Par Betty Désir
P-au-P, 07 mars 2016 [AlterPresse] --- Conférences-débats, assemblées, ateliers de réflexion, expositions picturales et autres initiatives culturelles figurent parmi les activités annoncées à l’occasion de la journée internationale des femmes (mardi 8 mars 2016), selon les informations recueillies par l’agence en ligne AlterPresse.
« Planète 50/50 d’ici 2030 : Franchissons le pas vers l’égalité » est le thème international, retenu pour la date du 8 mars 2016.
Le Mcfdf face aux mythes et tabous
Des expositions de tableaux, représentant les femmes héroïnes de l’histoire d’Haïti (« Femmes, notre histoire »), accompagnées de leurs biographies, auront lieu à l’occasion, sur la cour du ministère, fait savoir à AlterPresse la directrice de promotion et de défense des droits des femmes au Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf), Sandy François.
En Haïti, le Mcfdf place la journée du 8 mars 2016 sur le slogan offciel sou chimen egalite fanm ak gason : n ap kontinye vanse.
En ce sens, un plan 2014 - 2034, élaboré par le Mcfdf, serait déjà opérationnel.
« Il y a eu des efforts. Ce ne sont pas totalement des acquis... parce que ... les tabous demeurent encore. Mais, nous devons entreprendre des actions pour consolider ces acquis », relève Sandy François.
Entre-temps, se poursuit la 3e édition de la campagne Respekte fanm se diyite, en vue de relancer la campagne de sensibilisation contre les paroles de dénigrement des femmes dans les meringues carnavalesques.
A l’occasion du 8 mars 2016, des fonctionnaires femmes du Mcfdf, des écolières et écoliers sont conviés à faire des dons de sang à la Croix rouge haïtienne, sur la cour du ministère.
Parallèlement, des artistes femmes, - comme du groupe de femmes Vodoula -, ainsi que des artistes hommes -comme Jean Jean Roosevelt -, sensibilisés sur la condition des femmes, offriront des prestations de circonstance.
Durant toute la deuxième semaine de mars 2016, des séances de sensibilisation se déroulent également dans différents lycées et collèges, dans la capitale ainsi que dans différentes villes de province, pour encourager la sensibilisation sur la condition féminine et les droits des femmes en Haïti.
Dans la réalité, force est de constater une absence de dispositions institutionnelles véritables en faveur de la participation effective de femmes dans les sphères de décisions politiques. Aucune femme n’est présente au sein du parlement contesté (23 hommes au sénat et 92 hommes à la chambre des députés), investi en janvier 2016.
Le public attend de voir quelle représentation de femmes affichera le prochain gouvernement provisoire, qui devrait comprendre une quinzaine de ministères.
Au-delà de la date du 8 mars, chez les organisations militantes de la cause des femmes
La Solidarite fanm ayisyèn (Sofa) tient une assemblée avec ses membres, de différents départements géographiques, autour de la situation sociopolitique du pays.
Une déclaration officielle devrait être rendue publique sur les réactions hostiles, suscitées par le choix de la coordonnatrice de Sofa, Marie Frantz Joachim, pour représenter le secteur des Femmes au nouveau conseil d’administration du Conseil électoral provisoire (Cep).
« La mission (les tâches) des organisations de femmes va au-delà de la date du 8 mars. C’est une lutte continue, qui doit se poursuivre », rappelle une des responsables de l’organisation Kay fanm, Danièle Magloire.
Kay fanm compte plutôt insister, beaucoup, sur la date du 3 avril, qui ramène la journée nationale (en Haïti) du mouvement des femmes. [1]
Une rencontre se tient également, à l’interne, pour les bénéficiaires de services de Kay fanm pour l’année 2015, telles les femmes, les filles et leurs parents, en vue de renforcer les droits de ces femmes.
Préalablement à la journée du 8 mars, le Collectif féminin haïtien pour la participation politique des femmes, Fanm yo la, a organisé une retraite de 3 jours, du vendredi 26 au lundi 29 février 2016, dans l’objectif de définir des mécanismes et stratégies, ainsi qu’un plan d’actions, visant au renforcement de la participation politique des femmes en Haïti pour les 3 prochaines années (2016 - 2019).
