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Haïti-Politique : Des opportunités à exploiter en quête d’un autre modèle d’État, préconise le militant Freud Jean

P-au-P, 26 février 2016 [AlterPresse] ---- Il faut se focaliser sur les opportunités politiques qu’offre la conjoncture actuelle en vue de la construction d’un autre modèle d’État, recommande le coordonnateur du Programme pour une alternative de justice (Paj), Freud Jean.

La lutte politique devrait consister à mieux contrôler les actes du pouvoir pour que la situation actuelle soit « moins déstabilisante et fragile », estime Jean, invité à l’émission Ti chèz ba, prévue pour être diffusée les samedi 27 et dimanche 28 février 2016 sur la station en ligne AlterRadio (samedi : 7hAM, 3hPM ; dimanche : 7hAM, 1hPM, 5hPM).

Il appelle les divers secteurs à s’engager dans la conjoncture politique en vue de faire avancer la construction de la démocratie dans le pays.

Il souligne l’existence d’un « déficit de confiance grave » dans la société haïtienne envers notamment les autorités électorales.

Il appelle les responsables à faire preuve de transparence dans les décisions qui seront prises à chaque étape du processus pour y ramener la crédibilité et la confiance.

Comment l’éventuel Conseil électoral provisoire (Cep) peut-il projeter une image de confiance vis-à-vis de la population ? Combien de temps faudrait-il pour organiser de bonnes élections ?, se demande le défenseur des droits humains, également ancien membre (secteur des droits humains) du Cep, en 2004.

« Aucune élection n’est possible dans trois mois. (…) L’organisation d’une élection en trois mois pourrait aiguiser la crise », avertit Freud Jean.

Un délai de 48 heures a été accordé aux secteurs retardataires, afin qu’ils s’entendent sur la désignation de leurs représentants à la nouvelle institution électorale.

Les secteurs des syndicats, du vodou et des femmes n’arrivent pas encore à trouver un terrain d’entente sur le choix de leurs représentants au sein du Cep, a indiqué le président provisoire Jocelerme Privert, lors d’un point de presse au palais national, le mercredi 24 février 2016.

Le Groupe des huit (8) candidats à la présidence (G-8), qui contestent les résultats définitifs des élections du 25 octobre 2015, a dénoncé un processus de dilatoire, qui serait enclenché par Privert dans la mise en œuvre de la formation du nouveau Conseil électoral, entre autres.

Entre temps, l’ancien gouverneur de la Banque de la République d’Haïti (Banque centrale – 1996/2001), l’économiste Fritz-Alphonse Jean a été nommé premier ministre, le 25 février et installé solennellement ce 26 février.

Après de multiples échanges réalisés avec divers secteurs de la société depuis près de deux semaines, le président provisoire a fait choix de l’économiste à l’issue de consultations le 24 février avec le président de la chambre des députés, Cholzer Chancy, et le vice-président du sénat, Ronald Larêche.

La nomination a eu lieu conformément à la constitution en vigueur et dans le cadre de l’accord du 6 février 2016, conclu entre l’ancien président Joseph Michel Martelly et les présidents des deux chambres du parlement - dont Jocelerme Privert, alors président du sénat.

Plaidoyer pour une meilleure vision en vue d’un profond changement

Les secteurs intéressés à un changement en profondeur n’ont pas encore la force nécessaire pour faire basculer la situation actuelle, estime Jean.

Il évoque le manque d’une vision à moyen et long terme, des handicaps comme le manque d’organisation et de capacité d’alliances pour bâtir une vraie force.

L’expérience en ce sens mérite d’être approfondie de manière théorique et pratique, affirme-t-il.

Pour sortir du statu quo, il appelle les forces démocratiques et alternatives à la vigilance pour dénoncer les dérives, maintenir un minimum de mobilisation et travailler au renforcement des organisations. Il prône, en ce sens, la dynamisation d’espaces de débats pour une réflexion plus large.

Ce faisant, cette démarche apporterait une contribution stratégique pour le rassemblement des forces démocratiques et populaires, ajoute-t-il. [emb gp apr 26/02/2016 15 : 00]


TiChèzBa, édition du 13 février 2016, invité Ghemps Desauguste, juriste

La mobilisation populaire constitue un rempart vis-à-vis de la soif inextinguible de pouvoir des politiciens haïtiens, estime le juriste Ghemps Desauguste, auteur d’une réflexion sur la crise haïtienne qu’il considère comme un « échec pluriel ».