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Haïti-Politique : La Sofa dénonce la démarche du parlement pour élire un nouveau président provisoire

P-au-P, 12 février 2016 [AlterPresse] --- La Solidarite Fanm Ayisyèn (Sofa) critique la démarche du parlement haïtien, qui s’érige « en pouvoir suprême » pour choisir un président provisoire de transition, dans une lettre ouverte datée du 10 février 2016, adressée au président du sénat Jocelerme Privert et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Traditionnellement, le recours à la Cour de Cassation a été privilégié, à maintes reprises, pour combler le vide présidentiel, rappelle la Sofa, dans cette lettre portant la signature de sa coordonnatrice générale, Marie Frantz Joachim.

La démarche du parlement, dont la légitimité est questionnable, « nous ramène à 70 ans en arrière, où l’élection présidentielle se réalisait au second degré et où les hommes choisissaient, à eux seuls, les dirigeants pour le peuple », déplore la Sofa.

C’est au prix de grandes luttes de nos ainées que les femmes ont obtenu les droits de vote et d’être élues, fait-elle valoir, tout en dénonçant toute tentative qui constituerait une menace contre cet acquis.

La Sofa se dit déterminer à lutter pour « la mise en place d’une commission, chargée d’auditer tout le processus électoral de 2015, établir les responsabilités et entamer les poursuites légales, en faveur de la vérité des urnes, en vue de rompre avec l’impunité électorale et favoriser une véritable participation politique des femmes ».

Elle signale une assemblée mâle (composée seulement d’hommes), dont la plupart des membres y sont parvenus, dit-elle, à coups de violences, d’argent et de malversations.

Tout en prenant acte des démarches, entreprises par le parlement pour consulter les organisations de la société civile, elle déplore que celles-ci soient entreprises parallèlement à l’application unilatérale de l’accord du 6 février 2016, signé entre le pouvoir législatif et l’exécutif, à l’insu des forces vives de la société.

L’accord ne prend pas en compte toutes les dimensions de la crise politique, engendrée par des élections violentes, exclusives et frauduleuses des 9 août et 25 octobre 2015, indique l’organisation de défense des droits des femmes, profitant pour souligner les préoccupations de nombreux secteurs à ce sujet.

L’entente du 6février2016 est applaudie par la communauté internationale, notamment les Etats-Unis d’Amérique et l’Union européenne (Ue).

Des secteurs politiques de la vie nationale, dont le Groupe des huit candidats à la présidence (G-8), continuent de dénoncer cet accord, qui n’arrive pas à favoriser un consensus pour le choix d’un président provisoire, en vue de combler le vide laissé par le départ de l’ancien président Michel Martelly, à la fin de son mandat le 7 février 2016, en l’absence d’un successeur élu.

Plusieurs structures, dont le G-8, exigent le choix d’un juge de la Cour de cassation comme président provisoire.

A date, environ six personnalités (dont, paradoxalement, le président du sénat Jocelerme Privert) se sont inscrites pour prendre part à l’élection d’un président provisoire qui devrait être élu le 13 février et être installé, dans ses fonctions, le 14 février 2016, selon les voeux d’une Commission bicamérale spéciale, mise en place à cet effet. [emb rc apr 12/02/2016 10:20]