Paris, 05 déc. 04 [AlterPresse] --- L’Organisation des Nations Unies pour l’Education la Science et la Culture (UNESCO) a remis au cours d’une soirée culturelle ce 3 décembre à Paris le premier Prix Toussaint Louverture au poète martiniquais Aimé Césaire et au militant des droits humains et peintre brésilien Abdias do Nascimento.
La remise du prix Toussaint Louverture a représenté l’acte final de cette année consacrée par les Nations Unies « année internationale de commémoration de la lutte contre l’esclavage et de son abolition ».
Ce prix « vise à couronner l’engagement pour la reconnaissance de l’égalité des hommes et des cultures et la lutte contre la discrimination et l’exclusion dont font l’objet les descendants de peuples mis en esclavage », a déclaré le Directeur Général adjoint de l’UNESCO, Marcio Barbosa, en présence de plusieurs centaines de personnes, dont des hauts fonctionnaires internationaux et des diplomates. Barbosa représentait le Secrétaire Général souffrant, Koishiro Matsura.
Le Secrétaire Général adjoint de l’UNESCO a salué « la portée universelle » du message des lauréats Aimé Césaire et Abdias do Nascimento, en faveur de la dignité humaine, la vigilance et la responsabilité. Césaire est un chantre du mouvement de la négritude, lancé dans les années 60 et Do Nascimiento, vétéran de la lutte pour l’émancipation des noirs au Brésil, est le premier afro-brésilien élu à la Chambre brésilienne des députés avec comme mandat spécifique de défendre les droits de la population afro-brésilienne.
Césaire représente « l’une des grandes consciences de notre temps », a estimé le sénateur et président du Conseil Général de la Martinique, Claude Lise, qui a été dépêché a Paris pour recevoir le prix au nom du poète martiniquais.
Intervenant par visio-conférence, Aimé Césaire a fait savoir qu’en recevant ce prix, il pense « essentiellement à Haïti ». « C’est un pays qui connaît bien des malheurs, mais nous devons profiter de toutes les occasions pour lui rendre hommage », a déclaré Césaire, mettant l’emphase sur le rôle joué par Haiti, avec Toussaint Louverture, dans la lutte pour l’universalité des droits de l’homme.
Do Nascimiento s’est dit « très ému » de recevoir le Prix Toussaint Louverture. « Je ne peux que recevoir ce prix au nom de tous les descendants nègres qui sont innombrables en Amérique Latine », a déclaré le peintre-militant. Il a qualifié la traite négrière et l’esclavage d’actes « épouvantables, inimaginables » et de « véritables crimes contre l’humanité ».
La traite négrière et l’esclavage ont marqué l’instauration d’une nouvelle ère du capitalisme (permettant « l’enrichissement des nations européennes ») et « le premier pas vers la mondialisation », a souligné Nascimiento. Il a salué la résistance des populations indigènes et des descendants nègres des Amériques face à toutes les opérations génocidaires de la période de la colonisation.
Un gala du chanteur brésilien Gilberto Gil, Ministre de la culture du gouvernement de Lula da Silva, a clôturé la soirée de remise du prix Toussaint Louverture.
L’initiative du prix UNESCO Toussaint Louverture revient à la délégation haïtienne qui l’avait proposée en février 2003, un an avant le bicentenaire de la révolution anti-esclavagiste haïtienne. Celle-ci a « pavé la voie à l’émancipation des esclaves dans les Amériques et au mouvement de libération en Amérique Latine et dans les Caraïbes, incarnant l’universalité des droits de l’homme à une époque où ces droits étaient encore refusés à une partie de l’humanité », a souligné le Directeur Général adjoint de l’UNESCO.
D’autres activités se poursuivent à l’UNESCO durant ce mois de décembre, dont un colloque les 4 et 5 décembre autour de la thématique de l’esclavage, avec la participation de plusieurs personnalités, dont le sociologue haïtien Laenec Hurbon. [gp apr 05/12/04]