« A l’issue de cette retraite, une nouvelle coordination a été installée à la tête de Fanm Yo la Lisa François, qui a dirigé l’organisation pendant dix ans, avec 2 mandats consécutifs, a cédé la place à une nouvelle coordination (Natacha Clergé, coordonnatrice générale ; Marie Michèle Bernier, coordonnatrice générale adjointe ; Alexandra Anténor, trésorière ; ainsi que 7 déléguées) », souligne à AlterPresse la nouvelle coordonnatrice générale de Fanm yo la, Natacha Clergé.
Au cours d’une rencontre de Fanm yo la avec 6 candidates, encore en lice pour les législatives (1 candidate pour le sénat, 5 candidates à la députation), l’accent a été mis sur les difficultés spécifiques, éprouvées par les femmes candidates aux postes électifs. Des recommandations ont été faites pour une participation minimale de femmes à la 50e législature.
Ces 6 candidates, en lice pour les prochaines législatives, se seraient engagés, à travers un pacte, à se soutenir mutuellement, à appuyer les politiques et programmes publics, qui visent un renforcement des droits des femmes, élues au parlement, en dépit de leur appartenance idéologique et politique.
« Fanm yo la a tenu ses activités spéciales, avant le 8 mars 2016, afin de pouvoir dégager du temps permettant à ses membres de répondre aux invitations d’autres organisations féminines, comme les présentations de conférences-débats ».
L’organisation Fanm deside de Jacmel (Sud-Est) se réunira avec des femmes, des milieux rural et urbain, pour partager des expériences diverses et discuter des avancées, défis et perspectives du mouvement féministe en Haïti.
Fanm deside de Jacmel débattra, également, des pistes de solution face aux difficultés, auxquelles font face, généralement, les femmes pour leur participation politique dans différentes sphères d’activités, dont les milieux de travail.
An n angaje n. An n kraze tout baryè pou dwa fanm respekte est le thème, choisi par Fanm deside de Jacmel, signale à AlterPresse Nadia Lafleur, responsable du centre d’accueil Magali pou lavi [2].
Mobilisation de femmes dans la grande agglomération de Canaan
Du dimanche 6 au mardi 8 mars 2016, les organisations « Réponse des femmes dans le développement du pays » (Refadep), « les femmes progressistes haïtiennes dévouées »(Fpad) et le Code 15 Canaan réfléchissent sur les droits et l’intégration des femmes dans la société en Haïti.
Ancrée sur « le rôle des femmes dans la construction durable », cette activité vise à sensibiliser et mobiliser les femmes, résidant à Canaan [3] pour contribuer au changement de leurs conditions de vie.
Le mardi 8 mars 2016, plusieurs femmes, résidant à Canaan, comptent marcher, de leur agglomération jusqu’au Carrefour Shada (ancienne Société haïtiano-américaine de développement agricole, dans les années 1940), à l’angle des routes nationales No. 1 et No. 3, non loin de Croix des Missions.
Les organisations de femmes à Canaan appellent à la solidarité de toutes les organisations de la zone de Canaan, afin de conscientiser les hommes sur la nécessité d’impliquer les femmes dans la lutte pour le changement, de contrecarrer les actes de violences, dont sont victimes les femmes à Canaan, de renforcer le leadership des femmes de la zone vers une participation active dans le développement durable en Haïti. [bd gp rc apr 07/03/2016 11:54]
Photo logo : Parlement symbolique des femmes, organisé en octobre 2013 par la Sofa, en partenariat avec d’autres organisations.
[1] Ndlr : le 3 avril 1986, des milliers de femmes avaient gagné les rues à Port-au-Prince, dans une manifestation symbolique pour sensibiliser sur la cause des femmes.
[2] Ndlr : Magali pou lavi = du nom de la militante féministe Magalie Marcelin (1962 - 2010), décédée, à l’âge de 47 ans, lors du tremblement de terre du 12 janvier 2010.
[3] Ndlr : Avec des villages dénommés Jerusalem, Canaan fait partie d’une nouvelle grande agglomération suburbaine, très peuplée (forte de plus de 100 mille personnes, selon les estimations officielles), établie, à partir de l’été 2010, sans aucun plan d’urbanisation, au nord de Port-au-Prince, sur des terres auparavant en friche, comme éventuelles alternatives aux destructions de maisons durant le tremblement de terre du 12 janvier 2010.