Correspondance Shella Chauvette
P-au-P, 29 février 2016 [AlterPresse] --- 25 migrantes et migrants - 10 femmes, 13 hommes et 2 enfants - ont été rapatriés à la frontière de Belladère (Commendador/Elias Piña), dans la matinée du lundi 29 février 2016, apprend AlterPresse.
Ces rapatriements font suite à plusieurs autres, survenus au cours du mois de février 2016.
Des soldats dominicains les ont interceptés à leur sortie d’un chantier de construction, alors qu’ils devraient recevoir leur paye, le lendemain de leur rapatriement, témoignent six (6) de ces migrants.
Des organisations de base demandent aux instances concernées de prendre des mesures adéquates pour accompagner ces rapatriés vulnérables.
« Ces personnes rapatriées ne laisseraient pas le pays, si elles avaient bénéficie de l’encadrement approprié dans l’agriculture, l’élevage et le commerce. Les conditions de vie de ces personnes, surtout dans les bateyes, sont vraiment inhumaines », déplore Dieumène Jean, une habitante de Belladère.
Le lundi 22 février 2016, 19 personnes ont été rapatriées à Carizal, sur la frontière de Belladère, sans aucune structure d’accueil disponible pour les accompagner.
L’Association des jeunes pour le développement local (Ajdl) condamne les agissements de la migration dominicaine, qui continue d’ignorer toutes les procédures de rapatriements et de mettre en péril l’intégrité physique des personnes rapatriées.
Un membre de l’Ajdl, Michelet Descartes, appelle le gouvernement à remédier à cette situation.
Ces personnes ne disposaient pas d’un certificat de rapatriements, contrairement à ce qu’exige le protocole d’accord sur les mécanismes de rapatriements, signé entre les deux pays, signale, pour sa part, la Fédération des organisations de femmes de Croix-Fer.
« Rapatrier des femmes et des enfants en bas âge, sans les conditions humaines minimales, c’est violer les conventions et les traités internationaux. Il faut une intervention de nos autorités pour faire respecter les accords signés », estime la coordonnatrice de l’Organisation pour le développement de bas Croix-Fer (Odbc), Yvonne Cyriaque.
Le mardi 5 Janvier 2016, les autorités dominicaines ont aussi refoulé 43 migrantes et migrants haïtiens, dont 13 femmes, 28 hommes et deux enfants, sur la frontière de Belladère.
De février 2015 à février 2016, plus de 2,000 migrantes et migrants haïtiens ont été rapatriés sur la frontière de Belladère, selon les statistiques des organisations de femmes dans la commune de Belladère.
La politique, appliquée par la direction générale de la migration dominicaine, pour contrôler le flux migratoire, est l’expulsion, regrette, dans un communiqué, le Réseau frontalier Jeannot Succès (Rfjs), qui œuvre pour la promotion et la défense des droits des migrants.
« Nous exhortons les autorités dominicaines à réactiver et renforcer les canaux de collaboration entre l’Etat et la société civile, pour introduire des améliorations dans la législation et faire en sorte que cela se transforme en un instrument efficace et humain », recommande le Rfjs. [sc emb apr 29/02/2016 14:40]