P-au-P., 19 février 2016 [AlterPresse] --- La mobilisation populaire constitue un rempart vis-à-vis de la soif inextinguible de pouvoir des politiciens haïtiens, estime le juriste Ghemps Desauguste, auteur d’une réflexion sur la crise haïtienne qu’il considère comme un « échec pluriel ».
« Ceux qui veulent maintenir le pouvoir sont toujours mis en défi par la population », déclare Deauguste, invité à l’émission Ti chèz ba, prévue pour être diffusée samedi 20 février 2016 sur la station en ligne AlterRadio (7:00, 15:00).*
Cette affirmation se situe dans le contexte de l’après départ du président Michel Martelly, qui a du quitter le pouvoir à l’issu de son mandat le 7 février dernier, alors qu’une forte contestation populaire montait contre son administration décriée.
Le président provisoire Jocelerme Privert, élu au parlement tôt le 14 février pour un mandat de 120 jours, est entré en fonction le même jour. Il multiplie des consultations pour la formation d’un gouvernement de consensus et de la mise en place d’un nouveau Conseil électoral en vue de la reprise du processus des élections interrompu.
« On aurait souhaité que le président provisoire ait assez de dépassement de soi pour comprendre que la logique du maintien du pouvoir n’a jamais donné des résultats en Haïti », met en garde Ghemps Désauguste, au moment ou des secteurs se posent des questions sur la possibilité pour le nouveau chef d’État d’accomplir son engagement de doter le pays de dirigeants définitifs dans les 120 jours.
Lors d’une conférence de presse ce 19 février, Privert affirme prendre toutes les dispositions pour respecter les termes de l’accord de sortie de crise du 6 février 2016 et le délai de 120 jours prévu, lors de la présentation d’un bilan de ses cinq premiers jours (15 - 19 février 2016) à la tête du pays.
Le juriste critique la « dynamique d’échec » dans laquelle semble s’enliser le pays de plus en plus et déplore l’inadéquation, selon lui, des formules de sortie de crise proposées.
« Les formules que nous imaginons aujourd’hui ne constituent nullement des solutions durables », soutient-il.
Il prône une dynamisation de la société civile, elle aussi affectée par la crise comme l’ensemble des secteurs du pays, afin de sortir de l’impasse. « Le niveau d’engagement de la société civile est fondamental pour échapper au chaos. Il représente un garde-fou indispensable vis-à-vis des dérives politiques et économiques ».
Au sein de la société civile, Ghemps Desauguste insiste sur le secteur paysan, dont la tradition de lutte remonte à la naissance de la République d’Haïti. Les paysans, souligne-t-il, ont « aidé au triomphe de la révolution de 1804 et des révoltes qui ont suivi ». [apr 19/02/2016 21 :00]
*Rediffusion, dimanche 7:00, 13:00, 17:00
TiChèzBa, édition du 13 février 2016, invité Vickens Dérilus, ex-député de Verettes (Artibonite, Nord)
L’attitude du parlement endossant seul toutes les responsabilités pour combler le vide présidentiel qui affecte Haïti, fait courir un grand risque à cette législature et pourrait compromettre l’avenir du pays, opine l’ex-député de Verettes (Nord), Vickens Dérilus.