Le G-8 déclare relever, déjà, « un certain malaise entre les artisans et bénéficiaires du coup d’Etat parlementaire, lié à certains accords secrets, qui seraient contractés dans le seul but d’assouvir certaines ambitions de pouvoir ».
P-au-P, 29 février 2016 [AlterPresse] --- Le Groupe des (8) huit candidats à la présidence (G-8), qui conteste les résultats définitifs des élections du 25 octobre 2015, déplore l’absence de la question de la crise électorale et des solutions envisagées dans les discours officiels, lors de la présentation, le vendredi 26 février 2016, du nouveau premier ministre nommé, Fritz-Alphonse Jean.
« Dans les discours de circonstance, la question de la nature de la crise électorale et de la solution de sortie de crise, passant obligatoirement par la création d’une Commission d’enquête indépendante de vérification électorale, a été sciemment évitée », dénonce le G-8, dans un communiqué, daté du 29 février 2016 et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Cette présentation, officiellement qualifiée d’ « installation », ne répond : ni au vœu de la Constitution, ni à celui du prétendu accord du 6 février 2016, conclu entre l’ancien président Joseph Michel Martelly et les présidents des deux chambres du parlement, fustige le G-8.
Le G-8 dit prendre acte de cette présentation officielle, « dans la logique du coup d’Etat parlementaire », de Fritz-Alphonse Jean dans la fonction de premier ministre.
Plusieurs secteurs de la vie nationale ont exprimé leurs réserves à propos de cette nomination, le 25 février 2016, de Fritz-Alphonse Jean comme premier ministre de consensus.
La cérémonie de présentation de Fritz-Alphonse Jean a été même boudée par le premier ministre sortant Evans Paul et les membres de son gouvernement.
« Avec le chef de l’État, nous avons une mission courte : mettre tout le monde ensemble, faire participer tout le monde dans la construction de la base, qui provoquera, à plus long terme, le miracle de la renaissance haïtienne », a déclaré le nouveau premier ministre nommé, lors de sa présentation officielle, en présence de divers représentantes et représentants du corps diplomatique accrédité en Haïti.
« Dans l’urgence, nous devons créer les conditions nécessaires à la réalisation d’élections crédibles, honnêtes et transparentes, et, parallèlement, rétablir la stabilité macroéconomique en procédant au redressement des finances publiques », affirme Fritz-Alphonse Jean.
« La mise sur pied de la commission d’enquête administrative, chargée de faire la lumière sur la gestion du régime tèt kale (de l’ancien président Joseph Michel Martelly), ne fait pas partie de l’agenda du gouvernement provisoire, en dépit de nombreuses dénonciations de corruption caractérisant le pouvoir », regrette le G-8.
Jusqu’au présent, la formation de cette commission d’enquête administrative et la mise en place d’un nouveau Conseil électoral provisoire, pour poursuivre le processus controversé, tardent encore.
Le G-8 souligne une absence de volonté pour la création de cette commission d’enquête administrative, à un moment où certains bailleurs étrangers menacent de geler le décaissement des fonds, pour protester contre la gabegie soupçonnée dans la gestion financière de l’administration politique sortante.
Dans un si court laps de temps, l’administration politique sortante a manipulé beaucoup de fonds, à travers, notamment, les fonds de la Reconstruction (s’élevant à plusieurs milliards de dollars américains), les fonds Petro-Caribe (s’élevant également à plusieurs milliards de dollars américains) et les appuis budgétaires internationaux.
Rejetant toute idée d’intégrer ou de supporter, d’une façon ou d’une autre, l’équipe actuelle, le G-8 réitère son souci premier, qui est le rétablissement de la sincérité des scrutins controversés des 9 août et 25 octobre 2015, afin, dit-il, « de redonner espoir aux masses souffrantes, qui réclament, à juste titre, leur participation dans les grandes décisions engageant la nation ».
Le G-8 dit également relever, déjà, « un certain malaise entre les artisans et bénéficiaires du coup d’Etat parlementaire, lié à certains accords secrets, qui seraient contractés dans le seul but d’assouvir certaines ambitions de pouvoir ».
Aux yeux du G-8, la transition politique, initiée avec l’installation de Jocelerme Privert, le 14 février 2016, a lieu,aujourd’hui en Haïti, « sans aucun souci de transparence, devant normalement caractériser les actions des personnalités publiques, des responsables de l’État, ni aucun égard pour le peuple haïtien, qui croupit dans la misère, et les masses rurales frappées par une sécheresse aiguë ». [emb rc apr 29/02/2016 10:50]