Port-au-Prince, le 03 décembre 2004
Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse (GRALIP) salue, en ce 3 décembre 2004, la mémoire du confrère Brignol Lindor, supplicié et victime expiatoire du délire meurtrier et de la cruauté festive des partisans zélés de l’ancien dictateur Jean-Bertrand Aristide, le 3 décembre 2001 à Petit-Goâve.
Il y a trois ans, les professionnels de la mort, de l’organisation "dômi nan bwa", une des nombreuses succursales de la milice exterminatrice de Fanmi Lavalas, démolissaient, avec tant de haine et de férocité, le rêve du jeune journaliste de 30 ans que l’image mutilée, massacrée de la victime, incarnait aussitôt, dans l’inconscient collectif et la mémoire de l’opinion publique nationale, l’une des figures emblématiques de la martyrologie haïtienne, à laquelle la presse a déjà trop contribué, rappelle le GRALIP.
En dépit de la mobilisation nationale et de la solidarité internationale autour du cas Lindor, rien ou presque n’a été fait, pour retrouver, juger et condamner les auteurs matériels et intellectuels de ce crime, digne des spectacles funéraires de l’inquisition au moyen-âge.
Le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse demande, une fois de plus, aux autorités judiciaires d’assumer leurs responsabilités.
Le GRALIP se félicite de l’annonce faite par le Centre Oecuménique des Droits Humains (CEDH) et le Comité de Solidarité et de Justice pour Brignol Lindor (COSOJUBRIL), concernant la prochaine révision complète du dossier, gelé depuis plusieurs mois à la Cour de Cassation de la République.
Comme d’autres voix démocratiques de la corporation, le GRALIP renouvelle sa totale solidarité à la famille du confrère disparu, dont plusieurs membres ont été contraints de s’exiler sous Aristide, ainsi qu’à Radio Echo 2000 de Petit-Goâve, dont Brignol Lindor était le directeur de l’information.
Le GRALIP tient aussi à souligner et à condamner l’attaque virulente le 6 novembre de Winter Etienne, un des dirigeants du Front de Reconstruction Nationale, regroupant les ex-rebelles des Gonaïves, contre la journaliste Nancy Roc, suite à des considérations politiques de la consoeur, le samedi 30 octobre 2004, à METROPOLIS, son émission d’analyse hebdomadaire sur Radio Métropole.
Le GRALIP considère comme un assassinat moral les accusations cyniques portées par M. Etienne contre la consoeur, pour son éventuelle implication dans l’acte d’infamie politique que constituait l’assassinat, par le régime Lavalas en septembre 2003, du chef de bande Amiot Métayer.
Enfin, le GRALIP rappelle à l’attention des apprentis-sorciers que la Liberté de la Presse a toujours été un socle, sur lequel se sont érigées les sociétés démocratiques contemporaines.
Les médias doivent incarner la conscience critique de toute collectivité humaine et refléter dans leurs pratiques les idéaux démocratiques porteurs de progrès, de justice, de paix et de civilisation, conclut le Groupe de Réflexion et d’Action pour la Liberté de la Presse.
Pour le GRALIP,
Vario Sérant
Coordonnateur principal
Stéphane Pierre-Paul
Assistant Coordonnateur
Ronald Colbert
Administrateur