politique d’une transition de la rupture, inaugurant un nouveau départ pour le pays, préconise-t-elle.

Elle exige la mise sur pied d’une commission indépendante de vérification et d’évaluation du processus électoral de 2015.

« Suivant l’accord du 6 février (2016), il est prévu d’organiser les élections dans moins de trois mois, soit le 24 avril prochain. Ce qui laisserait supposer que la machine électorale fonctionne très bien, tout est bien huilé et que l’on peut, dans ces « conditions idéales », se permettre de proclamer des élections dans une période de temps aussi court et de les réaliser effectivement », mentionne la note.

« L’idée d’organiser des élections, dans une période de moins de trois mois, dans de telles conditions, n’est-ce pas vouloir mentir à soi-même et à la population », se demande l’Unnoh, en faisant référence au président provisoire Jocelerme Privert.

« Est-ce une stratégie politique détournée pour accéder, coûte que coûte, au pouvoir, tout en sachant, d’avance, qu’il n’y aura pas effectivement d’élections, dans cette courte période de temps » ?

L’Unnoh demande à Privert d’oser dire la vérité au peuple et d’œuvrer en faveur d’une transition de la rupture et non de la continuité, en vue d’inaugurer un nouveau départ et d’établir ensemble les bases d’un changement réel.

Au lieu de s’enliser dans « la surdité politique », Privert devrait se mettre, de préférence, à l’écoute des protagonistes politiques et des organisations sociales, exhorte l’organisation syndicale.

Entre-temps, la composition du cabinet ministériel du premier ministre nommé, Fritz-Alphonse Jean, a été rendue publique tard dans la soirée du lundi 7 mars 2016.

4 femmes, soit un pourcentage de 28.57%, figurent parmi les 14 personnalités appelées à occuper les 15 fonctions de ministres. [bd emb rc apr 09/03/2016 13:30]