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Politique : Comment réaliser, sans délai, de bonnes élections en Haïti ? (I)

Débat

Par André Lafontant Joseph*

Soumis à AlterPresse le 5 février 2016

Première partie : La problématique temporelle

Sous la pression des instances internationales, dites amies (Core Group, Oea, Ue, Pnud, etc.), la classe politique haïtienne, toutes tendances confondues, avance les délais les plus fantaisistes pour l’accomplissement des prochaines joutes électorales : 45, 90, 120 jours.

C’est le paramètre déterminant de la fixation de la durée du mandat du prochain gouvernement de transition.

Comme pour les opérations électorales précédentes, pourtant décriées, nos politiciens se font piéger dans ces échéances irréalistes, qui ne tiennent compte : ni de la conjoncture politique particulière, ni des résultats escomptés. Ils semblent ne pas se rendre compte qu’au-delà des intentions peu louables, attribuées au gouvernement et au Conseil électoral provisoire (Cep), l’échec piteux des derniers scrutins est également dû à l’improvisation et à la mauvaise planification.

Le temps faisant défaut, il y a peu de chance que nos politiciens soient disposés à suivre un long développement, aboutissant à une estimation du temps nécessaire pour corriger les nombreuses anomalies ayant entaché les journées des 9 août et 25 octobre 2015, et réaliser, cette fois-ci, un processus libre, honnête et inclusif, comme aimait à le répéter notre Opont national.

Nous prendrons donc le chemin inverse en annonçant, d’entrée de jeu, notre conclusion sous la forme d’une hypothèse à démontrer dans nos prochains articles.

Notre assertion est que de bonnes élections, susceptibles de regagner la confiance de la population et sortir le pays de cette longue crise, ne sont possibles : pas avant neuf mois, à partir du lancement d’un processus sérieux et méthodique.

Suivant la méthodologie annoncée, nous proposons, d’emblée, le tableau ci-dessous qui, nous l’espérons, provoquera un déclic salvateur, avant qu’une décision suicidaire soit prise.

Le tableau présente, de manière non exhaustive, des tâches, selon nous, indispensables, les activités sous-jacentes et les institutions susceptibles de les prendre en charge.

Certaines exigences, très importantes pour la réussite de la finalisation du processus électoral, n’y figurent pas, dans la mesure où elles peuvent se réaliser de manière concomitante à d’autres.

C’est le cas, par exemple, pour les travaux de la Commission indépendante d’investigation électo-rale (Ciie) qui, durant ces neuf mois, aura amplement le temps pour investiguer et produire ses conclusions.

Il s’agit, donc, d’un cadre plutôt chronologique, constitué d’opérations, les unes imbriquées dans les autres. L’objectif étant d’évaluer la durée minimale d’un processus efficace.

Dans les prochains articles, nous présenterons les justificatifs des tâches à accomplir et les orientations nécessaires pour obtenir l’adhésion de la population, mobiliser les acteurs-clés et repartir sur de nouvelles bases.

Ce travail s’inspire des réflexions et des observations, faites durant notre passage au sein du cabinet de la conseillère Lourdes Edith Joseph.

Nous souhaitons que, cette fois-ci, elles servent à quelque chose.

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* Gestionnaire urbaniste, coordonnateur du Groupe de recherche et d’interventions en développement et en éducation (Gride)
Contact : ajoseph@gride.org