P-au-P., 12 févr. 2016 [AlterPresse] --- L’attitude du parlement endossant seul toutes les responsabilités pour combler le vide présidentiel qui affecte Haïti, fait courir un grand risque à cette législature et pourrait compromettre l’avenir du pays, opine l’ex-député de Verettes (Nord), Vickens Dérilus.
Les leaders du parlement « manigancent (une élection) » pour s’accaparer du pouvoir exécutif en dehors des intérêts de la collectivité, tandis que les secteurs démocratiques et populaires n’arrivent pas à s’entendre sur une option de sortie de crise, constate l’ancien parlementaire, invité à l’émission Ti chèz ba, prévue pour être diffusée ce samedi 13 février sur AlterRadio (7:00, 15:00).*
3 candidats, dont le président du sénat Jocelerme Privert, sont retenus sur 13 inscrits pour prendre part à l’élection d’un président provisoire, prévue au parlement ce 13 février. Le processus a provoqué une levée de boucliers au niveau de la société, en dépit de quelques appuis exprimés.
Puisque « le parlement tourne les projecteurs vers lui-même », il pourrait également subir de plein fouet les conséquences de la crise, souligne l’homme politique, qui rappelle qu’à travers l’histoire d’Haïti, des mouvements de soulèvement ont été dirigés contre le parlement.
Pour Dérilus, un des aspects les plus troublants de la « situation d’exception » actuelle est que les rapports de forces pourraient jouer en faveur de la communauté internationale, qui a un « plan (inconnu) dans sa poche » pour Haïti.
Le scrutin au second degré annoncé, fait suite à l’accord de sortie de crise, signé le 6 février 2016 entre l’exécutif et le parlement, en vue du choix d’un président provisoire pour combler durant 120 jours le vide laissé par le départ de l’ancien président Michel Martelly, à la fin de son mandat le 7 février 2016, en l’absence d’un successeur élu.
« Nous avons une situation d’exception qui n’est prévue nulle part, c’est le moment idéal pour rechercher la concertation dans la sérénité, afin d’offrir (une alternative) à la communauté », estime Dérilus. Mais, prévient-il, cette voie ayant été évitée, l’incertitude grandit et « tout est possible dans les jours à venir ». [apr 12/02/2016 23:00]
*Rediffusion, dimanche 7:00, 13:00, 17:00