Par : Ladenson Fleurival
En décembre 2004, à plus de 200 ans de son indépendance, la République d’Haïti offre un contraste saisissant : tandis que les problèmes de gouvernance se posent dans toute leur acuité avec les agitations politiques et les violences de rue dans la capitale, il existe toute une série de sites naturels verdoyants, imprégnés de vestiges historiques et de variétés de roche dont la valeur reste à estimer.
Une semaine après la première foire écotouristique binationale tenue du 20 novembre au 5 décembre 2004 aux abords du lac Azuei à Fonds Parisien, à une quarantaine de kilomètres à l’est de Port-au-Prince, se tient la deuxième édition de la Foire de la Montagne, une manifestation organisée sur les hauteurs de Petit-Goâve à Vallue, à 68 kilomètres au sud de la capitale, où les paysans oeuvrent, déterminés, à la conquête d’un mieux-êtreÂ… AlterPresse vous invite à faire plus ample connaissance avec le site naturel de Vallue.
P-au-P., 10 déc. 04 [AlterPresse]--- Au-dessus de la baie de Petit-Goâve, à environ 5 kilomètres de Morne Tapion, au sud de la capitale, apparaît Vallue, inconnue et méconnue, entre 600 et 980 mètres d’altitude.
Invités à la découvrir à l’occasion de la deuxième édition de la foire de la Montagne (9 - 12 décembre), les visiteuses et visiteurs se laissent charmer par une beauté vraie, rare par son originalité, entourée par une riche végétation, dépouillée du tumulte urbain et donnant la joie de vivre à ce coin de terre chéri par ses filles et ses fils.
Escarpée, Vallue s’étend sur une superficie de 25 km2 carrés. Sa situation géostratégique offre une vue panoramique dominatrice des régions périphériques sous-jacentes : l’île de la Gonâve, Petit-Goâve, Grand-Goâve. De par les richesses naturelles et les trésors historiques, il se dégage, chez les habitants, un sentiment de fierté et une tentation, forte, de considérer Vallue comme un des principaux sites touristiques du pays.
L’histoire de Vallue est faite de mythes, de légendes, de contes, mais aussi de traditions : transmissions de connaissances orales d’une génération à l’autre, afin de pérenniser les informations. Elle doit son nom à un ancien colon français, Jean Jacques Vallue, l’un des grands propriétaires de la région pendant le XVIII e siècle.
Après plus de trois cents ans (300 ans), elle garde encore un ancien moulin à canne, principal instrument dont se servaient les colons pour moudre la canne à sucre, cultivée dans la colonie de Saint-Domingue. Y sont encore visibles des sépulcres, datant de plus de deux centenaires, où l’on ensevelit les restes des dignitaires partant pour l’au-delà à l’époque esclavagiste.
Les ressources naturelles abondent à Vallue, telles une variété de pierres rares, connues sous les sobriquets de roches poissons, parce que faites en forme de poisson , roches étoiles incluant le signe de l’étoile, et aussi des pierres en cristal.
Ce sont fondamentalement ces ressources naturelles qui semblent avoir stimulé l’Association des Paysans de Vallue (APV), initiatrice de multiples activités dans cette section communale, à élaborer un projet de « musée de mémoire », dans lequel les membres de ladite Association entendent restituer le passé de la zone à partir de pièces anciennes que des fouilles archéologiques devront permettre de retrouver.
Un spécialiste en archéologie et en art plastique, Georges Simon, venu de Guyana, Guyane anglaise, à l’occasion de la deuxième édition de la foire de la montagne, devra, entre autres, initier les paysans à la réalisation d’œuvres d’arts à partir des ressources déjà disponibles à Vallue, comme les plantes, les variétés de rochers existants, etc.
Du temps de la colonie, la culture principale de Vallue fut la canne à sucre, production très en vogue de l’époque à Saint Domingue, la plus belle et la plus riche colonie française du siècle des lumières. De nos jours, les Vallois ont changé d’habitudes agricoles, ils cultivent des denrées alimentaires et des productions vivrières.
Douzième section communale de Petit-Goâve, Vallue compterait aujourd’hui plus de quatre milles (4,000) habitants, selon le dernier recensement effectué par l’APV en l’an 2000.
Interrogés sur leurs aspirations, les Valloises et Vallois affirment espérer, vouloir vivre dans un environnement sain et naturel. C’est pourquoi, ils ne baissent pas les bras pour continuer d’aménager quotidiennement leur espace vert tout en encourageant leurs congénères à reboiser la terre.
[lf, rc, 10/12/04 17:40]